Le Führer et sa cour
Entouré de flagorneurs, Hitler aurait-il gagné la guerre s’il avait été confronté à davantage de résistance interne? Cette question hypothétique reste bien sûr sans réponse, mais les historiens cherchent encore à savoir pourquoi le Führer n’a rencontré que si peu d’opposition durant son périple dévastateur.
« Hitler a surtout perdu la guerre parce qu’il était un nazi », affirme l’historien britannique Andrew Roberts dans The Storm of War. A New History of the Second World War. Sinon, aurait-il pu la gagner ? Un préalable s’impose toutefois. Sans Hitler, il n’y aurait pas eu de national-socialisme, pas de IIIe Reich et, selon toute vraisemblance, pas non plus de Seconde Guerre mondiale. Mais comment la situation a-t-elle pu dégénérer au point qu’une personne puisse causer à elle seule autant de dégâts? Roberts y voit une explication dans la personnalité même d’Hitler. Il excelle à détecter les faiblesses des autres. Il nourrit un fort complexe d’infériorité, mais, par ailleurs, il est obstiné, charmeur, bluffeur et poseur. Il surprend ses partisans comme ses adversaires par ses offensives soudaines. Et surtout, en dépit de son complexe, il est convaincu de son propre génie, qui se traduit par une propension à se mêler littéralement de tout, depuis la conception des uniformes jusqu’à celle des bombardiers. Du moins dans la phase initiale de ses projets. Ensuite, il confie à d’autres leur exécution et leur responsabilité. Comme un mauvais manager d’entreprise, il ne cesse de lancer, avec le charisme nécessaire, des idées et des concepts neufs dont il se désintéresse rapidement et qu’il délaisse à des subalternes. Si cela débouche sur le chaos total, il n’est pas responsable. Il lance une autre idée, qui sauvera forcément la situation. L’historien britannique Ian Kershaw reconnaît également en Hitler un maître dans l’art de diviser ses subordonnés et d’exploiter habilement l’anarchie ambiante. Le Führer s’érige en unique élément conciliateur entre instances concurrentes. Cela lui permet d’accaparer le pouvoir. Il ne faudra que dix ans à celui qui a remporté des élections démocratiques pour devenir un dictateur à l’origine d’une guerre mondiale.
La double personnalité d’Hitler le rend imprévisible. Cette imprévisibilité sera à la base de ses succès et de sa chute
LOURDEMENT SOUS-ESTIMÉ
Rien, dans son passé, ne laissait prévoir que ce peintre amateur dénué de talent arriverait un jour au pouvoir. Il va s’avérer que l’homme a été gravement sous-estimé. Hitler est un total inconnu et n’a pas encore réalisé grand-chose de significatif lorsqu’il décide, en 1919, de s’engager dans la politique. Après un coup d’Etat manqué perpétré en 1923, il atterrit en prison, où il écrit Mein Kampf avec l’aide de Rudolf Hess. Après sa libération, il tente de s’imposer par la voie légale et entreprend de fonder son propre parti. Aux élections de septembre 1930, son parti, le NSDAP remporte immédiatement 6,4 millions de voix (18,3 %), porté par les incertitudes et les craintes des Allemands face à la crise économique, les frustrations engendrées par la défaite de la Première Guerre mondiale et ses conséquences, ainsi que l’instabilité politique de la jeune démocratie allemande. Lors du suffrage suivant, en 1932, le NSDAP devient le plus grand parti du pays. Le 30 janvier 1933, Hitler est nommé chancelier du Reich. Il n’est pas encore dictateur pour autant. Il ne le deviendra qu’après l’incendie du Reichstag, survenu le 27 février 1933. Tirant profit du chaos et de la peur d’une guerre civile, Hitler se présente dès le lendemain matin avec un décret d’urgence « pour la protection du peuple et de l’Etat » ( zum Schutz von Volk und Staat). L’opposition est accusée de complicité et purgée. Des milliers d’opposants – communistes, socialistes et libéraux de gauche – sont arrêtés et enfermés par la SA ( Sturm Abteilung) dans des conditions pitoyables. Il en résulte un véritable exode de politiques, d’intellectuels et d’artistes qui choisissent de fuir à l’étranger. Mais cela ne suffit pas encore à établir le pouvoir absolu d’Hitler. Lorsque l’autorité et l’objectif de la SA d’Ernst Röhm, un de ses vieux amis – créer une armée forte pour conquérir l’Europe – sont mis en danger, le Führer se montre sans pitié. Le 30 juin 1934, Röhm et toute la direction de la SA sont éliminés pendant la nuit des longs couteaux. Toute forme d’opposition est désormais exclue en Allemagne. La dictature est née.
