Des historiens algériens saluent un grand « pas » de la France sur la mémoire de la guerre
Un « pas » significatif dans le douloureux travail de mémoire: autorités et historiens algériens ont salué vendredi la reconnaissance par la France de sa responsabilité dans la mort sous la torture du militant indépendantiste Maurice Audin lors de la guerre d’Algérie.
« C’est un grand jour », assure Amar Mohand Amer, historien et chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d’Oran, grande ville de l’ouest algérien. Cette reconnaissance « renvoie à un des nombreux traumatismes de la colonisation (…) la torture et les disparitions de milliers de militants de la cause nationale (algérienne) qu’ils soient musulmans, juifs, chrétiens ou autre », explique-t-il à l’AFP.
Arrêté le 11 juin 1957, en pleine bataille d’Alger, probablement par des parachutistes français, Maurice Audin, militant du Parti communiste algérien engagé pour l’indépendance de l’Algérie, fait partie des nombreux disparus de la guerre. Durant des années, l’État français avait expliqué sa disparition en parlant d' »évasion au cours d’un transfert » sans jamais convaincre ses proches.
Jeudi, Emmanuel Macron s’est finalement rendu chez sa veuve, Josette Audin, 87 ans, pour reconnaître publiquement que la disparition à 25 ans de son mari et père de trois enfants avait été « rendue possible par un système » et que Maurice Audin a « été torturé puis exécuté, ou torturé à mort ».
La « reconnaissance par la France de l’assassinat de Maurice Audin est une avancée », a réagi à Alger le ministre des Moudjahidine (anciens combattants) Tayeb Zitouni, qui y voit une « une preuve qu’il y aura davantage de reconnaissances » des crimes commis par la France durant la guerre d’Algérie.
Jeudi, le président français s’est aussi engagé à garantir « la libre consultation » des archives concernant les disparus civils et militaires, français et algériens, du conflit.
Français, Maurice Audin est toujours considéré en Algérie comme un héros et un « martyr » de l’indépendance algérienne. Une place porte son nom en plein centre de la capitale, non loin de la faculté où il enseignait. Une plaque à sa mémoire y est apposée.
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