Série (3/10) | La mystérieuse origine de l’expression « tirer les vers du nez »
Les expressions et les métaphores animalières comme « tirer les vers du nez » ont toujours existé dans la langue française. Leurs origines sont parfois troubles, mais elles ont souvent bien des choses à apprendre sur notre histoire.
Les expressions mettant en scène des animaux étoffent, depuis toujours, la langue française. D’abord car, depuis qu’il existe, l’humain vit au contact d’animaux. Ceux-ci lui ont donc servi de source d’inspiration pour illustrer ses propos, comme bien d’autres choses dans son entourage. Tantôt de manière évidente, tantôt de manière plus alambiquée, avec des expressions dont le cheminement a été long et valloné. « Tirer les vers du nez » reste (presque) un mystère…
Signification : faire parler quelqu’un d’un sujet qu’il ne voulait pas aborder. Obtenir d’une personne des aveux relatifs à des informations qu’elle ne voulait pas divulguer.
L’expression « tirer les vers du nez » figurait déjà dans des écrits du début du XVème siècle. L’hypothèse la plus populaire autour de son origine indique qu’elle viendrait des vers rinaires, des parasites qui s’invitaient dans le nez des humains et les rendaient fous. Comme il était mal vu d’en avoir, les médecins devaient interroger leurs patients pour les faire avouer que c’était leur cas, avant de pouvoir leur tirer les vers hors du nez… Bien qu’elle soit amusante, cette hypothèse est fausse.
Aujourd’hui, plusieurs théories circulent et tiennent la route, mais aucun spécialiste n’a réussi à élaborer un historique qui tranche réellement sur l’origine du terme. La première hypothèse est que « tirer les vers du nez » rapporterait au latin verum, « le vrai ». Il s’agirait donc d’une formulation imagée de « tirer la vérité du nez ». D’autres, comme le lexicologue Alain Rey, pensent tout de même que l’expression se rapporte bel et bien au ver de terre. Selon lui, « tirer les vers du nez » ferait référence au fait d’arracher quelque chose d’inavouable, de honteux, de sale à quelqu’un. D’ailleurs, l’expression existe quasiment à l’identique en anglais : « To worm a secret out of somebody » (soutirer un secret à quelqu’un). « Worm », ici utilisé comme un verbe, signifie « ver de terre ».
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