L'entrée de la Trump Tower sur la 5e Avenue à New York. L'édifice fait 202 mètres de haut. Le nombre d'étages a été artificiellement augmenté de 10 unités. Car plus une tour est élevée, plus le prestige est grand. © AKG-IMAGES

La phobie de la vérité

Donald Trump semble en effet souffrir de la phobie de la saleté, comme il le concède lui-même lorsqu’il se défend de fréquenter des prostituées. Souffre-t-il encore d’autres affections ou de quelconques peurs maladives? Profil du 45e président des États-Unis.

Paru en 1987, The Art of the Deal (1) est un best-seller qui annonce le retour de Donald Trump sur le devant de la scène. C’est le seul livre de Trump qui porte sur la couverture le nom d’un coauteur : Tony Schwartz, écrivain de livres sur le management. Dans The Dangerous Case of Donald Trump2 (2017, « Le dangereux cas Donald Trump »), il dit à ce propos : « Le premier article que je lui ai consacré était très critique. Mais il adore cela parce que cela lui permet de se retrouver en Une d’un hebdomadaire. Selon lui, la mauvaise publicité n’existe pas. C’est pourquoi il m’a demandé d’être son prête-plume. » Entre-temps, Trump dément que Schwartz a écrit « son » livre. « Alors qu’il ne fait que le relire en vitesse. Il ne lit pas de livres, alors vous pensez bien qu’il ne peut pas en écrire. » Le livre commence d’emblée par un mensonge patent. « Je ne fais pas des affaires pour gagner de l’argent. J’en ai suffisamment, bien plus que je ne pourrais jamais en dépenser. Je fais des affaires pour le plaisir. C’est mon art à moi. »

« Trump Village » à Brooklyn, à l’extérieur de Manhattan. C’est le seul projet de construction auquel Trump père accepte de prêter son nom. Son fils Donald fera de ce nom une marque de fabrique.© D.R.

 » Mais bien sûr qu’il le fait pour gagner de l’argent », réagit Schwartz. « Tout ce qu’il fait, c’est pour l’argent. Il considère la poésie comme une perte de temps. Mais il aime croire ses propres mensonges. Les faits sont ce qui arrange Trump à un moment donné. L’éternelle vérité n’existe pas. Ses propres intérêts et le pouvoir de dominer tout et tout le monde : voilà ses objectifs. »

L’ART D’EXAGÉRER

Schwartz ne parvient pas à mener avec Trump une interview en profondeur. « Sa capacité d’attention est extrêmement limitée, sauf lorsqu’il se vante. « Le passé ne m’intéresse pas », dit-il sans cesse « seul le présent m’intéresse ». Donc je passe environ un an à écouter toutes ses conversations téléphoniques. » Là aussi, les contrevérités se succèdent allègrement. Schwartz invente la notion de « truthful hyperbole » : l’exagération et la transformation de la vérité. L’expression fera son entrée dans la langue anglaise. « Il s’agit en fait d’une contradiction, car la vérité ne se laisse pas transformer sans conséquence. Mais Trump trouve que c’est une trouvaille formidable. Car, selon lui, il s’agit de titiller l’imagination du citoyen moyen et de l’impressionner par la façon dont il fait sa propre promotion. » Un échantillon typique? Il exagère systématiquement le nombre d’étages que comptent ses bâtiments. La Trump Tower à New York compte dans l’ascenseur dix étages de plus que n’en comptent les vrais plans de construction. La hauteur est affaire de prestige. « Même les faits prouvés n’ont pas beaucoup d’importance à ses yeux », poursuit Schwartz. « Pas même dans sa fonction présidentielle. Alors que je crains qu’un président qui n’attache pas d’importance à la vérité factuelle nous mène au chaos. » Le père du président, Fred Trump, est né non pas dans le New Jersey (comme le prétend Donald), mais dans le Bronx, un quartier mal famé de New York. Fred a 12 ans lorsque son père allemand décède. Le grand-père de Donald, Friedrich Trump, aide-coiffeur de 16 ans, arrive par bateau à New York en 1885 pour échapper au service militaire allemand. Donald esquivera lui aussi, à cinq reprises, le service militaire. Son grand-père réalisera une petite fortune avec des restaurants, des auberges et des bordels pour chercheurs d’or à Seattle et Klondike (Canada). Son fils Fred invente à son père une ascendance suédoise pour ne pas effrayer ses locataires juifs. Et le petit-fils Donald reprendra ce mensonge sans complexe.

