» Le fascisme est nécessairement violent «
Le fascisme a été la cause de la Seconde Guerre mondiale. Mais le fascisme, qu’est-ce que c’est ? Le professeur d’histoire et essayiste Bruno De Wever révèle les traits d’une panoplie de mouvements ultranationalistes nés avant et pendant la guerre. » Le principal point commun est leur propension à justifier le recours à la violence comme prérequis de la révolution fasciste. «
» Conceptuellement parlant, le fascisme est encore plus difficile à définir sans équivoque que toute autre doctrine politique. En 1992, dans ma thèse de doctorat – publiée sous le titre Greep naar de macht, Vlaams-nationalisme en Nieuwe Orde : het VNV ( » La conquête du pouvoir : le nationalisme flamand et l’Ordre nouveau : le VNV « ) – je me suis efforcé au long d’une septantaine de pages d’en établir une description qui couvrirait toutes ses variantes. Comme l’a écrit l’historien néerlandais Hermann von der Dunk, décédé en 2018, sur cette question épineuse : » Les historiens, sociologues, politologues et autres analystes qui en débattent ont l’air d’esprits dérangés qui essaient de s’entendre en parlant chacun de choses différentes et dans une autre langue. «
On peut très bien concevoir qu’une forme d’autoritarisme puisse réapparaître un jour, mais ce ne sera sûrement pas une parfaite réplique du fascisme. L’histoire ne se répète jamais.
Traits fondamentaux
» Jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989, un tel débat a fait couler beaucoup d’encre, en partie parce que nombre d’historiens marxistes tendaient à analyser le fascisme à partir de leur propre perspective de lutte des classes.
Et ce dernier portant inévitablement le stigmate d’Auschwitz – symbole le plus évocateur du IIIe Reich -, cela ne faisait guère avancer le débat scientifique sur ce thème. Mais depuis la chute du mur, la véritable nature du phénomène a commencé à faire l’objet d’un certain consensus. En 1980, le chercheur américain Stanley Payne a dressé une première liste de ses critères communs. Et en 1991, l’expert britannique Roger Griffin, historien à Oxford, a dégagé un minimum de traits essentiels du fascisme qui, sous le concept d' » ultranationalisme palingénétique « , esquisse un noyau dur prônant le rétablissement d’une nation purifiée et idéalisée. «
» Payne et Griffin se sont penchés sur les aspects communs au fascisme historique de Benito Mussolini et au national-socialisme d’Adolf Hitler. Auxquels s’ajoute une panoplie de variantes nationales qui ont émergé dans l’entre-deuxguerres telles que les Croix fléchées en Hongrie, l’Action française (AF) en France, l’Union britannique des fascistes (BUF) d’Oswald Mosley au Royaume-Uni, le Mouvement national-socialiste (NSB) d’Anton Mussert aux Pays-Bas ou le Rassemblement national de Vidkun Quisling en Norvège, parmi bien d’autres. Tous ces partis ont un même fond idéologique en commun. «
Dimension révolutionnaire
» Tout est centré sur la nation, qui doit elle-même coïncider avec l’Etat. Si les différents nationalismes partagent cette exigence, les fascistes vont encore plus loin : ils militent pour la renaissance d’une nation ethniquement pure, et tous ceux qui n’en font pas partie sont exclus a priori de cet Etat idéal. Pour des nationalistes moins radicaux, l’intégration d’un étranger reste possible, mais pas pour les fascistes. Leur Etat-nation idéal est régi par un ensemble de règles immuables, ce qui rend extrêmement difficile toute intrusion dans cette construction. Ils pointent en outre toute une série de groupes qui, par définition, sont – naturellement – incompatibles. L’exclusion est donc basée sur des principes racistes ou eugénistes, mais aussi politiques : les communistes, par exemple, sont à bannir de la nation fasciste parce que l’idée de lutte des classes est un facteur de division. «
» Un second trait de ce noyau minimal est une dimension révolutionnaire. C’est un écueil pour les marxistes, la seule révolution imaginable pour ces derniers étant la victoire ultime du communisme sur le capitalisme. Il existe néanmoins de nos jours un consensus sur le fait que l’Etat-nation idéal ne peut renaître sans procédés révolutionnaires. Autrement dit, le fascisme est bel et bien une idéologie politique axée sur l’avenir, et pas une mosaïque de mouvements d’extrême droite comme d’aucuns s’évertuent encore à le croire. Les fascistes visent la création d’une société entièrement neuve, qui offre une perspective de progrès à « l’homme nouveau », en dehors et au-dessus de toute distinction entre les classes. «
