« Chez moi vit la violence »: dans la tête du bourreau
Qu’est ce qui «fabrique» un auteur de violence? Comment pousser ces personnes à reconnaître et à assumer leur passé violent, puis à se reconstruire autrement? Journaliste et intervenante en sociologie clinique, Isabelle Seret s’intéresse au vécu des victimes – elle a travaillé avec des survivants de l’attentat de Nice – comme au parcours des auteurs, notamment à travers les mécanismes de radicalisation violente.
Quand vinrent le Covid et le premier confinement, elle eut l’idée de se replonger dans les témoignages des membres d’un groupe de parole, rassemblant les auteurs de violences intrafamiliales, qu’elle avait animé. Elle en fut bouleversée. Germa ensuite l’idée de s’inspirer de ces récits, à travers lesquels les bourreaux expriment leur besoin de dominer et de punir, pour expliquer comment naissent et se développent les violences intrafamiliales, et la manière dont elles affectent le devenir des enfants. Elle-même née d’un père violent, elle s’interroge également sur sa propre histoire dans Chez moi vit la violence (1). «Je suis faite de cette soif de compréhension et de tolérance à la violence. Je suis habitée par ce goût de la curiosité qui vous pousse à vous y confronter pour aller à la rencontre de ce qui vous échappe ou échappait.»
A travers les portraits de Thomas, Martin, Philippe, Patrick, Alain, Bertrand et l’examen de leur parole libérée, l’autrice nous fait quitter le monde des mots pour entrer dans la réalité, la leur. Très vite, il est question de gifles, de coups de pied, d’injures, d’humiliation, de «pouffiasse», de «traînée». Au fil des séances, les émotions surgissent: la honte, la culpabilité, le désir d’introspection. L’histoire particulière de chaque personnage permet de mieux cerner comment ils en sont arrivés là. Et comment mettre fin à ce qui ne devrait pas être.
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