La phobie de la vérité
© D.R.

AUTOGLORIFICATION AU CIMETIÈRE

Dans The Trumps : Three Generations of Builders and a Presidential Candidate (« Les Trump, trois générations de bâtisseurs et un président ») (3), la professeure Gwenda Blair donne un portrait criant de vérité de la famille Trump. Dans un épisode éloquent, elle relate les funérailles du père Fred senior, fin juin 1999, dans l’église presbytérienne de Marble Collegiate. Le jour des funérailles, l’église est pleine à craquer. Le maire de l’époque, Rudolph Giuliani – aujourd’hui l’avocat personnel du président – rend hommage à Fred Sr. comme le bâtisseur de milliers de New-Yorkais. Les enfants et petits-enfants racontent les souvenirs qu’ils ont du patriarche. Le septième orateur est Donald Trump. « C’est le jour le plus pénible de ma vie », lance-t-il dans son style grandiloquent caractéristique. Selon sa biographe Gwenda Blair, son oraison funèbre est « une démonstration exceptionnelle d’autoglorification ».

La phobie de la vérité
© AKG-IMAGES

Trump cite volontiers un article paru récemment dans le New York Times sur le succès de ses constructions, en précisant que son père Fred l’a toujours soutenu dans ses entreprises audacieuses. « Il n’arrête pas de se donner des tapes dans le dos et de faire sa propre promotion. Les mots « je », « me » et « moi » sortent plus souvent de sa bouche que ceux de « il » ou « lui ». Comme toujours, il ne peut s’empêcher de se mettre au premier plan. Le message est clair : inutile de pleurer, car Donald Trump ne subit jamais un échec. » Tony Schwartz confirme : « Sa soif de confirmation de soi est insatiable. Partout et toujours, il veut entendre combien son succès est incomparable, combien il est grand et beau. Toujours en des termes superlatifs. « Bigger than ever » est son expression favorite. »

AU DIABLE L’EMPATHIE

Cette addiction à l’autoglorification remonte à son enfance comme en témoignent aussi d’autres biographes. Son père exigeant n’a aucun sens de l’empathie. Donald voit comment son frère aîné, Fred junior, succombe sous cette pression. Il décide alors de ne pas subir le même sort. « Encore enfant, il part en guerre contre le monde », explique Schwartz. « Semez la peur autour de vous et exploitez cette peur, ou succombez à la peur. Cette attitude défensive s’imprime dans son caractère dès le plus jeune âge. En fait, son développement personnel s’est arrêté durant son enfance. »

« Plus tard, il n’éprouvera que du mépris pour l’empathie, pour la générosité désintéressée, pour la sollicitude ou pour toute distinction morale. Mais sa soif d’attention et d’admiration a son revers. La confiance en soi qu’il puise dans ses réalisations est de nature très passagère. Un toxicomane doit alimenter son addiction en augmentant sans cesse sa dose. Dès qu’il craint de perdre le contrôle, il devient désespérément impulsif et vindicatif. Il ne tolère aucune contradiction et subit des accès de colère extrêmement violents. » La biographe Gwenda Blair confirme l’importance qu’a eue son père Fred sur le caractère de Donald Trump. Elle cite un ami de la famille : « Le père est très agressif, arrogant et pushy. Son fils aîné, Fred Jr., ne répond pas à ses attentes. » Fred Jr. se retire des affaires, devient pilote et meurt d’alcoolisme à 42 ans. Des camarades de classe de Donald témoignent de son « sens extrême de la compétitivité ». C’est pourquoi il n’a guère de vrais amis. Lorsqu’il a 13 ans, Fred Sr. l’envoie à la NYMA, un pensionnat militaire qui lui apporte la discipline nécessaire. Après des études supérieures en affaires, il devient le bras droit de son père. Il entame par la suite l’invasion de Manhattan, où il réalisera des projets « plus hauts, plus flashy et plus excitants » que ceux que son père a entrepris dans le Queens et à Brooklyn.