Recours à la violence
» Troisième critère : la propension à justifier le recours à la violence comme prérequis de la révolution fasciste. Payne complète ces trois éléments constitutifs identifiés par Griffin avec trois rejets fondamentaux : antilibéral, anticommuniste et anticonservateur. Il y a bien sûr certaines similitudes entre le conservatisme et le fascisme, mais un conservateur n’est par nature jamais révolutionnaire. C’est précisément pourquoi Hitler ne voyait pas son homologue espagnol Franco comme un vrai fasciste. Malgré sa collaboration étroite avec les fascistes de la Phalange, le régime franquiste s’appuyait surtout sur les anciennes élites du pays : noblesse, grands propriétaires terriens, clergé et militaires. Si Franco n’avait rien contre la violence, sa vision exclut clairement toute mutation révolutionnaire de la société. «
» Comme l’analyse également Payne, le nouvel Etat nationaliste n’émane donc pas d’un modèle ou d’un principe traditionnel. Dans le fascisme, les nobles et autres élites conventionnelles n’ont aucune place. Ce qui conforte encore une fois l’ultranationalisme palingénétique de Griffin. L’Etat-nation recréé se fonde sur un système de classes intégré qui redéfinit les relations sociales, d’où l’émergence de termes comme « national-syndicalisme », « national-socialisme » ou « national-corporatisme ». Le fascisme mussolinien historique repose fondamentalement sur la collaboration de classes. Tout ce qui divise la nation est néfaste. L’opposition entre employeurs et travailleurs est une aberration. Le nouvel Etat est exempt d’ennemis de classe. Le fascisme perpétue la propriété privée et la maximisation du profit – c’est une différence essentielle par rapport au marxisme. «
Nouvelles frontières
» L’Etat-nation recréé suppose l’édification d’un nouvel empire, porteuse d’une révolution dans les relations avec les pays voisins. Les frontières existantes sont remises en cause. Mussolini ne jure que par la » Romanité » : il veut restaurer l’Empire romain. Ainsi, il revendique d’emblée des territoires à l’est de l’Adriatique ainsi que ses propres colonies. Hitler rêve, quant à lui, de ressusciter le Saint-Empire romain germanique médiéval et exige donc la restitution aux Allemands de tous leurs anciens territoires en Europe centrale. «
» En Belgique, peu de mouvements se référaient explicitement au fascisme dans l’entre-deuxguerres. Prenons le cas de l’Union des national-solidaristes thiois (Verdinaso) de Joris Van Severen, par exemple : les adhérents de ce mouvement – le plus purement fasciste qui ait jamais existé en Flandre, à mon avis – ne se sont jamais présentés eux-mêmes comme des « fascistes », mais justement comme des « national-solidaristes ». Et le plus grand parti nationaliste flamand de l’époque, la Ligue nationale flamande (VNV) de Staf de Clercq, ne se réclamait pas non plus du fascisme proprement dit. Dans ma thèse sur le VNV, la question était de savoir si ce parti s’apparenterait à un fascisme générique. En étudiant leurs similitudes sur la base des modèles de Stanley Payne et Roger Griffin, j’en ai conclu que oui : dès sa création en 1933, le VNV possède toutes les caractéristiques du fascisme. Tant le Verdinaso que le VNV plaident pour la restauration de leur Etat-nation idéal. Dietsland pour le Verdinaso, l’Etat thiois qui inclut la Flandre française. Et pour le VNV, l’empire à « rétablir » n’avait en fait jamais existé : la Flandre unie aux Pays-Bas, soit la réunification des Pays-Bas du Nord et du Sud, mais sans la Wallonie et la frontière linguistique. «
» Les mouvements fascistes ont certains traits fort similaires – milices de parti en uniformes, drapeaux brandis à l’occasion de mobilisations en masse, entres autres -, mais qui ne dénotent pas vraiment de l’état d’esprit général de ces années 1930. Les fascistes, en revanche, se distinguent plus notablement par leur recours à des symboles romantiques et mythiques : vertu de la domination masculine sur la société, glorification de la jeunesse et culte de la personnalité axé sur un leader charismatique. L’Etat fasciste est par essence totalitaire – mais le stalinisme également. Tous deux s’appuient sur la terreur. A cette différence près, le marxisme est né des Lumières, là où le fascisme s’inscrit plutôt contre celles-ci avec le retour à un Etatnation idéalisé plus archaïque. «
Darwinisme social
