Il y a 75 ans, l’enfer nucléaire à Hiroshima et Nagasaki
Le 6 août 1945, un bombardier américain B-29 larguait la première bombe atomique de l’histoire sur Hiroshima, dans l’ouest du Japon. Trois jours plus tard, le même cauchemar se répétait à Nagasaki (sud-ouest du pays).
Voici les effets dévastateurs de ces deux bombes nucléaires, les seules à ce jour à avoir été utilisées en temps de guerre, qui ont causé la mort de 140.000 personnes à Hiroshima et 74.000 à Nagasaki entre août et fin 1945.
Une boule de feu
La première chose que beaucoup d’habitants de Hiroshima ont remarquée le matin du 6 août 1945 a été une « intense boule de feu », selon les termes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
« Little Boy », la bombe A qui a explosé à environ 600 mètres au-dessus de Hiroshima, avait une puissance proche de 15.000 tonnes de TNT.
Celle larguée sur Nagasaki, surnommée « Fat Man », avait une puissance encore plus forte, estimée à 21.000 tonnes de TNT.
On estime à 7.000 degrés la température atteinte à l’épicentre de la bombe à Hiroshima. Une fournaise qui a provoqué des brûlures graves et pour beaucoup mortelles dans un rayon d’environ 3 kilomètres.
L’éclair intense des explosions a aussi entraîné cécités temporaires et lésions oculaires irréversibles, selon le CICR.
Le rayonnement thermique qui a suivi en une fraction de seconde les explosions a provoqué de nombreux incendies qui ont tout dévasté sur plusieurs km2 à Hiroshima et Nagasaki, où la plupart des constructions étaient en bois à l’époque.
Les brûlures et les incendies auraient été la cause de plus de la moitié des décès immédiats à Hiroshima.
Le souffle et les radiations
De nombreuses personnes ont aussi été tuées ou gravement blessées par des débris volants, d’autres par l’effondrement de bâtiments ou en étant projetées en l’air.
Les explosions atomiques ont aussi émis des radiations nocives à court et long terme: la « maladie des rayons » a affecté beaucoup de ceux qui avaient survécu aux dévastations immédiates à Hiroshima et Nagasaki.
Des syndromes « d’irradiation aiguë » – vomissements, maux de tête, diarrhées, hémorragies, perte de cheveux – pouvaient entraîner la mort en quelques semaines ou mois.
Et les « hibakusha » (les survivants de la bombe, en japonais) ont été exposés pour le restant de leur vie à un risque accru de développer certains cancers.
Sur quelque 50.000 personnes irradiées des deux villes suivies par la fondation de recherche américano-japonaise RERF (Radiation Effects Research Foundation), une centaine sont décédées d’une leucémie et 850 d’entre elles de cancers liés aux radiations.
Les conséquences
Hiroshima et Nagasaki ont porté le coup de grâce au Japon, qui a capitulé le 15 août 1945, mettant ainsi fin à la Seconde Guerre mondiale.
Mais les historiens continuent de débattre pour savoir si cette double attaque nucléaire a réellement permis d’épargner davantage de vies en précipitant la fin du conflit.
Le calvaire tant physique que psychologique de nombreux hibakusha a duré toute leur vie. Beaucoup ont longtemps tu leurs souffrances et ont subi des discriminations, notamment en matière de mariage.
Car de nombreux Japonais ont cru à tort pendant des décennies que « la maladie des rayons » était héréditaire, voire contagieuse, et évitaient ainsi de fréquenter des hibakusha.
Dans l’après-guerre, le gouvernement japonais a créé un statut de « victime officielle » des bombes atomiques, octroyant des soins gratuits. Mais ce droit a été accordé dans des conditions restrictives, écartant des milliers de victimes.
De nombreux hibakusha sont devenus de fervents militants des causes pacifiste et antinucléaire, voyageant dans le monde entier pour témoigner.
L’an dernier, le pape François s’est notamment rendu à Hiroshima et Nagasaki pour redire « non » à l’arme atomique.
En 2016, Barack Obama avait été le premier président américain en exercice à visiter Hiroshima.
Lui aussi avait alors plaidé pour un monde sans armes nucléaires, sans toutefois s’excuser au nom des Etats-Unis pour la tragédie japonaise d’août 1945.
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