POUVOIR ABSOLU
Grâce à cette épuration, Hitler consolide à la fois son pouvoir et sa popularité. Les citoyens ordinaires sont soulagés de voir les « chemises brunes », qui font régner la terreur, ainsi mises au pas. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’en même temps, l’Etat de droit disparaît et que la terreur se généralise. Sous la direction d’Himmler, la SS se substitue peu à peu à la SA. Une fois la direction des services de police, réunis dans la Sicherheitspolizei, confiée au même Himmler, le régime a toutes les cartes en main pour imposer l’idéologie national-socialiste et pour arrêter et éliminer à titre d’ennemi de l’Etat quiconque pense autrement.
Après la mort d’Hindenburg, le président du Reich, le 2 août 1934, Hitler s’arroge le pouvoir absolu en réunissant les deux fonctions de président et de chancelier du Reich. En tant que président, il est automatiquement commandant en chef de l’armée. Il se retire plus encore de la politique intérieure et reste en dehors de tous les débats, ce qui renforce son image de leader incontesté. La politique intérieure allemande se limite à la formation d’une Volksgemeinschaft – communauté populaire – fermée. Une communauté interprétée de manière très large, dans laquelle les initiatives qui « travaillent en direction du Führer » sont particulièrement encouragées. Hitler en tant que personne se tient bien loin de tout cela. Cela crée un paradoxe. Tout tourne autour de lui alors qu’il n’a pas grand-chose à voir avec le gouvernement et ses structures. Il n’est intéressé que par le résultat. La situation est d’ailleurs étonnante. Il n’y a pas de gouvernement qui décide, le cabinet ne se réunit même pas… En cas de décisions importantes, l’opinion d’Hitler est toujours déterminante. Il sait qu’un Etat et un parti bien organisés ne peuvent représenter qu’une menace pour son propre pouvoir. Werner Willikens, secrétaire d’Etat au ministère prussien de l’Agriculture, l’explique en ces mots : « Quiconque a l’occasion de l’observer sait que le Führer ne peut qu’avec beaucoup de difficultés ordonner du sommet ce qu’il entend exécuter tôt ou tard. Qui travaille, pour ainsi dire, en direction du Führer fait au contraire de son mieux, à sa place, dans la nouvelle Allemagne. » Le pouvoir d’Hitler est désormais incontestable. Le Führer décide qu’il faut faire la guerre pour offrir aux Allemands de l’espace vital ( Lebensraum) et diffuser son idéologie. Et la guerre a effectivement lieu.
