Obscuritas, l’autre regard de David Lagercrantz

Philippe Manche Journaliste

Après avoir réussi son pari de succéder à Stieg Larsson pour les trois derniers tomes de la saga Millénium, David Lagercrantz s’attaque, avec Obscuritas, à une nouvelle trilogie sous haute tension emmenée par un duo d’enquêteurs atypique.

S’il faut trouver un fil conducteur dans les biographies et thrillers écrits par David Lagercrantz – diplômé de l’école de journalisme de Göteborg –, il se trouve sans nul doute chez ses héros et héroïnes. Toutes et tous possèdent un don inné qui en fait des personnalités exceptionnelles. Ainsi, dans la vraie vie, les destins de l’alpiniste et aventurier Göran Kropp (premier ouvrage de Lagercrantz paru en 1997), du mathématicien Alan Turing (Indécence manifeste, Actes Sud) et du footballeur Zlatan Ibrahimović (Moi, Zlatan Ibrahimović, JC Lattès) dépassent la fiction. Quant à Lisbeth Salander, la punkette gay de Millénium, ses talents de hackeuse en font un génie de l’informatique.

Les gens talentueux seront toujours des outsiders.

Dans Obscuritas (1), le premier volet de l’enquête de Hans Rekke et Micaela Vargas, le premier est un brillant psychologue, certes bipolaire mais émérite. «Les gens talentueux seront toujours des outsiders, et peu importe la tournure que prend ou prendra leur vie, concède l’écrivain attablé dans une brasserie parisienne. C’est ce que j’essaie de proposer à travers ces personnages, car cette position d’outsider permet de porter un autre regard sur les choses.»

Obscuritas débute par l’assassinat de l’arbitre de football Jamal Kabir, après une rencontre électrique. Le principal suspect est originaire d’un quartier populaire de Stockholm. Tout comme la jeune policière Micaela Vargas, qui ne croit absolument pas à la culpabilité du présumé coupable. Afin d’apporter cet «autre regard sur les choses» qu’évoquait David Lagercrantz, Vargas se rend chez Hans Rekke. L’association entre la jeune femme et le psychologue donne naissance à une déclinaison contemporaine de Sherlock Holmes et du docteur Watson. L’enquête vertigineuse, aux ramifications internationales, fait voyager le lecteur de l’Afghanistan, sous l’emprise des talibans, jusqu’à une école de musique moscovite, avec un détour par l’Allemagne. Le tout saupoudré d’une «participation» de la CIA. C’est toute la force d’Obscuritas: marier page turning haletant et contexte géopolitique actuel.

(1) Obscuritas, par David Lagercrantz, Harper Collins/Noir, 476 p.

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(1) Obscuritas, par David Lagercrantz, Harper Collins/Noir, 476 p.
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