Jean-Paul Ier, pape amical et éphémère à la mort nimbée de mystère
Son règne de 33 jours fut l’un des plus brefs de l’histoire de la papauté: Jean Paul Ier, pontife éphémère mort en 1978, est béatifié dimanche à Rome par le pape François.
Des milliers de personnes sont attendues sur la place Saint-Pierre pour la messe de béatification – étape précédant la canonisation et le fait de devenir « saint » – du « pape au sourire », qui avait déjà été déclaré « vénérable » en 2017.
Dernier pape italien, Albino Luciani, populaire et proche du peuple, avait succédé à Paul VI en août 1978, à l’âge de 65 ans. Mais il est décédé 33 jours et six heures plus tard, des suites d’un infarctus.
Aux premières heures du 29 septembre 1978, une religieuse avait découvert son corps sans vie, assis dans son lit avec ses lunettes sur le nez et quelques feuilles dactylographiées dans les mains. Aucune autopsie n’a cependant été menée pour confirmer les causes de sa mort.
L’annonce de son décès a été entourée de nombreuses incohérences et fausses informations et a même alimenté la théorie d’un assassinat par empoisonnement, car le nouveau souverain pontife souhaitait mettre de l’ordre dans les affaires de l’Eglise, et en particulier dans les malversations financières au sein de la banque du Vatican.
Jean-Paul 1er avait succédé à Paul VI en août 1978, à l’âge de 65 ans. Il est décédé 33 jours et six heures plus tard, des suites d’un infarctus
Cette « hypothèse du complot » a été renforcée par « une communication calamiteuse » du Vatican à l’époque, souligne auprès de l’AFP Christophe Henning, journaliste et auteur du livre « Petite vie de Jean Paul Ier ».
Comme lui, de nombreux spécialistes ont remis en question cette hypothèse, estimant qu’elle est davantage basée sur un ensemble de coïncidences que sur des éléments tangibles.
Dans un livre publié en 2017 et préfacé par le N.2 du Vatican, Mgr Pietro Parolin, la journaliste italienne Stefania Falasca, qui a activement soutenu le dossier de béatification et de canonisation de Jean-Paul Ier, avait également tordu le cou à ces rumeurs.
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« Amical avec tout le monde »
Né en 1912 dans le nord de l’Italie au sein d’une famille ouvrière très modeste, Albino Luciani, docteur en théologie fait patriarche de Venise, avait été créé cardinal par Paul VI en 1973.
Pendant son court pontificat, Jean Paul Ier, vu comme un homme de consensus, a réussi à imprimer un style plus simple dans sa manière d’être pape.
Il a défendu l’opposition de l’Eglise à l’avortement et à la contraception, tout en engageant une réforme interne. Très sensible à la pauvreté, il avait aussi affirmé l’importance de donner un « salaire équitable » à tous.
D’une « grande simplicité », doté d’une « forte fibre pastorale », il a « humanisé la fonction (papale) et simplifié tout ce qui était protocolaire », explique à l’AFP Christophe Henning.
Soeur Margherita Marin, qui assistait Jean Paul Ier dans les appartements pontificaux, se souvient d’un homme « amical avec tout le monde ».
« Il traitait ses collaborateurs avec beaucoup de respect, en s’excusant de les déranger. Je ne l’ai jamais vu montrer de l’impatience envers qui que ce soit », s’est remémoré la religieuse vendredi lors d’une conférence de presse.
La reconnaissance des vertus héroïques précède une béatification, laquelle exige un miracle. Il faut ensuite un second miracle, validé par le Vatican, pour être « canonisé » et obtenir le statut de « saint ».
Le miracle attribué à Albino Luciani est la guérison inexpliquée, en 2011 à Buenos Aires, d’une fillette de 11 ans qui était mourante mais se serait rétablie grâce aux prières du prêtre local invoquant Jean Paul Ier.
Parmi les papes récents, les Italiens Jean XXIII (1958-1963) et Paul VI (1963-1978) ainsi que le Polonais Jean-Paul II (1978-2005) ont été canonisés.
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