» Le racisme biologique est plus caractéristique du national-socialisme hitlérien que du fascisme mussolinien. Hitler répartit le peuple allemand selon des critères raciaux en distinguant des races supérieure et inférieures. Ce n’est pas le cas de Mussolini, du moins en apparence, mais la Romanité offre peu de chances de réussite à ceux qui ne sont pas de pure souche italienne. Les fascistes appellent volontiers ce racisme biologique « darwinisme social » afin de le légitimer scientifiquement, mais c’est bien entendu une ineptie : la théorie évolutionniste de Charles Darwin n’a aucun lien avec le racisme. Lors de l’arrivée d’Hitler au pouvoir, les Juifs ne représentent pas plus d’un pour cent de la population allemande, ce qui en fait tout simplement le bouc émissaire idéal contre lequel tout le reste peut être uni au sein d’une vaste classe dominante. «
» Mais le fait d’en appeler ou non au racisme biologique est un aspect secondaire. Tout en baptisant son parti le « Mouvement national-socialiste » (NSB), Anton Mussert se rapproche davantage de Mussolini. Au départ, le NSB n’est pas du tout antisémite – des Juifs y sont d’ailleurs inscrits. Mais une fois Hitler au pouvoir, il va constituer un pôle d’attraction de plus en plus puissant. C’est pourquoi Mussert alignera progressivement son idéologie sur le discours d’Hitler, notamment en matière de racisme biologique. «
» On peut observer le même glissement en Flandre. La thèse hitlérienne de la supériorité germanique a un attrait irrésistible au yeux des flamingants : les Flamands s’assimilant naturellement au peuple germanique, ils figureront dès lors parmi les vainqueurs, contrairement aux Wallons. Le VNV marque donc un tournant en faveur du racisme biologique. A partir de 1934, Van Severen change lui aussi l’orientation du Verdinaso, dans un axe plus promussolinien, loin du combat antibelge du VNV. «
» A l’instar de Mussolini et Hitler, les fascistes sont par définition antidémocrates – les partis divisant la nation – mais ils peuvent faire un détour par le parlement pour se hisser au pouvoir. Prendre part à des élections présente des risques car une démocratie à la capacité de se défendre. Comme dans le cas de Charles Maurras de l’Action française : en 1935, sa confrontation avec l’Etat français amènera ce dernier à interdire ce mouvement. Et après le putsch de la Brasserie, en 1923, la République de Weimar est encore assez forte pour envoyer Hitler en prison – quoique provisoirement. Et dans les Pays-Bas de 1933, tous les partisans du NSB seront démis de leurs fonctions publiques. En Belgique aussi, le système tente de faire barrage aux fascistes. Même si le régime très libéral s’abstient de les interdire, il est très difficile pour un élu VNV de devenir bourgmestre – mais plus probablement pour contrer le nationalisme flamand que par réelle aversion contre le fascisme. «
Le fascisme est bel et bien une idéologie politique axée sur l’avenir, et pas une mosaïque de mouvements d’extrême droite comme d’aucuns s’évertuent encore à le croire.
Léon Degrelle, un succès éphémère
» Léon Degrelle (1906-1994) et son mouvement populiste d’extrême droite Rex rencontrent aussi de la résistance. Dans les années 1930, Degrelle fonde une faction catholique traditionaliste dissidente qui reproche au Parti catholique de trahir son âme en acceptant de s’allier aux socialistes. Tirant parti du moindre scandale – réel ou fictif -, il gagne les élections de 1936 grâce à sa verve contestataire : le grand capital spolie le peuple, tous les politiciens professionnels se remplissent les poches, nous payons tous trop d’impôts, etc. Rex obtenant 21 sièges à la Chambre, l’énorme onde de choc qui s’ensuit est comparable à celle que provoquera mon propre frère en 2010 avec la percée de la N-VA. «
» Après-coup, le jeu démocratique se rétablit efficacement. Degrelle sera vite confronté à ses contradictions par les catholiques, qui s’efforcent de reconquérir une partie des mécontents temporairement tentés par le rexisme. Or, le brillant populiste qu’est Degrelle s’avère moins avisé en politique : il a le tort de pactiser avec le VNV, l’autre vainqueur sorti des urnes en 1936, alors qu’une majorité de ses voix tablaient sur l’insatisfaction des catholiques conservateurs – pour la plupart des belgicains aussi épouvantés par le nationalisme flamand que par le communisme. Ce pacte est une grave faute d’appréciation politique que le Parti catholique s’empressera de lui faire regretter. «
