Il n'y a pas deux démocraties en Belgique, il y en a au moins neuf
A ce stade, c'est magnitude 3,5. Intensité mineure donc : "ressenti mais sans causer de dommages." Ecolo et le Vlaams Belang ont certainement un avis différent. Mais pour le reste, c'est comme si la terre n'avait pas tremblé. Il n'y a pas eu de séisme politique. Le pays est debout, entier, indemne. On verra, plus tard, s'il reste épargné (parfois, on découvre les effets dévastateurs longtemps après les secousses). Mais, là, on est très éloigné du chaos redouté depuis des mois.
Au royaume des saints, comme au Royaume de Belgique, le nord mène la danse
Le 27 avril, le pape François célèbre les canonisations de Jean XXIII et Jean-Paul II. Vulgairement dit : pour services rendus par le premier et pour l'ensemble et la longévité de la carrière du second. Dans dix jours donc, Rome accueillera une déferlante de fidèles, l'énorme majorité se déplaçant clairement pour assister à l'accession de Jean-Paul II au rang de saint. C'est qu'ils ont attendu bien plus qu'ils espéraient, ces supporters du pape polonais : il y a neuf ans, lors de ses funérailles, ils scandaient déjà, à tue-tête, "Santo subito !" ("Canonisez-le tout de suite !"). Ils salueront donc l'événement comme il se doit : dans la ferveur et la joie.
L'Europe au défi de l'extrême droite
L'impuissance du gouvernement français "repose sur deux piliers principaux : l'amateurisme et l'improvisation". Ce jugement tranché n'émane ni d'un boutefeu de la droite UMP ni d'un pamphlétaire rabique de l'extrême droite mais de Matthieu Pigasse (1), directeur général délégué de la Banque Lazard et conseiller des ministres socialistes Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius dans les années 1990... C'est dire la déception, la désillusion que provoque, en France, la gouvernance Hollande. La défaite du Parti socialiste au scrutin municipal, première élection après la présidentielle de 2012, était donc annoncée. Seule l'adhésion, au second tour, à une dynamique locale éprouvée, à Lyon ou à Paris, lui évitera la débâcle. En attendant, le sort du Premier ministre est scellé et les Valls et Royal sont déjà en embuscade.
Film d'hauteur
Rien à dire, c'est bien joué, cette surprise des chefs qui déquille en un seul coup toutes les vieilles pratiques politiques. Pas étonnant, dès lors, qu'elle ait alimenté le tam-tam médiatique pendant toute la semaine. En proposant un axe MR-CD&V dans la perspective de l'après-25 mai, Charles Michel et Wouter Beke nous laissent espérer qu'ils sont capables de regarder plus haut que le ras des pâquerettes de la grammaire politique. De l'air, enfin de l'air frais, ça nous change. Et des idées, en prime ! C'est simple, même les allées du pouvoir en étaient toutes chamboulées. C'est que les deux présidents de parti ont pris tout le monde de court, y compris les grands stratèges du boulevard de l'Empereur. Sans oublier le CDH, K.-O. debout. Tout comme la N-VA. Un travail d'orfèvre.
Pour le meilleur... et le meilleur
Une crise triple A. C'est bien ce que nous annonçaient depuis des lustres certains Cassandre, soi-disant grands spécialistes du monde des médias. A les entendre, pour la presse écrite, l'avenir était plié. Noir c'est noir. Point barre. Comme les feuilles mortes de la chanson, nous allions être balayés, nous envoler aux quatre vents, disparaître de la surface de l'info. Un enterrement de première classe qui tirerait à peine quelques larmes à de vieux nostalgiques définitivement enracinés dans le XXe siècle. La tornade Internet virerait en tsunami pour les magazines et les journaux, trop chers, trop vieux, en deux mots, has been.