De la « purification de la race aryenne » à l’annihilation de masse
Le génocide du peuple juif va de pair avec la concrétisation du « darwinisme social », une pseudo-thèse scientifique érigée en principe naturel au nom de la culture eugéniste prônée par le nazisme. Le surhomme aryen ne peut que triompher des sous-hommes. Les « mauvaises graines » doivent à tout prix être extirpées de l’humanité, ou à l’extrême rigueur servir d’esclaves à la « race des seigneurs ».
Le 14 juillet 1933, le Reich allemand instaure une « politique de santé héréditaire ». Les citoyens physiquement ou mentalement frappés par une « infirmité » congénitale sont légalement condamnés par le régime nazi à la stérilisation forcée. Dans cette première étape vers la « purification de la race aryenne », quelque 200 à 400 000 personnes se sont vu infliger pareil traitement. En novembre, Hitler et ses partisans franchissent un nouveau cap avec le vote d’une loi contre les « criminels irréformables et asociaux ». Désormais, les mendiants, sans-abri, alcooliques endurcis et même les chômeurs de longue durée sont internés dans des camps de concentration.
Par la suite, en été 1935, les femmes que les nazis soupçonnent de porter une « progéniture souillée » en raison d’un « écart de conduite » – autrement dit un rapport sexuel avec un non-aryen – sont contraintes d’avorter. A partir de l’année 1936, les homosexuels sont à leur tour désignés comme « ennemis du peuple ». Enfin, en août 1939, Hitler prend la décision de procéder, en secret mais de façon systématique, à l’élimination de tout individu déclaré mentalement ou physiquement inapte à la vie. Ces « vies sans valeur » ( Lebensunwertes Lebens) sont interrompues par des méthodes qualifiées d' » euthanasie », une mort sans douleur. Dans les camps, les salles de douche sont transformées en chambres à gaz, et des fourgons sont également aménagés en unités de gazage mobiles. Le gaz utilisé est du monoxyde de carbone, les gaz d’échappement du moteur sont dirigés vers l’intérieur de la cabine. Cette première phase conduira plus de 70000 personnes à la mort.
Ces pratiques étant bientôt divulguées, les nazis craignent l’émoi qui peut en résulter. Hitler juge alors nécessaire de légitimer l’eugénisme. Pour couvrir les auteurs de ces exécutions par milliers, il leur en donne mandat par écrit, antidatant les documents au 1er septembre 1939. Des affiches de propagande représentent un homme sain soutenant un homme chétif et difforme. » 60 000 reichsmarks, le coût que le Peuple doit supporter durant la vie de cet individu atteint de défauts héréditaires. Camarade, c’est aussi ton argent« , annonce la légende.
Cette campagne de purification raciale a par après reçu le nom de code Aktion T4 – pour Tiergartenstrasse 4 : l’adresse du siège de sa direction à Berlin. Cette entreprise sera stoppée à la mi-août 1941, principalement sous la pression d’évêques catholiques s’élevant dans leurs sermons contre le « néopaganisme ». Les euthanasies reprennent néanmoins à un stade plus avancé de la guerre. La deuxième phase sera fatale à 87 000 victimes, un bilan très sous-évalué selon certains, qui en dénombrent jusqu’à 212 000 de nationalité allemande plus quelque 80 000 étrangers. Désormais éprouvées, les techniques de destruction massive – y compris des expériences médicales pratiquées sur des sujets en vie – vont être portées à un niveau industriel avec la répression systématique des Juifs, de nombreux bourreaux SS étant réaffectés du groupe d’ Aktion T4 dans les nouveaux camps d’extermination. (FDS).
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