» Degrelle va se montrer encore plus maladroit en prétendant être le seul vrai catholique. Outré, le cardinal Van Roey lui portera le coup de grâce. A la veille de l’élection législative partielle de 1937, pourtant provoquée par Degrelle luimême, le prélat lui règlera son compte dans une lettre pastorale. Au dépouillement, il ne reste plus à Rex que quatre sièges. Après ce succès bien éphémère, Degrelle va se radicaliser. Devenu ouvertement fasciste en 1939, il se fait subsidier par Mussolini et par le IIIe Reich. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Degrelle garantira son propre avancement en jouant les mercenaires à la solde de l’occupant. «
» Pendant un temps, le fait d’être né Wallon est un pénible inconvénient face à la Flamen-politik d’Hitler, une politique à l’avantage des Flamands, peuple germanique. Mais en appréhendant mieux que quiconque les rouages du national-socialisme, Degrelle va se jeter dans les bras de l’armée allemande. Avec ses partisans, il fonde la Légion Wallonie après l' » opération Barbarossa » (22 juin 1941). Son unité sera déployée en Russie dans la Wehrmacht – et pas encore dans la Waffen-SS, cette armée d’élite ne recrutant que des Germains de pure race. Se faisant remarquer sur le front, Degrelle convainc Hitler en 1943 que ses Wallons sont en fait Germains également. Il sera ensuite attaché à la Waffen-SS. «
» Son statut grand-allemand le marginalise encore plus qu’il ne l’était déjà en Belgique occupée, mais il s’en moque. Son mouvement Rex est complètement dévoué à sa carrière individuelle. Le VNy qui s’est déclaré ouvertement national-socialiste dès la fin de 1940, est confronté pendant la guerre à une situation paradoxale. La section politique des SS voit un opposant à l’Occupation dans ce parti, mais comme les SS obtiennent le monopole de l’établissement d’un Reich grand-allemand, le VNV finira par collaborer sur le plan militaire et, à l’instar de Degrelle, ses volontaires seront intégrés à la Waffen-SS. «
Le retour du fascisme est-il imaginable ?
» Le fascisme a-t-il encore un avenir ? Je ne suis certes pas spécialiste en matière de populisme contemporain ou de succès des mouvements illibéraux en Europe. J’entends bien entendu certaines analyses qui attribuent le retour en force du Vlaams Belang à la combinaison de son profil ultranationaliste avec un programme social indéniablement axé à gauche. D’emblée, on fait aussi souvent le lien avec la montée du national-socialisme sous la République de Weimar. En ce qui me concerne, cela n’a aucun sens. Ceux qui promeuvent cette idée le font dans une optique essentiellement politique : leur but est d’attiser la peur de façon à stigmatiser leurs adversaires d’extrême droite. «
» Nos démocraties d’Europe occidentale n’ont rien de commun avec Weimar. Nous vivons aujourd’hui dans des Etats-providence où le pouvoir d’achat n’est pas sérieusement menacé, même sous les gouvernements de droite. Je ne nie pas qu’il y ait aussi un grand malaise social, mais la situation actuelle n’est pas comparable avec celle de Weimar, où l’inflation vertigineuse et le crash de Wall Street ont littéralement jeté à la rue toute la classe moyenne de l’époque. Notre économie n’est pas en voie d’effondrement. «
» Nous sommes dans un tout autre contexte historique. Sous Weimar, il n’y avait pas un seul Allemand qui pouvait digérer les diktats de Versailles : ni les réparations de guerre irréalistes, ni les nouvelles frontières imposées à l’Allemagne par les Alliés victorieux. L’Union européenne est en train de ramer, c’est un fait. Mais je n’identifie en Europe aucun courant impérialiste qui voudrait s’approprier les territoires voisins. Les Allemands d’aujourd’hui n’ont rien à redire à leurs frontières. En Europe de l’Est, et en particulier dans les Balkans, le passé suscite encore beaucoup de questions irrésolues, mais cela n’implique pas l’imminence de nouvelles guerres. C’était bien différent à l’époque. Dès son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler réarme l’Allemagne, occupe la Rhénanie démilitarisée et annexe les Sudètes. Connaissant la nature du fascisme, la guerre était alors absolument inévitable. «
« Je ne vois pas le même genre de scénario se dessiner pour l’instant. Il n’y a actuellement aucun mouvement d’extrême droite qui conteste la démocratie parlementaire en soi. Il y a bien des courants dits « illibéraux », qui voient le système parlementaire comme une simple donnée formelle et remettent en cause un certain nombre de valeurs démocratiques – mais on est très loin des fascistes des années 1930 qui parlaient purement et simplement d’abolition de la démocratie. Pour l’heure, personne ne milite pour la suppression des partis politiques. «
