11 janvier 2015, place de la Bastille, à Paris. Manifestation " Je suis Charlie " en réaction aux attentats de Charlie Hebdo. © GETTYIMAGES

Le djihadisme, reflet de l’anarchisme

« Non, le xxie siècle n’est pas celui du terrorisme. Ce que vit l’Europe d’aujourd’hui avec le djihadisme rappelle à maints égards ce qu’elle avait connu avec les anarchistes de la fin du xixe. » Le professeur Rik Coolsaet, senior associate fellow à l’Institut Egmont, nous guide dans les méandres du monde démentiel de la terreur. « Démentiel, peut-être bien, mais peu de terroristes ont un profil d’illuminé en pleine crise. »

« L’anarchisme était aussi marginal que le djihadisme contemporain et frappait tout autant les esprits avec des attentats spectaculaires menés dans le monde entier, souvent simultanés et amplifiés par un recours aussi soutenu à la propagande. Les anarchistes donnaient l’impression d’être mondialement organisés – de sorte que les sociétés d’alors se sentaient existentiellement menacées. Leur crainte de voir sombrer les fondements mêmes de la civilisation bourgeoise était très comparable aux phobies et au sentiment d’insécurité que suscite le djihadisme aujourd’hui. »

« L’homme est conditionné par la mémoire vivante. Le court terme domine notre vie et nous empêche de replacer l’actualité dans une perspective historique. Or, le terrorisme que nous connaissons aujourd’hui est une réédition du phénomène anarchiste et peut se comparer, quoique dans une moindre mesure, au terrorisme d’extrême gauche qui sévissait entre 1968 et 1985. Au tout début du XXe siècle, ce n’est pas une guerre mondiale qui est venue à bout de l’anarchisme. Ce qui l’a vraiment fait reculer est l’émergence d’une réponse plus prometteuse à une même préoccupation fondamentale – la revalorisation de la force ouvrière – et ce principalement par le biais de la lutte syndicale, le mouvement ouvrier étant bien plus porteur d’espoirs que la terreur de l’anarchisme. Aux États-Unis comme dans la plupart des pays européens, on voit diminuer le nombre d’attentats dès l’année 1905. »

Rik Coolsaet (Institut Egmont, Bruxelles).
Rik Coolsaet (Institut Egmont, Bruxelles).© D.R.

 » La violence politique a toujours existé. Elle éclate par vagues et, dans certaines périodes décisives, on voit soudain partout dans le monde des multitudes d’individus embrasser la terreur au nom d’une même idéologie. Ainsi, l’ordre établi paraît en grand danger, alors que la barbarie semée par les djihadistes actuels ne fait en aucun cas plus de victimes qu’en des temps plus reculés. Du moins pas en Europe occidentale : dans les années 1960 et 1980, les extrémistes de gauche ont fait couler bien plus de sang que les terroristes qui nous font trembler aujourd’hui. « 

THÉÂTRE D’ÉPOUVANTE

 » Béatrice de Graaf, qui enseigne à l’université d’Utrecht, décrit le terrorisme comme un théâtre d’épouvante. La terreur se nourrit de l’inquiétude que nous inspirent ces attaques terrifiantes. C’est notre peur même qui fait le jeu d’Al-Qaïda ou de l’État islamique (EI). À l’heure où ce dernier a perdu presque tout son territoire, le djihadisme ne paraît plus aussi impressionnant qu’avant et c’est pourquoi l’EI revendique désormais les attentats d’auteurs isolés, d’individus qui n’ont en fait aucun lien direct avec le mouvement. »

« Idéologiquement parlant, il y a toutes sortes de terroristes : fanatiques religieux, extrémistes de gauche ou de droite, ultranationalistes; qu’il s’agisse de structures parfaitement organisées ou de loups solitaires. Mais d’un côté à l’autre du spectre, ils ont un certain nombre de points communs. En 1986, 106 définitions courantes du terrorisme étaient répertoriées par l’expert néerlandais Alex Schmid, un ex-membre du Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU à Vienne qui a rejoint le Centre international du contreterrorisme de La Haye (ICCT). En réitérant l’expérience il y a quelques années, Schmid et son confrère Albert Jongman en ont dénombré jusqu’à 265. »

