Erwin Rommel
Les exploits d’Erwin Rommel en ont fait une légende vivante, tant dans le camp allié que dans le IIIe Reich. Un héros accro à la pervitine, un puissant stimulant appelé aussi crystal meth, ou méthamphétamine.
15 novembre 1891 – 14 octobre 1944
Un fin renard bourré d’amphétamines
Fils d’un professeur de mathématiques, il opte très tôt pour la carrière militaire
Proche d’Hitler, il ne sera pourtant jamais membre du parti nazi
Se suicide le 14 octobre 1944
Intrépide
Jeune élève officier, il se fiance à Lucia Maria Mollin ( » Lucie « ), la fille d’un grand propriétaire terrien. Il noue ensuite une relation avec une jeune marchande de fruits et légumes qui lui donnera une fille illégitime, Gertrud, mais épouse finalement Lucie, un bien meilleur parti. De cette union naîtra un fils, Manfred (maire de Stuttgart de 1976 à 1996). Les deux enfants seront élevés ensemble au sein de leur couple uni, qui entretiendra jusqu’à sa mort la mère de sa » nièce » Gertrud.
La vie privée de Rommel est à l’image de sa carrière mouvementée, celle d’un homme prompt à saisir toute opportunité sortant de l’ordinaire. Au cours de la Première Guerre mondiale, il se distingue en tant que sous-officier par quelques prodigieuses attaques éclairs aussi fracassantes qu’intrépides. Pour lui, l’eff et de surprise est synonyme de victoire, même face à des forces supérieures. Un prélude à la Blitzkrieg, mais sans ses fameux Panzers. Après cette guerre, ses hauts faits d’armes et son charisme en font une personnalité de premier rang. Lors de l’invasion de la Pologne, il accompagnera partout Hitler au titre de commandant de la sécurité du Führer. Mais il ne se fera jamais membre du parti nazi.
Légende vivante
Au début de l’invasion éclair de la France, Rommel est à la tête d’une division blindée. Au cours de la percée en direction de la Manche, il brille à nouveau par d’écrasantes attaques-surprises. Début 1941, il est transféré en Afrique du Nord pour libérer les alliés italiens pris au piège en Libye par les forces britanniques. Le long et crucial siège de la ville portuaire de Tobrouk est le principal épisode qui fera de lui une légende vivante. C’est d’ailleurs là que la presse britannique lui donne le surnom de » Renard du désert « . Après la guerre, la preuve sera faite que Rommel menait toutes ses actions héroïques sous l’influence de la pervitine, raison pour laquelle l’écrivain allemand Norman Ohler parle plutôt de Kristalfuchs : le » Renard de crystal « . Hitler lui-même usait aussi du même stimulant addictif.
De Tobrouk, Rommel met le cap sur Alexandrie (en Egypte) pour confisquer aux Britanniques le contrôle du canal de Suez, mais les renforts indispensables lui sont refusés par Hitler – le Führer donne la priorité absolue au front de l’Est. Mauvaise tactique. Sans le canal de Suez, les Britanniques auraient perdu l’accès à leurs ressources pétrolières du Moyen-Orient et l’offensive allemande sur le Caucase, autre région riche en pétrole, pourrait dès lors s’envisager sous de meilleurs auspices. A l’automne 1942, Bernard Montgomery, désormais commandant en chef des troupes britanniques en Egypte, réussit finalement à retenir Rommel pour l’emporter dans sa riposte à la double bataille d’El Alamein.
Dans l’intervalle, les Américains ont eux aussi débarqué sur le sol nord-africain. A la bataille de Kasserine, en Tunisie, Rommel leur inflige une dernière humiliation retentissante. Mais la supériorité des Alliés devenant trop importante, Hitler préfère le rappeler d’Afrique pour éviter que ce général si emblématique ne perde la face. Et tout le reste de la guerre, Rommel devra se plier – comme beaucoup d’autres officiers de son rang – à l’arbitraire hitlérien avec son lot de nominations différées, limogeages inopinés et réhabilitations toujours plus laborieuses.
En novembre 43, Rommel finit par être réaffecté en Normandie pour y consolider le mur de l’Atlantique. Il plaide alors pour que l’ennemi soit immédiatement refoulé à la mer, la contre-attaque promettant d’être bien plus ardue s’il parvenait à édifier une tête de pont. Mais le commandant du front occidental Gerd von Rundstedt veut plutôt garder ses troupes en retrait pour lancer la contre-offensive depuis ses bases arrière. Rommel a beau avoir raison, cette fois encore, Hitler ne voudra rien entendre.
Masque de mépris
Rommel était-il au fait de la conspiration de von Stauffenberg contre le Führer ? Le général Heinrich Eberfach, un prisonnier de guerre mis sur écoute par les Britanniques, relatera à son fils comment Rommel lui avait dit un jour que la mort d’Hitler et de ses acolytes serait le seul moyen de sortir de cette guerre déjà perdue. Mi-juillet 1944, dans un courrier adressé à Hitler, Rommel donne au Führer une » dernière chance » de » signer immédiatement la paix à l’ouest « . Hitler ne recevra sa lettre qu’après l’attentat. Entre-temps, Rommel a été grièvement blessé dans un raid aérien allié. Après les faits, plusieurs conspirateurs avoueront sous la torture que Rommel faisait bien partie du complot. Un » conseil d’honneur » – une cour martiale informelle notamment constituée par Wilhelm Keitel, Gerd von Rundstedt et Heinz Guderian – aboutira à la même conclusion.
Le 14 octobre 1944, deux généraux envoyés par Hitler offrent à Rommel ces trois options : plaider sa propre cause devant Hitler, affronter un tribunal nazi officiel ou bien se suicider en toute discrétion. Dans ce dernier cas, il y gagnera des funérailles d’Etat et une pension à vie pour sa veuve et son fils. L’un des généraux porte sur lui une capsule de poison. Tout en ayant choisi le cyanure, Rommel nie toute implication. Un masque de mépris déforme le faciès de sa dépouille. La cause du décès sera soigneusement gardée secrète. Fidèle à sa promesse, Hitler décrétera un jour de deuil national. Rommel est inhumé en grande pompe à Ulm, où le Führer se fera représenter par von Rundstedt.
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