Le sentiment d’abandon des professeurs face à l’islamisme
Laurence D’Hondt et Jean-Pierre Martin donnent la parole à ceux qui sont confrontés aux revendications fondamentalistes à l’école. Le danger est-il suffisamment pris en compte?
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty était assassiné à Conflans-Sainte-Honorine. Le 13 octobre 2023, Dominique Bernard subissait le même sort à Arras. L’un et l’autre étaient professeurs, l’un et l’autre ont été poignardés par un jeune extrémiste islamiste. Des enseignants, en France et en Belgique, vivent encore dans la peur d’être pris un jour pour cible lors d’un acte de «vengeance» au nom d’on ne sait quelle revendication de nature religieuse. Ces scénarios rares témoignent de façon paroxystique de la difficulté de conjuguer l’éducation humaniste avec l’irruption de croyances religieuses rigoristes, pas que mais souvent, depuis quelques années, islamistes. «Allah n’a rien à faire dans ma classe», livre-enquête des journalistes Laurence D’Hondt et Jean-Pierre Martin, témoigne sans manichéisme de la grande difficulté de cette confrontation dans certaines écoles en Belgique.
Les témoins rencontrés, du réseau officiel comme du libre, évoquent, dans le chef d’élèves, des remises en cause de théories scientifiques, des contestations de points de règlement de l’école, des refus de participer à des activités extérieures, des insultes contre les «Blancs», des pressions de «leaders» contre les plus faibles, du prosélytisme, des intimidations contre les profs, des violences physiques… Les professeurs qui vivent ces comportements quasi quotidiennement disent se sentir lâchés, pour certains, par leurs collègues, abandonnés presque tous par leur direction, et globalement désarmés, en l’absence de règles claires, par l’autorité politique. Et cela d’autant plus que, comme le suggèrent les auteurs, la Fédération Wallonie-Bruxelles apparaît frileuse par rapport à ce qui est mis en place en Flandre.
Les professeurs disent se sentir lâchés, pour certains, par leurs collègues, abandonnés presque tous par leur direction.
Le plus interpellant dans cette enquête utile (où les passages sur les Frères musulmans détonent car leur influence directe ne ressort pas des témoignages) est l’impact de cet entrisme islamiste parmi les futurs enseignants ou infirmiers, en l’occurrence de la haute école Francisco Ferrer à Bruxelles, à propos desquels une ancienne directrice dit: «Au lieu de contester certaines matières comme ils ont pu le faire par le passé, ils apprennent sans sourciller, passent l’examen, obtiennent leur diplôme, puis déclarent qu’ils n’enseigneront jamais « cela » à leurs élèves»…
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