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L’épopée de Philippe Rondot, agent secret passé de l’ombre à la lumière

François Janne d'Othée

Philippe Rondot fut un influent agent secret. Il a mené de nombreuses missions en terrain miné, entre autres pour libérer des otages.

La détention du Belge Olivier Vandecasteele n’a fait que confirmer que des Etats comme l’Iran pratiquent la prise d’otage depuis longtemps. Dans une biographie consacrée à Philippe Rondot (1), l’historien Etienne Augris raconte comment ce maître espion au service du renseignement français a œuvré pour la libération de compatriotes à partir de 1985, à l’époque où l’axe chiite Iran-Hezbollah avait fait de la France un ennemi. Téhéran exigeait notamment la libération du terroriste libanais Anis Naccache.

Cinq journalistes français seront enlevés, puis libérés quelques mois plus tard. Ce sera après trois ans pour deux diplomates français et un autre journaliste, au fil des concessions accordées par la France, dont une grâce du président Mitterrand pour Naccache. D’autres otages attirent moins l’attention: ceux du Silco. En 1986, ce bateau de plaisance disparaît en Méditerranée avec, à son bord, le Belge Fernand Houtekins et sa compagne française Jacqueline Valente. Le frère de Fernand et sa famille sont aussi du voyage.

Il s’avère que le bateau a été arraisonné par les garde-côtes libyens et ses occupants transférés au groupe palestinien Abou Nidal, qui les accuse d’être des espions israéliens. «Il faut ensuite la ténacité de la famille, qui organise une grève de la faim, pour que la France s’en préoccupe davantage», note l’auteur. Philippe Rondot obtient leur libération en 1990. Les derniers captifs belges seront échangés en janvier 1991 contre Nasser Saïd, un Palestinien incarcéré en Belgique pour un attentat commis en 1980 à Anvers, et qui avait tué un enfant juif.

D’autres histoires sont reconstituées avec une précision d’enquêteur. L’homme de l’ombre, décédé en 2017, a traqué le terroriste Carlos jusqu’au Soudan, pourchassé les criminels de guerre de l’ex-Yougoslavie, exfiltré le général Aoun du Liban… Tout ne s’est pas déroulé comme il voulait. En Roumanie, il est piégé par la Securitate qui connaissait son attirance pour les jolies femmes. En Algérie, il échoue à libérer les moines de Tibhirine. Il aurait voulu rester dans l’ombre, mais il se retrouve sous les projecteurs en 2006, alors que la justice enquête sur le scandale politico-financier Clearstream et que ses carnets sont saisis. Sa vie est alors jetée en pâture. Une vie exceptionnelle.

(1) Philippe Rondot.Maître espion, par Etienne Augris, Novice/Nouveau Monde, 336 p.
(1) Philippe Rondot.Maître espion, par Etienne Augris, Novice/Nouveau Monde, 336 p. © National

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