Le 3 mars 1918, le jour où les Soviets abandonnent les Alliés à Brest-Litovsk
C’est une paix qui ressemble à une défaite. Mais Lénine y tient par-dessus tout. L’homme veut abandonner la guerre. Quitte à perdre des terres. Et des alliés. Car l’homme n’a qu’un objectif : sauver sa révolution. C’est en pleine guerre mondiale que la Révolution d’octobre 1917 éclate en Russie.
L’immense pays est alors en train de se battre contre l’Allemagne et ses alliés. Mais très vite, le Congrès des Soviets demande l’ouverture de négociations de paix. Malgré la réaction outrée des Alliés, les hommes de Lénine ne tergiversent pas. Le 15 décembre, un armistice est signé. Dans la foulée s’ouvrent des négociations de paix. Tendues : les conditions exigées par les empires centraux sont terribles. La Russie doit céder d’importantes parties de son territoire. Va-t-elle accepter ? Au pays des Soviets, on hésite.
Au fond, les Bolcheviks partagent tous le même objectif. Mais sur la stratégie, ils divergent. Les » communistes de gauche « , emmenés par Boukharine, s’opposent à l’idée même d’un accord : la guerre doit servir la révolution et permettre l’exportation des idéaux soviétiques. Trotski, lui, n’est favorable ni à la paix ni à la guerre. Il entend gagner du temps, et attendre que la révolution éclate en Allemagne. Enfin, il y a Lénine. Dont la vision associe court et long terme. Dans l’immédiat, il veut la fin des combats. Perdre des terres ? Il ne s’en inquiète pas. Car finalement, lorsque sa révolution sera devenue mondiale, il les récupérera…
Lénine est servi par les événements. Deux menaces planent sur la Russie : sur le plan extérieur, le risque d’une victoire allemande. Et sur le plan intérieur, celui d’une défaite de la révolution. Depuis des mois, de plus en plus de Russes désertent l’armée. Dans le pays, la grogne monte, la guerre n’est plus populaire. Et les Allemands sont au bord de Saint-Pétersbourg… A l’intérieur des terres, les Bolcheviks peinent à maintenir leurs positions. Les » Blancs » sont en pleine reconquête. Alors que le pouvoir des Soviets se trouve doublement fragilisé, Lénine parvient à convaincre les siens.
Le 3 mars 1918, le traité de paix est signé à Brest-Litovsk (Biélorussie actuelle). La cérémonie est sans fastes. Le prix de la paix est élevé : les Russes perdent l’Ukraine, la Pologne et la Finlande, une partie des pays baltes… A Berlin, on a le sourire aux lèvres. La disparition du front de l’Est, c’est la possibilité de renforcer le front occidental. Lénine s’en moque : qui gagne, qui perd ? Il se réjouirait même de la poursuite de la guerre. Il croit que le chaos peut favoriser sa révolution.
Vengeance ! Le coup de poignard de Lénine passe mal dans les rangs alliés. Peu après Brest-Litovsk, des troupes occidentales sont envoyées en Russie, autant pour punir les » traîtres » que pour se prémunir d’une propagation de la révolution. On le sait : les Bolcheviks de Lénine finiront par remporter la guerre civile. Dans l’intervalle, en 1918, la Russie profitera de la défaite allemande pour dénoncer Brest-Litovsk. Et récupérer une bonne partie des territoires perdus.
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