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Hommage à Jean-Louis Trintignant: cinq films à revoir

Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Figure majeure du cinéma et du théâtre français, Jean-Louis Trintignant s’est éteint le 17 juin à l’âge de 91 ans. Ses films parlent pour lui, nous en avons choisi cinq à revoir.

Lancée au mitan des années 1950 par Et Dieu… créa la femme, de Roger Vadim, la carrière de Jean-Louis Trintignant allait courir sur sept décennies, l’acteur imposant son charme subtil, son regard perçant, son timbre inimitable mais aussi son mystère chez Risi, Lelouch, Costa-Gavras, Rohmer, Bertolucci, Truffaut, Kieslowski, Audiard, Chéreau, Haneke et beaucoup d’autres. Un parcours d’exception, que cet homme d’une grande pudeur envisageait avec (trop de) modestie, seuls quelques-uns de ses 120 films trouvant grâce à ses yeux, lui qui confessait encore détester « les numéros d’épate », et préférer se mettre au service de ses metteurs en scène et partenaires. Discret, Trintignant, que les tragédies intimes n’avaient pas épargné, est parti comme il avait vécu, sans tapage.

Et dieu… créa la femme – Roger Vadim (1956)

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Avec Et Dieu… créa la femme, Roger Vadim, un réalisateur débutant, entend imposer celle qui est alors son épouse, Brigitte Bardot. L’entreprise réussit au-delà de ses espérances: le film, qui déchaîne l’hystérie médiatique, lance le mythe BB – et incidemment Saint-Tropez –, mais consacre aussi la naissance d’un acteur, Jean-Louis Trintignant, amoureux de sa partenaire à l’écran et bientôt dans la vie. Exposée au regard des paparazzi, leur idylle ne durera qu’un temps. Pas sa carrière…

Le conformiste – Bernardo Bertolucci (1970)

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Entre l’Italie et Jean-Louis Trintignant, c’est une longue histoire d’amour, balisée de quelques réussites majeures: le grinçant Le Fanfaron, de Dino Risi, le western enneigé Le Grand Silence, de Sergio Corbucci et, bien sûr, Le Conformiste, de Bernardo Bertolucci. L’acteur y trouve l’un de ses rôles les plus forts et les plus troubles, celui d’un homme devenu fasciste moins par conviction que par désir de rentrer dans la norme et que sa lâcheté entraînera dans une spirale dévastatrice.

Vivement dimanche – François Truffaut (1983)

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Il aura fallu attendre l’ultime film du réalisateur pour que la route de Jean-Louis Trintignant croise celle de François Truffaut. Vivement dimanche n’est sans doute pas le meilleur opus de son auteur. Il n’en recèle pas moins un charme difficilement résistible, délicieuse variation sur le film noir où le duo que l’acteur compose avec Fanny Ardant – lui, en agent immobilier soupçonné de meurtre, elle, dans le rôle de sa secrétaire déterminée à le tirer d’affaire – fait des étincelles.

Un homme et une femme – Claude Lelouch (1966)

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La rencontre fortuite de deux solitudes blessées, elle (Anouk Aimée), scripte dont le mari cascadeur est mort sur un tournage, et lui (Jean-Louis Trintignant), pilote automobile dont la femme s’est suicidée, ouvre sur une histoire d’amour fulgurante que Claude Lelouch met en scène avec un sens consommé du romanesque. Le reste, Deauville, la Ford Mustang sur la plage, la musique de Francis Lai et les chabadabada, la Palme d’or à Cannes ou l’Oscar appartiennent à l’histoire.

Amour – Michael Haneke (2012)

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Le réalisateur autrichien Michael Haneke sort Jean-Louis Trintignant de sa retraite cinématographique pour Amour, où il l’associe à Emmanuelle Riva pour composer un couple d’octogénaires confrontés à la mort. Un drame intime que le cinéaste aborde avec élégance et humanité, pour atteindre, avec le concours d’un admirable duo d’acteurs, une bouleversante et douloureuse justesse, saluée de Cannes aux Oscars. Le réalisateur et le comédien se retrouveront pour un… Happy End.

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