Ceci n’est pas un guide de la Belgique, mais bien plus que cela
Grand reporter, spécialiste de l’actualité internationale, François Janne d’Othée ausculte l’identité de la Belgique. Sous forme de flânerie à travers le pays.
Le village de L’Ecluse, à une trentaine de kilomètres de Bruxelles, dépend administrativement de la commune de Beauvechain mais de celle de Hoegaarden dans sa partie flamande. «Les maisons se font face, mais c’est un monde qui les sépare. Distribution du courrier, ramassage des poubelles, services d’urgence: rien n’est unifié.» Pourtant, les habitants s’y côtoient dans une belle harmonie. C’est dans ce petit morceau de Belgique, où ne règne aucune animosité, que débute Belgique. L’histoire sans fin (1), le dernier-né de la collection «L’âme des peuples», des éditions Nevicata, qui fête ses dix ans d’existence.
Les petits livres de cette collection mêlent récits et entretiens, cherchant à «décoder les ressorts profonds d’un pays, d’une région ou d’une ville». François Janne d’Othée était déjà l’auteur d’un premier ouvrage consacré à Bruxelles. Celui-ci se penche sur le pays tout entier, dans le contexte de la présidence belge du Conseil de l’UE, et s’inscrit dans la perspective du bicentenaire de la Belgique. Anversois par sa mère, Liégeois par son père, citoyen de Bruxelles, l’auteur est parfaitement légitime pour dépeindre le royaume.
En Belgique, les communautés ont bien plus d’affinités qu’on ne le pense.
«Plus je voyage, plus je me sens belge, commente-t-il. J’ai besoin de revenir dans mon pays, qui possède des atouts formidables. Nous y sommes libres, notre démocratie est vivante. Tout n’y est pas parfait, il a ses fragilités», mais on est aussi en droit de l’aimer.
Un pays qui, lui, ne s’aime pas tellement, à tel point qu’il manie l’autodérision en maître. C’est sans doute quelque part de ce flou, cette identité «en creux», que réside son état d’esprit.
Il ne s’agit aucunement d’un guide touristique. Sans doute ce livre permettra-t-il, de façon complémentaire, aux non-Belges de mieux saisir ce qu’est notre pays. Les Belges, eux, y trouveront un parcours impressionniste dans cet «étrange pays où vivent ces communautés qui ne semblent plus partager une véritable unité de destin, mais qui ont pourtant bien plus d’affinités qu’on ne le pense».
La flânerie s’arrête en divers villes et villages, met en lumière des lieux du patrimoine, des faits historiques, évoque l’anecdotique autant que les sujets les plus sérieux, comme les querelles communautaires, le passé colonial ou la période de l’Occupation.
Le récit est suivi de trois entretiens, avec le philosophe et politologue Vincent de Coorebyter, l’historienne et ancienne rectrice de la VUB Els Witte, puis l’auteur et comédien Sam Touzani. Ces interlocuteurs apportent à leur tour leur regard et leur expertise, permettant de compléter cet étonnant puzzle formant l’identité belge.
(1) Belgique. L’histoire sans fin, par François Janne d’Othée, Nevicata, 96 p.
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