LASSITUDE FACE À LA GUERRE
Au début, le Blitzkrieg d’Hitler fait merveille. La Pologne est prise au dépourvu. Les dirigeants faibles d’Angleterre et de France et leurs collègues autrichiens et tchécoslovaques, déjà en position d’infériorité, ne comprennent pas ce qui leur arrive. De son accession au pouvoir en janvier 1933 à l’invasion de la Russie en juin 1941, ce n’est qu’une longue marche triomphale pour Hitler. L’homme est convaincu d’être infaillible. Dans l’euphorie, il commet une terrible erreur stratégique : l’Angleterre n’est pas encore vaincue et la Wehrmacht n’est pas prête lorsqu’il ouvre un deuxième front à l’est avec l’opération Barbarossa. Il tente le tout pour le tout. Et perd… sur tous les fronts. Ses généraux n’osent le contrarier. Ou comme l’explique Ian Kershaw, « entouré de lèche-bottes opportunistes et de béni-oui-oui pareils à des groupies, Hitler est de plus en plus conforté dans sa mégalomanie. Il se met alors à sous-estimer ses ennemis (Russie, Grande-Bretagne) et perd la froide capacité de calcul qui lui avait permis de découvrir à chaque fois les points faibles de ses adversaires… »
Lorsque l’avancée allemande est stoppée devant Moscou en 1941, l’évidence éclate. La victoire finale n’est plus possible. Hitler – et avec lui tout son entourage – refuse d’admettre l’échec de sa stratégie. A mesure que les défaites se succèdent, le Führer devient toujours plus irritable et plus insensé. Il cherche les « saboteurs », tous les boucs émissaires éventuels qui contrecarrent ses plans, et les élimine. Le fossé entre sa rhétorique et la réalité se creuse de plus en plus. Il s’éloigne de la population alors que son autorité repose sur la masse. Le peuple allemand se fatigue de la guerre. Après le Jour J, – le débarquement allié en Normandie – orchestré le 6 juin 1944, sa propagande perd progressivement de son impact. L’appareil répressif est alors si profondément ancré que les Allemands ne peuvent plus s’y soustraire. Le 20 juin 1944, la résistance d’un groupe d’officiers et de hauts fonctionnaires donne lieu à une tentative d’assassinat, mais celle-ci échoue et mène à d’autres poursuites, à plus de répression. Ian Kershaw écrit : « Le peuple allemand paie par de terribles destructions et souffre pour avoir son sort entre les mains d’un homme sans qualités. »
LE PARADOXE : INCOLORE ET CHARISMATIQUE
L’impact de l' »homme sans qualités » peut difficilement être sous-estimé. Hitler parvient à faire travailler un pays entier, une société entière, » dans sa direction « , mieux encore, à la défense de ses idées les plus radicales et les plus inhumaines. Sa personnalité double, complexe, le rend particulièrement difficile à comprendre. A première vue, il s’agit d’une personne anodine, presque incolore. Pourtant, il est capable de charmer les foules par sa rhétorique. Ses sautes d’humeur extrêmes, qui vont de l’apathie et de la dépression à l’euphorie et à l’hyperactivité, le rendent imprévisible et difficile à cerner. Albert Speer dit de lui : « Sans doute pourrais-je dire qu’il était cruel, injuste, inaccessible, froid, incapable de se dominer, geignard et vulgaire, et effectivement, tout cela est exact. Mais, en même temps, il était presque exactement le contraire. Il pouvait être un bon père de famille, plein de sollicitude, un supérieur indulgent, il pouvait se montrer aimable, maître de lui, fier et prêt à s’enthousiasmer pour la beauté et la grandeur. «
Speer, Bormann, Rosenberg, Goebbels… Hitler ne peut concrétiser ses idées que parce qu’il est entouré de gens qui croient en lui de manière inconditionnelle et le considèrent comme le messie. Lui-même finit par se voir comme un rédempteur. Ce cercle de collaborateurs fidèles conduit un groupe toujours plus nombreux, issu de toutes les couches de la population, à oeuvrer à la mise en pratique de ses idées. Le fait de les monter les uns contre les autres et non pas de les faire participer engendre entre ces collaborateurs une concurrence de plus en plus féroce, chacun tentant de recevoir louanges et approbation du Führer.
UN COCKTAIL DÉSASTREUX
Savoir si Hitler aurait pu gagner la guerre s’il n’avait pas été entouré de lèche-bottes reste, bien sûr, une question purement hypothétique. Mais ce que l’histoire révèle, c’est combien un cocktail de crise économique, de fierté nationaliste blessée et de perte de toute forme de démocratie peut avoir des effets désastreux. Les prémisses de la Seconde Guerre mondiale et le conflit lui-même montrent que ces facteurs peuvent mener conjointement à une situation dans laquelle un peuple est prêt à suivre un leader charismatique jusqu’à la destruction totale. Même si lui-même cultive un complexe d’infériorité et des délires.