Le djihadisme, reflet de l'anarchisme

« En extrayant de ces définitions l’essence du terrorisme, les deux chercheurs ont isolé trois traits communs presque constants. D’abord, le terrorisme recourt toujours à la violence. Ensuite, l’objectif principal n’est pas de vaincre ses ennemis mais bien de les terrifier. Troisièmement, tous les terroristes ont un mobile politique. Et on retrouve ces caractéristiques dans des mouvements idéologiquement très dissemblables. »

TERRORISME OU COMBAT POUR LA LIBERTÉ ?

Malgré toutes les recherches en la matière, aucune définition du terrorisme n’est universellement reconnue. « Cette difficulté tient au fameux sophisme : « les terroristes des uns sont les résistants des autres ». En son temps, la Société des Nations n’a jamais pu trancher ce dilemme, pas plus que les Nations unies depuis lors. »

« Toute définition globale faisant défaut, il n’y a en théorie aucune approche commune contre le phénomène. Mais depuis les attentats du 11 septembre 2001, un assez large consensus a commencé à se dégager sur ce qui est en soi inacceptable : détourner des avions pour les écraser contre des gratte-ciel, par exemple. Les responsables sont indubitablement des terroristes. Faute de définir la notion proprement dite, on s’est donc attaché à répertorier les actes terroristes et à s’en prémunir le plus collectivement possible. « 

 » La limite entre terrorisme et libération nationale est fluctuante, c’est un fait. Quand une minorité opprimée est amenée à prendre les armes, cela aussi peut entraîner des actes de terreur. Le dirigeant palestinien Yasser Arafat, par exemple, a longtemps été considéré comme un terroriste, tout comme Nelson Mandela, le président d’Afrique du Sud – bien qu’il n’ait jamais directement adhéré au bras armé de l’ANC, le parti actuellement au pouvoir dans ce pays. Il y a aussi le cas du Hezbollah : considéré en Europe comme un parti politique représenté au sein du gouvernement libanais, il est simultanément perçu comme un groupe terroriste par les États-Unis et Israël.

Dakar, 1992 : Échange de baiser entre le président de l'ANC Nelson Mandela et le chef de l'OLP Yasser Arafat pendant le sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Terroristes pour les uns, libérateurs selon les autres.
Dakar, 1992 : Échange de baiser entre le président de l’ANC Nelson Mandela et le chef de l’OLP Yasser Arafat pendant le sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Terroristes pour les uns, libérateurs selon les autres.© BELGA IMAGE

PAS DE PROFIL TYPE

Mais qualifier le terrorisme n’est pas la seule difficulté. « Depuis les années 1960, les services de sécurité s’évertuent en vain à dresser le profil type d’un terroriste moyen en se basant sur des observations psychologiques ou psychiatriques concrètes. Aucun trouble psychologique caractéristique ne ressort de leurs travaux. »

« En fait, cela va de soi : aucun chef terroriste n’a évidemment intérêt à recruter des déséquilibrés. Un acolyte qui panique, cela ne sert absolument à rien! Comme le souligne pertinemment le psychiatre anglais Andrew Silke, les terroristes cherchent à se fondre dans la normalité. Aucun profil ne les englobe et n’importe qui peut donc s’engager dans cette voie selon les circonstances et l’entourage qui lui sont propres, pour des motifs très personnels. »

 » L’essentiel des recherches porte sur le terrorisme organisé plutôt que sur les loups solitaires qui agissent indépendamment de toute structure établie. Parmi ceux-ci, les cas de troubles mentaux sont effectivement plus fréquents. Il s’agit d’individus isolés qui s’abandonnent au terrorisme ambiant dans le seul but de donner un sens à leur vie. Certains sont juste prêts à se suicider et l’argument d’une vague de terrorisme particulière les incite à passer à l’acte : ils se ruent sur le premier venu en criant « Allah Akbar » et se font aussitôt abattre par la police. « 

