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Pour lutter contre le stress: prendre le temps de A à Z
Un dico pas comme les autres, rédigé par 75 auteurs, prend le temps de s’intéresser au temps et d’en décortiquer tous les aspects de manière originale.
Lorsqu’on est pressé, débordé, impatient, hyperkinétique, angoissé, sous pression, il est bon de feuilleter sans modération le Dictionnaire dissident du temps. Parmi les 90 notices, écrites par 76 contributeurs (philosophes, sociologues, historiens, archéologues, professeurs de littérature, anthropologues…), certaines sont de haut vol intellectuel et requièrent un plus long temps de lecture, d’autres sont plus inattendues, d’où la dissidence. Florilège: accélération, sieste, mémoire, vieillesse, nostalgie, travail, accélération, musique, uchronie, révolution, mode, capitalisme, loisirs, musique, public, no futurisme, séries télé… Quelques-unes sont aussi consacrées à des auteurs qui se révèlent précieux pour décortiquer notre rapport au temps (Proust, Nietzsche, Héraclite, Deleuze…).
L’idée de ce dictionnaire, coordonné par deux académiques françaises –Audrey Tuaillon Demésy et Clémentine Hougue– est de (ré)interroger l’importance du temps dans différents aspects de notre existence individuelle et collective. Que serait la musique sans le temps, le tempo, la durée des notes? Le temps est au cœur de la mode qui existe entre ce qui n’est «pas encore» et ce qui n’est «déjà plus». La vieillesse ne montre-t-elle pas ce qu’est une vie sans le travail et son rythme effréné? Quant au rêve, il tord le temps dans tous les sens en créant des «géographies temporelles et spatiales» insolites. Le temps est partout. Avec l’espace, il est l’une des deux formes a priori de la sensibilité humaine, selon Emmanuel Kant.
Le temps est partout. Dans la musique, la mode, la vieillesse, le rêve…
Cela vaut la peine d’y consacrer un… temps de réflexion de A à Z. A l’instar de Proust dans sa sublime somme romanesque A la recherche du temps perdu, dont le héros ne se lasse pas de se laisser posséder par le passé dans la joie, en se souvenant du biscuit fondant de son enfance à Combray, gorgé de thé et qui semblait «avoir été moulé dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques», parce que «l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme les âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir». Qui, à l’heure numérique, des jeux vidéo, et des mèmes, prend encore le temps de lire les phrases interminables de l’auteur de Du côté de chez Swann?
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