Philippe Close au Vif: « Le Fuse doit rouvrir. Je suis abasourdi par la décision de Bruxelles Environnement »
La fermeture du Fuse, club historique de Bruxelles, suscite colère et incompréhension. La décision, qui fait suite à une plainte de voisinage pour nuisances sonores, est jugée absurde par beaucoup. Philippe Close (PS), bourgmestre de Bruxelles, ne cache pas sa révolte face à cette sanction. « Le Fuse doit rouvrir, c’est fondamental. Il fait partie de l’ADN de Bruxelles. Je suis complètement abasourdi par la décision de Bruxelles Environnement. »
Le Fuse ferme ses portes avec effet immédiat. La nouvelle a choqué le monde de la nuit -et politique-, tant cette institution bruxelloise est reconnue à l’international pour la qualité de sa programmation. Depuis près de 30 ans, la discothèque accueille chaque week-end les meilleurs Dj’s techno et house de la planète.
Le lieu, particulièrement apprécié par les producteurs de musique électronique, est considéré comme possédant un des meilleurs soundsystem d’Europe. Plus qu’une simple boîte de nuit, le Fuse fait figure de pionnier de la culture club en Belgique.
Sur les réseaux sociaux, les marques de soutien se multiplient suite à l’annonce de fermeture, alors qu’une pétition pour rouvrir la boite a atteint les 30.000 signatures en quelques heures à peine.
« C’est très TRES triste », a réagi sur Instagram Laurent Garnier, l’un des grands noms avec Carl Cox à s’être produits au Fuse. « Cela me fend le coeur », a renchéri la DJ belge Charlotte de Witte.
« Cette décision, c’est de la m****. Elle prouve en tout cas qu’aucun club n’est à l’abri de promoteurs ou de propriétaires fonciers rétrogrades. J’espère qu’une solution sera trouvée, car il s’agirait d’une énorme perte pour l’histoire de la culture européenne de la dance music », a réagi sur Instagram le producteur irlandais Krystal Klear.
« Ne fermez pas notre maison, ne tuez pas notre culture », a tweeté le DJ et producteur bruxellois DC Salas, résident au Fuse.
Lefto Early Bird, un des Dj bruxellois les plus reconnus, a également fait part de son incompréhension sur Instagram : « Il est impensable qu’une seule personne puisse fermer un club légendaire qui a été un point de repère dans ce pays depuis si longtemps. Ce club fait partie de notre héritage, il devrait être intouchable et considéré comme une institution importante (…) La Ville devrait investir et payer les coûts nécessaires à l’isolation du club. C’est surréel. »
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Fuse: cafouillage politico-administratif
La décision émane d’un arrêté de l’administration bruxelloise (Bruxelles Environnement) stipulant que le niveau sonore ne peut excéder 95dB et que le club doit fermer ses portes à 2h du matin. Selon le Fuse, il est « impossible d’ouvrir un club dans ces conditions ».
Un litige entre voisins est à l’origine de la décision. Un particulier, qui a acheté une maison attenante il y a quelques années, s’est plaint de nuisances sonores. Selon le Fuse, « d’importants travaux d’isolation » ont pourtant été réalisés et la recherche d’un compromis n’a pas abouti.
La discothèque appelle les autorités bruxelloises à revenir sur cette décision. L’établissement a fait appel et un verdict est attendu d’ici le 25 janvier. « Il est regrettable qu’un club emblématique qui rassemble des milliers de mélomanes et d’artistes, employant 10 personnes la semaine et 80 le week-end, soit mis en péril par un voisin », déplore le Fuse. « Il est clair que la fermeture du club a un impact sur l’économie locale, le tourisme et la vie culturelle bruxelloise. »
Philippe Close: « Je ferai tout pour que le Fuse rouvre rapidement »
Contacté par Le Vif, le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close (PS), se dit « abasourdi » par la décision de Bruxelles Environnement. « Le Fuse doit rouvrir, c’est fondamental. Il fait partie de l’ADN de Bruxelles. L’établissement est ouvert depuis près de 30 ans et a participé à placer Bruxelles sur la carte du monde. Je suis complètement abasourdi par la décision de Bruxelles Environnement. Ce n’est pas acceptable de décider de la mort d’un établissement sur base d’une plainte. J’en appelle aux autorités régionales à faire le nécessaire pour que le Fuse puisse rapidement rouvrir. Je ferai tout pour ce soit le cas », assure-t-il.
