Franquin, une réédition et un recueil d’inédits
Vingt-cinq ans après sa mort, le créateur de Gaston est à nouveau omniprésent et ce, avant même de connaître la décision judiciaire entourant une éventuelle reprise non désirée. Une réédition culte et un recueil d’inédits – oui, d’inédits! – viennent (re)démontrer son indémodable modernité.
Malgré la crise, saint Nicolas et père Noël auront bien besoin de s’y mettre à deux cette année pour répondre à la demande des foyers amateurs de bande dessinée – ou juste des grands artistes: outre un podcast remarquable et une exposition à la Maison CFC, André Franquin revient en librairie par la grande porte et avec deux sorties (1) qu’on peut qualifier d’incontournables – au grand dam des éditions Dupuis, absentes de cette actualité, et toujours engluées dans leur projet de reprise de Gaston Lagaffe, refusée par la fille d’ André Franquin (en attente d’une décision, non susceptible d’appel, de la cour d’arbitrage).
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Le moindre de ses dessins aurait pu être réalisé ce matin, voir même demain.
La première, la plus touchante et la plus accessible, s’intitule Bon pour…, comme les dessins que Franquin remettait à ses proches en guise de cadeau, lui qui n’avait jamais vraiment le temps de faire autre chose que dessiner. Des dessins intimes donc, et pour la plupart totalement inédits – chose extrêmement rare dans l’univers de Franquin, dont les fans croyaient avoir gratté jusqu’au dernier bouche-trou. Des dessins signés Ramonet souvent offerts à Ramonette, les petits noms que se donnaient André et son épouse, Liliane, et qui s’étendent des années 1950 et un bon pour des nouvelles chaussures, aux années 1990 et un bon «pour un tchitchi», création proche de l’abstraction qui n’existera jamais qu’en petit dessin. Bref, 128 pages d’ émotion et de coït visuel.
Plus intellectuel, plus imposant, mais aussi plus plastique, le recueil culte Et Franquin créa La Gaffe (4) s’offre lui, enfin, une réédition entièrement redesignée, rompant avec les monographies habituelles, alors qu’il n’était plus disponible depuis 36 ans. Soit l’interview-fleuve de Franquin réalisée en 1985 et en plusieurs entretiens par l’écrivain Numa Sadoul, creusant comme jamais et très spontanément l’histoire, les références et l’art d’un des plus grands artistes belges du XXe siècle et de la bande dessinée. Qui apparaît donc plus vivant que jamais: le moindre de ses dessins aurait pu être réalisé ce matin, voir même demain.
(1) Bon pour…, dessins de famille, par Franquin, CFC Editions, 128 p.
(2) Et Franquin créa La Gaffe. Les entretiens de 1985, par Numa Sadoul et André Franquin, Glénat, 432 p.
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