« Mais quand des djihadistes organisés déploient une violence inouïe contre une foule majoritairement innocente – en se faisant sauter lors d’un mariage afghan, par exemple – ce n’est pas le fait d’une quelconque maladie mentale mais bien plutôt de convictions idéologiques radicales. »

PAS DE BOURGEOIS INNOCENT

 » Le cas célèbre d’Émile Henry est exemplaire – et il s’applique actuellement à de nombreux djihadistes. En 1894, ce jeune anarchiste fait exploser une bombe au café Terminus, dans le centre de Paris. C’est un garçon particulièrement doué et sans problèmes d’argent. À son procès, un juge lui demandera comment il justifie de tels actes à l’encontre de victimes innocentes ? « Il n’y a pas de bourgeois innocents, répond Henry. Ce ne sont que des fonctionnaires stupides et vaniteux qui ne vouent que de la haine au peuple et se rangent toujours dans le camp du plus fort. Mon seul regret est de ne pas en avoir tué davantage ». « 

« Selon son propre témoignage, il a passé toute une matinée à la recherche d’un endroit où se trouvaient de nombreux bourgeois, une bombe dissimulée sous son imper. Il voulait que l’attentat fasse un maximum de bruit. Et les clients de ce café huppé qu’il a choisi ne venaient pas de la classe ouvrière : rien que des bourgeois bien nantis, suppôts de l’exploitation des travailleurs, selon Henry. Un raisonnement identique sous-tend la propagande des djihadistes : ils ne font pas de victimes innocentes mais ne tuent que des complices de l’ennemi. Le type de plaidoyer véhiculé par les pamphlets anarchistes a une grande similarité avec les fatwas d’Oussama Ben Laden. »

L'attentat du café Terminus, à Paris en 1894. L'auteur, Émile Henry, a été appréhendé.
L’attentat du café Terminus, à Paris en 1894. L’auteur, Émile Henry, a été appréhendé.  » Il n’y a pas de bourgeois innocents « , déclarera-t-il à son procès.© AKG-IMAGES

UN PHÉNOMÈNE DE CLASSES FORTUNÉES

 » Le terrorisme organisé recrute rarement parmi les couches sociales défavorisées. Quiconque vit dans la misère n’a d’autre choix que de consacrer ses maigres ressources à sa survie. La plupart des terroristes sont issus de la classe moyenne plus aisée, que l’on parle d’anarchistes, gauchistes ou djihadistes. Pierre Kropotkin, le grand théoricien de l’anarchisme dans la Russie du XIXe siècle, était prince, le deuxième plus haut titre de noblesse sous le règne des tsars. Quant à Ben Laden, son père était un richissime entrepreneur très proche de la famille royale saoudienne. »

 » Les terroristes vraiment pauvres ne sont généralement pas les chefs du mouvement. L’essence du discours terroriste vise toujours l’exclusion – socio-économique tout aussi bien que socioculturelle – d’une partie de la population, et ces laissés-pourcompte ne trouvent parfois aucun autre recours que la violence pour défendre leur cause. C’est ce qui les pousse à embrasser le terrorisme. Et quand l’une ou l’autre raison incite une majorité à les soutenir, cette frange fanatique se mue en une armée de libération nationale. « 

QUAND LA FRUSTRATION DEVIENT INSUPPORTABLE

« En comparaison avec d’autres pays, le djihadisme belge, français et néerlandais compte dans ses rangs plus d’éléments criminels. En Belgique, cela vaut pour une bonne moitié d’entre eux – le reste est sans antécédents. Il est donc très difficile pour les services de police d’en prédire le profil. Sans critère psychologique ou socio-économique déterminant, même l’analyse d’un casier judiciaire est le plus souvent peu pertinente. Parmi les Belges d’Anvers ou de Vilvorde qui ont combattu en Syrie, certains ont un passé criminel et d’autres non. La police a donc beaucoup de mal à identifier tout suspect éventuel avant son passage à l’acte. »