Le Taj Mahal à Atlantic City, le projet immobilier le plus coûteux jamais construit dans cette ville balnéaire. Les frais hypothécaires dépassent de loin les revenus de ce casino. Rapidement, la faillite est inévitable.
Le Taj Mahal à Atlantic City, le projet immobilier le plus coûteux jamais construit dans cette ville balnéaire. Les frais hypothécaires dépassent de loin les revenus de ce casino. Rapidement, la faillite est inévitable.© GETTYIMAGES

LE DÉRAPAGE

Il connaît un parcours en dents de scie. À partir de la moitié des années 1980, Trump dérape totalement. Gwenda Blair : « Il conclut des affaires dans le seul but d’augmenter son statut. » Il surinvestit dans les casinos à Atlantic City et conclut à cette fin des emprunts qu’il garantit à titre personnel, une chose que son père ne fait jamais. Il connaît dès lors plusieurs faillites. Malgré cela, il s’achète un yacht formidable alors qu’il n’aime pas du tout le bateau, ainsi qu’une compagnie aérienne déficitaire qu’il rebaptise Trump Shuttle. C’est que les avions sont une publicité prestigieuse dans le ciel.

Il ne dort pas plus de trois ou quatre heures par nuit. Des pilules apparentées aux amphétamines lui permettent de fonctionner. Selon des rumeurs crédibles, il est traité dans un établissement privé pour dépression grave. Pendant deux ans, il mène une double vie avec sa maîtresse Marla Maples et s’enchevêtre dans un divorce difficile et extrêmement cher d’avec Ivana. Il épouse Marla, mais la veille du mariage, il envoie une douzaine de roses à son ex.

Ce deuxième mariage est une opération de marketing de plus : il doit embellir son image pour ne pas tomber dans le gouffre financier qu’il a lui-même creusé. Son retour consiste à menacer ses créanciers afin qu’ils le refinancent, et à loger ses droits dans les casinos et les hôtels dans une nouvelle société qu’il lance en bourse. Son deuxième mariage doit soutenir le cours de cette action. La manoeuvre réussit, après quoi il divorce de Marla, fort de rumeurs sur son infidélité. Il se libère de ses créanciers et se retrouve de nouveau en octobre 1996 dans le top 400 des Américains les plus riches du magazine Forbes – bien qu’il n’occupe que la 368e place.

LE PRÉSIDENT DE LA DISCORDE

Le mardi 16 juin 2015, il pose sa candidature à la présidence, deux jours après son 69e anniversaire. Il prend l’ascenseur de « sa » Trump Tower à New York pour descendre dans l’atrium. « Whoa », s’écrie-t-il en regardant vers le bas, dans le lobby. « C’est un fameux groupe de gens là-bas. Ils sont des milliers. » Ils sont en vérité quelques centaines. « C’est inespéré. Aucun autre candidat ne mobilise une telle foule. » « Il est toujours le gagnant, tous les autres sont des perdants. Ce sont les deux seules catégories qui ont de l’importance », constate Gwenda Blair.

Ce qui suit est l’histoire d’aujourd’hui. La campagne brutale est suivie par des débuts non moins tumultueux à la présidence. Il n’a pas son pareil pour diviser la société américaine, en agissant souvent sur la scission entre populations hautement qualifiées et peu scolarisées, ou entre les personnes blanches et les personnes de couleur. Jour après jour, il exploite cette scission à son avantage.

L’une de ses premières victimes est le directeur du FBI, James Comey, qu’il limoge le 9 mars 2017, soi-disant sur insistance du vice-ministre de la Justice. Mais, avouera Trump de but en blanc deux jours plus tard, il limoge Comey en tant que chef du service de sécurité intérieure en raison du « Russia thing », l’enquête toujours en cours concernant l’ingérence des Russes dans les élections et le rôle que Trump et son équipe de campagne peuvent y avoir joué. Dans Mensonges et vérités – Une loyauté à toute épreuve (4), Comey raconte comment se déroulent les choses sous Trump. Deux semaines avant l’investiture, des collègues au sein des services de sécurité le chargent d’informer Trump sur l’enquête en cours. Y compris sur l’accusation (non prouvée) d’un agent secret britannique affirmant que les Russes possèdent des enregistrements où l’on voit Trump regarder des prostituées uriner l’une sur l’autre dans sa chambre au Ritz-Carlton, lors d’une visite à Moscou en 2013. Trump éclate.