Sur les cinq plaintes déposées, une seule n’a pas trouvé de solution mais le dialogue reste ouvert, assure Bruxelles Environnement. Cette dernière attend à présent que le Fuse mette en oeuvre certains éléments afin de limiter les nuisances sonores. Toutefois, les responsables du club ont déjà annoncé qu’une isolation complémentaire risquait de coûter trop cher pour un résultat potentiellement insatisfaisant. « Nous cherchons une solution », a indiqué la porte-parole de Bruxelles Environnement, Pascale Hourman, précisant que les conditions imposées au Fuse reposent sur une base juridique.
Philippe Close déplore une situation complètement disproportionnée. « On est devant un fonctionnaire de Bruxelles Environnement qui a constaté un dépassement chez une personne. Et on devrait enterrer une institution qui fonctionne depuis 30 ans ? Il n’y a aucun équilibre dans cette décision. Une ville, ce n’est pas juste la facette habitation, il y a aussi la fonction récréative. Bruxelles Environnement doit comprendre la complexité que constitue une ville et doit adapter ses mesures en conséquence. Ce dossier est complètement disproportionné. La preuve, même le ministre compétent a considéré que ça n’allait pas. »
Le ministre bruxellois de l’Environnement Alain Maron (Ecolo) souhaite en effet que « tous les efforts soient entrepris en vue d’une réouverture rapide de ce haut lieu festif bruxellois ». Il affirme, dans une réaction, avoir « réuni les responsables de la police de l’environnement et l’exploitant du Fuse en vue d’identifier les pistes de solution permettant une réouverture rapide ».
« Les échanges ont été constructifs, mais nécessitent désormais l’échange de documents techniques entre l’exploitant et la police de l’environnement », précise encore le ministre. Un recours a également été introduit devant le Collège d’environnement.
Pour Philippe Close, le gouvernement régional doit trouver une solution rapide. « Ça suffit. Ce club est connu dans le monde entier, il reçoit les plus grands artistes et est un lieu de culture alternative incroyable. Et ce lieu devrait fermer à cause d’une seule personne ? On est prêt à établir tous les dialogues possibles, mais de grâce, un peu de proportionnalité », plaide-t-il.
Bruxelles Environnement pointé du doigt
« Si une loi est mal faite, il faut la changer », ajoute le bourgmestre de la Capitale, qui pointe Bruxelles Environnement comme principal responsable de l’imbroglio. « Je prends toute ma responsabilité politique. Je ne pense pas que c’est à l’administration de gérer la Ville. Elle remet des avis, mais l’autorité politique doit décider. Ce n’est malheureusement pas la première fois : Bruxelles Environnement ne sait pas très bien ce qu’est Bruxelles. Il faut réfléchir à comment faire coexister les choses. Il est temps de désigner un capitaine au navire de Bruxelles Environnement. Si on continue comme ça, on fermerait aussi des salles de concert à cause d’une plainte ? Cela n’a pas de sens. J’ai déjà fait remarquer aux autorités régionales que cela devenait extrêmement compliqué avec l’administration de Bruxelles Environnement, -elle ne dépend par ailleurs pas de moi. Le fait qu’il n’y ait pas de personne à sa tête n’aide en rien », déplore-t-il.
Philippe Close laisse la porte ouverte quant à une éventuelle participation financière de la Ville de Bruxelles pour des travaux d’isolation sonore. « Je ne sais pas ce que demande exactement le Fuse. S’ils ont besoin de notre aide, on discutera avec eux comme on l’a toujours fait. On est de vrais partenaires. J’assume entièrement de soutenir le Fuse. Tout le monde connaît mon ambition pour l’évènementiel à Bruxelles et je considère que le Fuse se situe dans les bons élèves en ce qui concerne la tranquillité publique. La balle est maintenant dans le camp du ministre de l’Environnement. Il doit trouver une solution rapidement. J’espère que le Fuse sera ouvert pour la fin de ce mois », conclut-il.
Le Fuse a ouvert ses portes dans le quartier des Marolles à Bruxelles il y a près de 29 ans, ce qui en fait le plus ancien club techno du pays.
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