« En France, ce sont surtout des étrangers de souche algérienne qui se laissent tenter par le djihad. En Belgique, le groupe le plus important est constitué de Belgo-Marocains. En Grande-Bretagne, une majorité a des racines pakistanaises ou indiennes. Les frustrations subies par une partie de la société sont souvent en cause. Quand des individus se sentent marginalisés du fait de leurs origines, leur grogne peut en amener certains à recourir à la violence, tandis que d’autres se tournent pour les mêmes motifs vers un engagement politique non violent. Un mécanisme similaire s’observe aussi parmi les anarchistes et extrémistes de gauche. »

ILLUSION PRÉSOMPTUEUSE

« Tous ces groupes partagent la conviction que la brutalité est l’authentique moteur de l’histoire. Ils cultivent le fantasme que leur propre sacrifice servira d’exemple, poussant les masses à se soulever contre les oppresseurs. Une illusion d’autant plus présomptueuse que le succès auquel elle prétend n’est jamais au rendez-vous. Lors du Printemps arabe en Tunisie, la contestation de la classe moyenne a engrangé plus de résultats que tous les attentats perpétrés en vingt ans. Or, même devant cette preuve irréfutable de leur erreur, ils ne se laissent pas démonter et entretiennent leur chimère avec quelques victoires éphémères, comme dans le cas de la guerre civile en Syrie. »

Au lendemain des attentats du 11-Septembre, dont il était le cerveau, le visage d'Oussama Ben Laden a fait le tour du monde.
Au lendemain des attentats du 11-Septembre, dont il était le cerveau, le visage d’Oussama Ben Laden a fait le tour du monde.© GETTYIMAGES

 » À partir de 2011, une puissante force mobilisatrice s’exerce depuis la Syrie sur le djihadisme en Belgique. Avant, ce flux avait déjà atteint un premier pic en Irak depuis 2003, mais la mobilisation suscitée par la guerre civile syrienne est bien plus importante que ce que Ben Laden a obtenu avec Al-Qaïda. En Syrie, les djihadistes voyaient des musulmans vivre dans la misère, sous l’oppression d’une dictature non contestée par l’Occident. Prenons-y le pouvoir, se disaient-ils, et tous les autres dominos suivront notre impulsion dans le bon sens. »

 » Cette posture arrogante relie entre eux tous les mouvements terroristes. Et nous ne faisons que l’encourager en gonflant la menace qu’ils font peser sur notre civilisation et sur l’ordre mondial. Le spectre terroriste est bien réel, je ne prétends pas le contraire, mais il importe de replacer le phénomène dans une perspective historique. Il n’a en soi rien de vraiment neuf : ni par son ampleur, ni par son accélération, ni même par des causes sous-jacentes. « 

MESURER NOS RÉACTIONS

« Avec l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, la réaction des États-Unis aux attaques du 11-Septembre a déclenché une nouvelle vague de mobilisation pour le djihad. Nos propres services de sécurité ont d’ailleurs mis en garde leurs homologues américains : en répliquant de façon exagérée, un gouvernement peut faire le lit du terrorisme, même sans le vouloir. La Fraction armée rouge et les Brigades rouges, entre autres, ont pris de l’essor grâce aux élans de sympathie motivés par la répression excessivement violente des autorités allemandes et italiennes. Les organismes impliqués l’ont d’ailleurs bien admis par la suite. Songez à cette photo choquante d’une militaire tenant en laisse un détenu irakien complètement nu à la prison d’Abu Ghraib. Depuis 2003, tous les djihadistes l’ont évoquée dans leurs déclarations, en présentant cette humiliation comme une raison décisive de leur présence en Syrie. »

Émile Henry
Émile Henry© GETTYIMAGES

« Certains groupes terroristes finissent par intégrer leur lutte au cadre de la politique régulière, comme l’ETA au Pays basque ou l’IRA en Irlande du Nord. Fondant leur détermination sur une ligne dure marxiste-léniniste, leurs dirigeants se sont trouvés frustrés par un même manque de résultats concrets. Cette déconvenue marque un tournant qui les a amenés à négocier des accords de paix. C’est que leur fin ultime n’est pas de supplanter le système sociopolitique, mais de sortir de l’exclusion. Pour d’autres mouvements terroristes, un tel revirement est impensable. Dans la sphère du djihad, il y a aussi des chefs qui renoncent au terrorisme et se tournent vers l’émancipation politique faute de ne voir s’esquisser aucun changement. Mais le cas de l’EI est tout autre : il vise à renverser totalement l’ordre du monde. Par conséquent, toute négociation avec ce groupe est impossible. »