Les flatteurs qui entouraient Hitler
Joseph Goebbels
Ministre de l’Education du peuple et de la Propagande d’Hitler ainsi que dernier chancelier de l’Allemagne nazie. Il conçoit un système d’information très centralisé, assorti d’une censure stricte et d’une propagande soutenue. Il est responsable de la formation d’un mythe autour du Führer, dont il devient l’un des plus loyaux collaborateurs et auquel il reste fidèle jusqu’au dernier souffle. Un jour après le suicide d’Hitler et d’Eva Braun, le 1er mai 1945, sa femme et lui se donnent également la mort après avoir assassiné leurs six enfants.
Hermann Gôring
Le 1er septembre 1939, lors de l’invasion de la Pologne, Hitler le désigne comme son successeur et son « dauphin ». Göring est alors déjà commandant en chef de la Luftwaffe, ce qu’il restera jusqu’au 23 mai 1945. Assoiffé de prestige, il est avant tout un carriériste. Il sera ainsi ministre sans portefeuille du cabinet d’Hitler, ministre prussien de l’Intérieur, ministre de l’Aviation du Reich et président du Reichstag. Il s’enrichit sans vergogne par la corruption et le vol, en particulier d’oeuvres d’art. Lorsque la rapide progression de l’armée allemande est stoppée en 1942, Göring prend ses distances. Son pouvoir diminue. Il reste néanmoins convaincu d’être, après Hitler, la personne la plus importante du Reich. Le 23 avril 1944, quand il s’avère que la situation est désespérée, il envoie un télégramme à Hitler pour lui proposer de reprendre son rôle de représentant et de négocier avec les Alliés. Le Führer est hors de lui. Göring se tourne vers Eisenhower pour négocier. Le lendemain, 7 mai, il est fait prisonnier. Condamné à la pendaison au procès de Nuremberg, il se donne la mort avec une capsule de cyanure le 15 octobre 1946, quelques heures avant son exécution.
Alfred Rosenberg
Il est décrit par Hitler comme le « père de l’Eglise du national-socialisme ». Il est considéré comme coauteur de l’idéologie nazie et de la théorie raciale aryenne, de la persécution des Juifs, des concepts d’élargissement de l’espace vital et d’art dégénéré. Pendant la guerre, il est responsable, à titre de ministre des Territoires occupés d’Europe de l’Est, des crimes de guerre perpétrés dans cette région par les Allemands. Cela lui vaudra d’être condamné à mort lors du procès de Nuremberg. Il sera exécuté par pendaison le 16 octobre 1946.
Heinrich Himmler
Considéré comme l’un des principaux complices d’Hitler. En tant que chef de la SS et de la police allemande, il est responsable de la persécution impitoyable des Juifs, des opposants politiques, des homosexuels et d’autres groupes de population qui n’ont pas leur place dans l’idéologie du régime. Pour cela, il utilise les camps de concentration, la Waffen-SS et la Gestapo. Plus tard, il est ministre de l’Intérieur et commandant de l’armée de réserve. Lorsqu’au printemps 1945, il réalise que la défaite est inévitable, il entame en secret des négociations sur la capitulation allemande en Occident. Furieux, Hitler le démet de ses fonctions le 29 avril. Le 20 mai, il est fait prisonnier à la frontière danoise et se suicide avec une capsule de cyanure.
Adolf Eichmann
Fonctionnaire SS du IIIe Reich, fonction dans laquelle il est décrit comme l' » architecte de l’Holocauste « . Après la guerre, il se réfugie en Argentine. Il est arrêté le 11 mai 1960 par le Mossad et ramené en Israël, où il est condamné à mort pour crimes de guerre le 15 décembre 1961. Il est pendu dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1962.
Rudolf Mess
Rudolf Hess participe en 1923 au coup d’Etat manqué d’Hitler, appelé putsch de la Brasserie. Il est enfermé avec lui à la prison de Landsberg et collabore à la rédaction de Mein Kampf. Après son coup d’Etat réussi de 1933, le Führer fait de lui son adjoint. Le 10 mai 1941, Hess s’envole de sa propre initiative pour l’Ecosse, emportant avec lui des documents qu’il présente comme des propositions de paix signées par Hitler. Mais il n’est pas pris au sérieux et est enfermé à la tour de Londres. Hitler le fait alors passer pour fou. Hess sera détenu pendant toute la guerre et condamné lors du procès de Nuremberg à la perpétuité pour crimes contre l’humanité. Il passera le reste de sa vie dans la prison de Spandau et finira par se pendre, le 17 août 1987, à l’âge de 93 ans.