Washington, le 8 juin 2017. James Comey, le directeur limogé du FBI, témoigne sous serment devant le Sénat.
Washington, le 8 juin 2017. James Comey, le directeur limogé du FBI, témoigne sous serment devant le Sénat.  » Mon bon sens me disait qu’il voulait quelque chose en échange pour me permettre de rester à mon poste. « © BELGA IMAGE

DES ENTRETIENS NON SOUHAITÉS

Comey n’est pas au bout de ses surprises. À plusieurs reprises, Trump le prend à part – bien que la séparation des pouvoirs interdise tout contact individuel entre le président et un officier de justice. De plus, pendant ses contacts en face à face, Trump presse son directeur du FBI de lui rester fidèle : « J’exige la loyauté. » « Je crains que Trump souhaite compromettre l’indépendance du FBI », écrit Comey. Cette crainte est poussée à son paroxysme lorsque Trump demande à Comey d’abandonner l’enquête que le FBI mène sur son premier conseiller à la sécurité, Michael Flynn – celui-ci ment sur les contacts qu’il a entretenus avec les Russes pendant la campagne – et lui fait comprendre clairement que « la chasse aux sorcières assombrit la présidence comme un nuage néfaste « . Selon Comey, le président cherche à instaurer une relation de patronage avec son directeur du FBI, comme un parrain de la mafia exerce son contrôle sur ses complices. Il est frappé de voir que jamais Trump ne rit de bon coeur. L’autodérision lui est étrangère.  » Je me suis demandé si d’autres personnes l’avaient remarqué, ou l’avaient vu rire ne serait-ce qu’une fois au cours des milliers d’heures d’enregistrement vidéo qui ont été faites de lui. Je crois que son apparente inaptitude à le faire est liée à un profond manque de confiance en lui, une incapacité à se montrer vulnérable ou à prendre le risque d’apprécier l’humour des autres, ce qui – après réflexion – est assez triste pour un meneur d’hommes, et un peu effrayant pour un président. »

Le président américain Donald Trump s'exprime lors d'une réunion avec des membres du cabinet à la Maison Blanche à Washington après le limogeage de James Comey.
Le président américain Donald Trump s’exprime lors d’une réunion avec des membres du cabinet à la Maison Blanche à Washington après le limogeage de James Comey.© GETTYIMAGES

LES PSYCHIATRES MONTENT AU CRÉNEAU

Le 8 mars 2017 paraît dans le New York Times une lettre de deux psychiatres de renom, Judith Herman (Harvard) et Robert Jay Lifton (Columbia University). « Nous sommes tous deux très inquiets de son incapacité à distinguer les fantasmes de la réalité, et de ses accès de colère lorsque ses fantasmes sont contrecarrés. Dans les premières semaines de sa présidence, son comportement se dégrade encore alors que pendant sa campagne déjà, il manifeste des signes alarmants d’inaptitude mentale. »

« Sans apporter le moindre début de preuve, il prône des théories complotistes paranoïdes. Comme la presse pose des questions sur sa campagne et sur le rôle que les Russes pourraient y avoir joué, il ne cesse de traiter les journalistes d' »ennemis du peuple ». Ou voyez comment il accuse son prédécesseur Barack Obama de pratiques d’écoute illicites. Nos élus doivent nous protéger contre ce président dangereux. »

Peu après les élections du 8 novembre 2016, Judith Herman et sa collègue de Yale Bandy X. Lee soumettent une pétition contenant le même message à un grand nombre de leurs collègues.  » La majorité refuse de signer. Beaucoup nous conseillent de recourir à une assistance juridique parce qu’ils craignent que nous ne devenions une « cible » juridique. Ce qui montre une fois de plus que par crainte de représailles, de nombreuses personnes se censurent elles-mêmes. »

« Il ne faut pas être psychiatre pour réaliser que ce président souffre de problèmes mentaux », constate Herman. « Même les conservateurs avouent qu’il a l’esprit dérangé. Mais est-il vraiment fou à lier ou plutôt rusé comme un renard ? Est-il conscient de ses mensonges ou y croit-il lui-même ? Est-il véritablement paranoïde lorsqu’il agite de tous côtés les théories du complot, essaiet-il consciemment de détourner l’attention d’autres méfaits? » Sa conclusion quasi prophétique : « Les deux hypothèses sont possibles. Le pouvoir peut exacerber des traits pathologiques déjà présents et les renforcer jusqu’à la mégalomanie grotesque. Un leader qui règne par la peur, les mensonges et la trahison peut devenir un maniaque paranoïde isolé. Parce qu’à la fin, il ne fait même plus confiance à son cercle le plus rapproché. » Lors de l’investiture de Trump, le thérapeute comportemental John Gartner lance une autre pétition, dans laquelle il argumente que le président souffre d’un mélange de troubles du comportement tels que le narcissisme, la paranoïa, la sociopathie et une part de sadisme. C’est pourquoi Trump n’est pas en état de s’acquitter correctement de son mandat présidentiel. Plus de 60000 travailleurs de la santé signeront cette pétition.