» On peut très bien concevoir qu’une forme d’autoritarisme puisse réapparaître un jour, mais ce ne sera sûrement pas une parfaite réplique du fascisme. L’histoire ne se répète jamais. Cela dit, en imaginant que la société doive endurer des pressions réellement insoutenables liées à des enjeux dont nous ne savons peut-être rien ou ne mesurons pas toute la gravité – disons que le réchauffement climatique nous plonge dans une crise majeure sans précédent, par exemple -, que des dizaines, voire des centaines de millions de réfugiés issus de zones où toute survie serait subitement impensable se précipitent vers nos contrées. Face à une telle crise, j’entends déjà les éternels joueurs de pipeau leur attribuer toute la responsabilité de leur désastre : après tout, ils n’avaient qu’à se prémunir de digues ! Sous des régimes autoritaires, des dirigeants radicaux seront vraisemblablement prêts à tout pour stopper l’invasion – quitte à vouloir anéantir ces réfugiés, s’il le faut. «
» Je n’exclus absolument rien. Mais tant que nos démocraties fonctionneront correctement, tant qu’elles pourront garantir une répartition relativement équitable de la richesse et prodiguer les aides nécessaires, je ne crois pas cela possible avant longtemps. La plupart des gens optent toujours pour les systèmes démocratiques que nous connaissons aujourd’hui. «
Bruno De Wever
Né à Mortsel en 1960, Bruno De Wever a grandi dans un terreau qu’il décrit lui-même comme » antibelge, extrémiste de droite et nationaliste flamand « . Dans sa jeunesse, il a rejoint l’Alliance de la jeunesse nationale-flamande – le Vlaams Nationaal Jeugdverbond (VNJ). Son propre grand-père ayant été membre du VNV, il y a consacré sa thèse de doctorat à l’université de Gand (UGent) et enseigne depuis lors l’histoire à Gand.
Au cours de ses études, il a effectué un virage à gauche et s’est distancié du nationalisme flamand, tout en continuant à apprécier la culture de libre débat dans son milieu de droite parental. Frère aîné de Bart De Wever, le président de la N-VA, il préfère s’abstenir de s’exprimer à ce sujet dans la presse par respect pour une sorte de » déontologie familiale « .
Auteur ou coauteur de plus de 350 publications scientifiques, sa thèse Greep naar de macht, Vlaams-nationalisme en Nieuwe Orde : het VNV( » La conquête du pouvoir : le nationalisme flamand et l’Ordre nouveau « ), publiée en 1994 chez Lannoo, est généralement reconnue comme une référence en la matière.
» L’intérêt du groupe surpasse tout droit universel «
Dans Le fascisme en action (2004), l’historien américain Robert O. Paxton dresse la liste d’un certain nombre de » passions mobilisatrices » significatives du mode de pensée inhérent au fascisme. » Ces critères d’identification correspondent bien au modèle de Payne qui sous-tend ma propre thèse « , confirme De Wever. En voici un aperçu :
les fascistes ont le sentiment d’être submergés par une crise que les remèdes traditionnels échouent à surmonter
un fasciste se soumet entièrement au groupe (le peuple, la nation) auquel il appartient et la contrainte qui en résulte transcende tout droit individuel ou universel
le fasciste perçoit son groupe comme victime de l’histoire ; ce qui en justifie la protection par tous les moyens quels qu’ils soient, sans restriction morale ou juridique et contre tout ennemi externe ou interne
il appréhende le déclin de son propre groupe dû aux effets néfastes de l’individualisme libéral, des antagonismes de classe et influences étrangères
il juge indispensable la parfaite intégration du groupe dans une société plus pure, par convention mutuelle ou au besoin par le retrait violent des éléments perturbateurs
le groupe doit être gouverné par une hiérarchie clairement reconnaissable (exclusivement masculine) sous l’autorité d’un leader national incarnant le destin du groupe dans une perspective historique
les décisions instinctives du leader sont supérieures à tout argument abstrait et universel
la violence est digne d’admiration et la ferveur transcende toute autre valeur si cette violence et cette ferveur s’exercent au nom de la prospérité collective
le fasciste reconnaît aux siens le droit de dominer les autres au mépris de toute restriction fondée sur des lois humaines ou transcendantes
un tel droit se fonde exclusivement sur la quête de postérité du groupe dans le combat darwinien pour la survie du plus fort.
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