Martin Bormann
Secrétaire privé d’Hitler, il dirige en tant que haut fonctionnaire la chancellerie du parti. C’est un homme très influent dans la mesure où il contrôle l’accès au Führer et règle l’agenda des membres de son entourage. Après l’attentat manqué contre Hitler, il devient, avec Himmler l’un des hommes les plus puissants du IIIe Reich. Il est au côté d’Hitler dans le bunker de Berlin et lui reste fidèle jusqu’à la fin. Le 2 mai 1945, il parvient à s’échapper par le réseau d’égouts. Il est condamné à mort par contumace. Les rumeurs les plus diverses courent à son sujet : certains pensent qu’il se trouve en captivité à Moscou, d’autres qu’il a fui vers l’Amérique latine ou les Etats-Unis… En 1972, son corps est retrouvé lors de travaux au Jardin zoologique de Berlin. Il semble qu’il se soit donné la mort en avalant le contenu d’une capsule de cyanure.
Albert Speer
L' » architecte du IIIe Reich » devient en raison de son amitié avec Hitler l’un des hommes les plus puissants du régime. Speer est nommé ministre de l’Armement dès 1942. Il ne refusera de suivre les ordres d’Hitler que durant les toutes dernières semaines de la guerre. Le 23 mai 1945, il est arrêté, le 1er octobre 1946, il est cité à comparaître au procès de Nuremberg. Il plaide « non coupable » sous prétexte qu’il n’a jamais personnellement signé d’ordre de déportation de prisonniers. Il prétend ne rien savoir de la persécution des Juifs et affirme n’avoir pas « consciemment » collaboré au régime. Il est condamné à 20 ans de réclusion. Libéré en 1966, il meurt en 1985.
Joachim von Ribbentrop
Ministre des Affaires étrangères d’Hitler de 1939 à 1945. En 1939, il signe un traité de non-agression, appelé pacte Molotov-von Ribbentrop, avec l’Union soviétique. Celui-ci permet à l’Allemagne d’envahir la Pologne en septembre 1939, événement déclencheur de la guerre. En 1940, il négocie avec le Japon et l’Italie le pacte tripartite, qui implique un soutien mutuel face aux Etats-Unis. En 1945, il est écarté par l’amiral Dönitz. Condamné à la pendaison lors du procès de Nuremberg, il est exécuté le 16 octobre 1946 dans cette même ville.
Karl Dönitz
Commandant en chef de la marine de guerre, puis grand amiral durant le conflit. En 1939, il reçoit le commandement en chef des sous-marins, qui deviennent sous sa direction l’arme la plus efficace de la marine allemande. Avant de se suicider dans son bunker à Berlin, Hitler en fait son successeur à la présidence du Reich. Dönitz devient ainsi le dernier chef d’Etat de l’Allemagne nazie. Lors du procès de Nuremberg, il est condamné à dix ans de réclusion après s’être présenté comme » le soldat qui n’avait fait que son devoir « . Il est libéré le 1er octobre 1956 et décède le 1er décembre 1980 à 89 ans
La résistance allemande
Avec la disparition de la démocratie et l’avènement de la dictature qui préludera à la guerre, il est pratiquement impossible de s’opposer à Hitler. Cela équivaut à mettre sa vie en danger. Le régime nazi a instauré un système de mouchards où » tout le monde travaille en direction du Führer » et un régime de terreur. Il y a néanmoins des individus et des groupes qui résistent.