Tunis, 14 janvier 2018. Commémoration du septième anniversaire du victorieux
Tunis, 14 janvier 2018. Commémoration du septième anniversaire du victorieux « Printemps arabe ». En Tunisie, le Printemps arabe a démontré que les djihadistes sont dans l’erreur: la classe moyenne a engrangé plus de résultats que tous les attentats perpétrés en vingt ans.© BELGA IMAGE

 » Dans notre pays, c’est le vif sentiment d’exclusion régnant au sein de la population belgo-marocaine qui constitue le terreau du djihadisme. Cela, nous pouvons tous ensemble nous atteler à le résoudre : il en va même de notre responsabilité civique. Les parquets, forces de police et de sécurité sont d’ailleurs bien plus sensibles à cette idée que la classe politique. Conscients que l’intransigeance face au terrorisme devrait s’inscrire dans le cadre d’une approche plus fondamentale, ils insistent bien plus ouvertement que nos dirigeants sur l’intérêt de la prévention et encore plus sur la nécessité de lutter contre le rejet collectif d’une minorité d’entre nous. Cette plaie reste aussi vive que jamais, il ne faut pas s’y tromper! Seule la mobilisation est au point mort pour l’instant, l’attrait du djihad ayant visiblement reflué pour un temps. C’est donc dès maintenant qu’il faut tout mettre en oeuvre pour changer la donne. Sinon, une prochaine vague de djihadisme pourrait très bien ressurgir d’ici cinq ou dix ans – ou qui sait quand? »

Mossoul (Irak), 30 juin 2017. Les forces spéciales irakiennes viennent de reprendre la grande mosquée Al-Nouri au groupe État islamique. Devant la mosquée en ruine, les soldats symbolisent la chute de l'EI en brandissant son drapeau avec la tête en bas.
Mossoul (Irak), 30 juin 2017. Les forces spéciales irakiennes viennent de reprendre la grande mosquée Al-Nouri au groupe État islamique. Devant la mosquée en ruine, les soldats symbolisent la chute de l’EI en brandissant son drapeau avec la tête en bas.© BELGA IMAGE

L’EXTRÊME DROITE SOUS TENSION

« À l’opposé du djihadisme, un autre terreau est occupé à fermenter dans nos contrées. Une autre vague de crimes terroristes se profile, dont les attentats de l’extrémiste norvégien Anders Breivik en 2011 n’étaient qu’un signe avant-coureur. Comme lui, d’autres chrétiens blancs refusent d’être éclipsés par la progression de l’islam. Craignant d’y perdre leur identité, d’aucuns s’apprêtent à riposter. De petits groupes d’extrême droite essaiment actuellement dans différents pays d’Europe. Ils ne sont pas encore très organisés mais tendent à justifier le recours à la violence pour éviter d’être absorbés dans une Europe complètement islamisée, ou « Eurabie », disent certains – un mythe qui gagne du terrain au Danemark, en Allemagne et en France, entre autres pays européens. Il y a quelques années, une cellule d’extrême droite a été démantelée en Allemagne, la Braune Armee Fraktion, qui a tué au moins huit Turcs entre 2000 et 2006 sans que les enquêteurs ne fassent de lien entre les meurtres. Depuis, les services de sécurité se préparent à l’éventualité d’une vague terroriste d’extrême droite – certes pas encore aussi structurée que le djihadisme. Elle n’en a ni l’élan de mobilisation ni le dynamisme, mais elle est néanmoins en pleine gestation. « 

Anvers, 21 février 2017. Manifestation du Vlaams Belang contre la construction programmée d'une nouvelle mosquée.
Anvers, 21 février 2017. Manifestation du Vlaams Belang contre la construction programmée d’une nouvelle mosquée. « Nos services de sécurité se préparent à l’éventualité d’une vague terroriste d’extrême droite en Europe. »© BELGA IMAGE

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