Avec Judtih Herman, Bandy Lee, Robert Jay Lifton et deux douzaines d’autres psychologues et psychiatres professionnels, Gartner publie The Dangerous Case of Donald Trump (Le dangereux cas Donald Trump). À tour de rôle, chacun des signataires explique que Trump présente pratiquement tous les symptômes du narcissisme malin, en d’autres termes du trouble de la personnalité narcissique (TPN) tel que le décrit le manuel psychiatrique américain officiel DSM. L’obsession de la propreté, dont Trump avoue lui-même souffrir, est déjà un trouble névrotique sévère, mais le TPN est encore plus dangereux, et en réalité incurable.

Donald Trump en précampagne, ici en janvier 2015 à Pasadena, Californie. Une pose caractéristique. Il sera officiellement candidat le 15 juin.
Donald Trump en précampagne, ici en janvier 2015 à Pasadena, Californie. Une pose caractéristique. Il sera officiellement candidat le 15 juin.© GETTYIMAGES

ENRAGÉ, MAIS PAS MALADE

La révolte des psychiatres entraîne incontestablement des réactions. Comme la lettre du psychiatre Allen Frances (Duke university) parue dans le New York Times du 14 février 2017 :  » Beaucoup d’amateurs distinguent chez le président Trump, à tort, les symptômes du TPN, un trouble de la personnalité narcissique. Sachez que j’ai établi les critères déterminants pour le diagnostic du TPN, et que Trump n’y répond pas. »

« Il peut être un narcissique de première classe, mais cela n’en fait pas un malade mental […]. Il sème de sérieux troubles autour de lui, c’est un fait, mais lui-même n’en souffre pas. Il est amplement récompensé au lieu d’être sanctionné par son orgueil, son égocentrisme et son manque d’empathie. C’est insulter gravement les malades mentaux – qui sont généralement de bonne foi et affichent rarement un mauvais comportement – que de les mettre dans le même sac que Trump. Lui n’est pas de bonne foi et se comporte mal. Les insultes psychiatriques sont une déplorable façon de repousser l’attaque de M. Trump contre notre démocratie. Il peut et devrait être attaqué sur son ignorance, son incompétence, son impulsivité et sa poursuite de pouvoirs dictatoriaux. L’antidote est politique, pas psychologique. »

Le président américain lors d'un rassemblement à Washington en avril 2018. Trump a visé la plupart de ses cibles habituelles, les démocrates, les médias et l'ancien directeur du FBI, James Comey. Il exhorte ses partisans à voter aux élections de mi-mandat pour empêcher un retour en arrière de sa politique.
Le président américain lors d’un rassemblement à Washington en avril 2018. Trump a visé la plupart de ses cibles habituelles, les démocrates, les médias et l’ancien directeur du FBI, James Comey. Il exhorte ses partisans à voter aux élections de mi-mandat pour empêcher un retour en arrière de sa politique.© GETTYIMAGES

Nous laissons le dernier mot au Britannique David Owen, politicien et neurologue qui a consacré récemment un livre à ce sujet [voir aussi p. 89 et suivantes], intitulé Hubris. The Road to Trump. Power, Populism and Narcissism.  » Il est toujours difficile de constater une déviance mentale. Mais il est encore plus difficile d’affirmer avec certitude que quelqu’un n’en souffre pas. Selon moi, la disposition mentale de Trump représente un plus grand danger que sa politique partisane. De nombreux psychiatres estiment qu’il pourrait s’effilocher psychologiquement. Mais comme le Dr Allen Frances, je dois constater que sa personnalité ne se désintègre pas (encore). Tous mes bons contacts aux États-Unis me disent que les traits narcissiques puérils de sa jeunesse demeurent intacts. Certes, cela peut encore venir. Mais en l’état actuel des choses, je crains que Donald Trump ait de bonnes chances d’être réélu. « 

(1) Paru une première fois en français sous le titre Le plaisir des affaires (Ergo Press, 1988), puis une nouvelle fois sous le titre Trump par Trump (Archipel, 1917)

(2) Ed. Bandy X. Lee

3. Ed. Simon & Schuster, 2015

4. Ed. Flammarion, 2018

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire