Et si la momification était plus ancienne qu’on ne le pense?
Les restes d’un noble de haut rang découverts en 2019 suggèrent que l’Égypte antique pratiquait des techniques de momification étonnamment sophistiquées bien plus tôt qu’on ne le pensait, selon de nouvelles preuves qui pourraient bouleverser l’Histoire.
La tombe d’un prénommé « Khuwy », qui aurait été un noble de haut rang, a été découverte en mars 2019 dans la vaste nécropole de Saqqara, au sud de la capitale égyptienne. Le corps, à l’étude depuis, a révélé de nouveaux secrets sur l’Histoire de l’Égypte antique. Il s’avérerait plus ancien qu’on ne le pensait, ce qui est en fait l’une des plus vieilles momies égyptiennes jamais découvertes.
Selon les chercheurs, les restes momifiés dateraient de l’Ancien Empire – période de l’Histoire qui couvre une large partie du troisième millénaire (d’environ 2700 avant J.C à 2200 avant J.C) avant notre ère. Ces travaux suggèrent donc que les techniques de momification d’il y a environ 4000 ans étaient déjà très avancées. Soit, 1000 ans plus tôt que les momies découvertes jusqu’ici.
Une technique plus sophistiquée que prévu
À l’époque, on prêtait normalement davantage attention à l’aspect extérieur du défunt qu’à l’aspect intérieur (embaumement des organes, du cerveau…). « Jusqu’ici, nous pensions que la momification durant l’Ancien empire était relativement simple, avec une dessiccation basique – pas toujours réussie – pas de retrait du cerveau et un retrait des organes internes seulement occasionnel » , a déclaré à l’Observer le professeur Salima Ikram, responsable de l’égyptologie à l’Université américaine du Caire et grande spécialiste de l’histoire de la momification. « L’utilisation de résines est aussi bien plus limitée dans les momies de l’Ancien empire connues jusqu’ici ».
La dépouille de Khuwy livre pourtant une tout autre histoire. L’usage d’une résine de haute qualité et d’un bandage en tissu de lin fin pour embaumer le corps montre en effet que la technique de momification employée ici est particulièrement sophistiquée. Bien plus que ce à quoi les archéologues s’attendaient. « Elle ressemble davantage à des momies trouvées 1000 ans plus tard ».
Hiéroglyphes, poteries, matériaux utilisés…
On pourrait dès lors douter de l’âge de la momie… Et pourtant, des preuves indirectes pointent vers l’Ancien Empire. Les archéologues ont notamment déchiffré des hiéroglyphes inscrits sur le mur de la tombe qui indiquent clairement l’identité du mort ainsi que ses origines. Il s’agirait donc de la dernière demeure d’un haut fonctionnaire de la cinquième dynastie, parent de la famille royale. Les différentes poteries et vases canopes – destinés à recevoir les viscères embaumés du défunt – retrouvés sur les lieux semblent également avoir été fabriqués durant l’Ancien Empire.
« S’il s’agit bien d’une momie de l’Ancien Empire, cela bouleverserait complètement notre compréhension de l’évolution de la momification », a ajouté le professeur. « Les matériaux utilisés, leurs origines et les routes commerciales qui leur sont associées auront un impact considérable sur notre compréhension de l’Égypte de l’Ancien Empire. »
Des doutes, et de nouveaux tests
Mais même si les indices s’accumulent, des tests plus poussés doivent encore être menés pour confirmer avec certitude que la momie date bien d’il y a 4000 ans et qu’il s’agit bien de Khuwy. Il est en effet possible qu’une autre personne ait été momifiée et enterrée des siècles plus tard dans cette même tombe réaffectée.
D’autant que la chambre funéraire, très endommagée, portait les traces du passage de pilleurs. « Je reste incertaine tant que nous n’avons pas pu conduire de datation au carbone-14« , a confié le Dr. Ikram à The National. Les analyses devraient prendre six à huit mois.
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