1935
La brigade Thälmann
En 1935, la Gestapo a pour ainsi dire éliminé toute résistance communiste en Allemagne. Le chef du parti, Ernst Thälmann, a été arrêté et jeté en prison dès 1933. En 1936, durant la guerre civile espagnole, une brigade de 5000 volontaires allemands est constituée et baptisée d’après le leader emprisonné. Seule une minorité, soit environ 2000 hommes, survit aux hostilités. A la fin du conflit, beaucoup sont renvoyés en Allemagne et livrés à la Gestapo. Thälmann lui-même meurt le 18 août 1944 à Büchenwald.
1937
Général Werner Von Fritsch
Militaire solide, à l’ancienne, il émet des critiques contre les nazis et surtout contre la SS. Ses états de service le rendent incontournable et il est le nouveau chef pressenti de l’état-major. Jusqu’à ce qu’il ait le malheur de traiter les projets d’offensive d’Hitler de catastrophe stratégique et avec l’aide de la SS, Himmler monte un dossier prouvant qu’il est homosexuel. Von Fritsch est évincé en février 1938, mais rappelé lorsque la guerre débute. Il meurt au combat le 2 septembre 1939.
1938
Hans Oster
Officier de l’Abwehr, service de renseignement et de contre-espionnage, il est arrêté en juillet 1944 après l’attentat manqué contre Hitler. Mais, depuis 1938, année où Hitler a poursuivi sa politique d’annexion des Sudètes et tenté ainsi de déclencher une crise en Tchécoslovaquie, Oster rassemble des informations compromettantes sur le Führer et a réuni un groupe dans le but de commettre un coup d’Etat et d’empêcher la poursuite de la guerre. Son supérieur, le chef de l’Abwehr, l’amiral Canaris, est au courant de ces faits. La crise en question et le coup d’Etat n’ont toutefois pas lieu et Oster continuera à travailler pour l’Abwehr. Lorsqu’en 1945, les journaux personnels de Canaris sont découverts, l’attitude d’Oster apparaît au grand jour et il est exécuté par pendaison, le 4 avril.
Général Ludwig Beck
Lorsque les projets de guerre d’Hitler sont dévoilés, en 1938, il appelle les autres généraux à la grève. Il prépare même un coup d’Etat soutenu par le chef de l’état-major, Franz Halder. Le putsch ne doit toutefois avoir lieu que si Hitler déclare la guerre à la Tchécoslovaquie. Les choses n’en arriveront pas là. Beck continue à réunir des partisans dans le but de renverser la dictature. Lorsqu’il apprend l’échec de l’attentat du comte Claus von Stauffenberg contre Hitler, il met lui-même fin à ses jours à Berlin, le 20 juillet 1944.
1940
Le cercle de Kreisau
Depuis son fief de Kreisau, en Silésie, le comte Helmuth Johannes Ludwig von Moltke dirige ce groupe d’étude qui se donne pour mission de planifier le futur de l’Allemagne (et de l’Europe) après le jour X, c’est-à-dire le jour de la chute du nazisme. Le groupe prend de l’ampleur, mais il est très hétéroclite. Les socialistes et les conservateurs ne sont pas d’accord sur le scénario à suivre. En 1944, le comte et plusieurs membres de son groupe de résistants sont exécutés pour haute trahison.
1942
Weisse Rose
Sous ce nom, Hans Scholl, sa soeur Sophie et Christoph Prost, tous trois étudiants, écrivent des pamphlets antinazis. Leur résistance prend fin après leur sixième pamphlet, lorsqu’ils sont arrêtés par la Gestapo, le 18 février 1943. Quatre jours plus tard, ils sont guillotinés.
1944
L’opération Valkyrie
Le comte Claus Schenk von Stauffenberg dirige le groupe de résistants qui commet l’attentat contre Hitler du 20 juillet 1944 à la Tanière du loup, quartier général du Führer, près de Rastenberg. Von Stauffenberg est exécuté le lendemain sur ordre du général Fromm, son supérieur. Lui-même impliqué dans la tentative d’assassinat, Fromm tente par cette exécution de sauver sa peau – en vain. Dans les semaines qui suivent l’attentat, quatre-vingts conspirateurs sont assassinés dans la prison de Plötzensee et 3000 personnes au total sont tuées, dont beaucoup appartenaient à d’éminentes familles allemandes.
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