5 questions à se poser avant de consommer de la sève de bouleau
La dernière tendance détox? La sève de bouleau. Cette boisson rafraîchissante a la réputation d’être salutaire. Cependant, non seulement elle est coûteuse mais sa consommation peut être risquée.
En avril surgissent généralement les premiers récipients — bouteilles, bidons, cruches — accrochés aux branches et écorces des bouleaux. La collecte de la sève de cet arbre est une coutume, principalement en Scandinavie et en Europe de l’Est.
Au début du printemps, le bouleau absorbe l’eau du sol pour générer de nouvelles feuilles, libérant les nutriments accumulés dans ses racines durant l’hiver. Ce nectar rafraîchissant gagne en popularité à travers le monde. La raison? La sève de bouleau aurait de prétendues vertus purificatrices et revitalisantes. En Belgique, nul besoin de percer les arbres pour en profiter: l’eau végétale pure est disponible dans presque tous les magasins d’alimentation naturelle, bien qu’à un prix élevé – 16,50 euros le demi-litre – en raison d’une période de récolte courte et à la sophistication du processus qu’elle nécessite.
Pour bénéficier pleinement d’une cure de sève de bouleau, il faut en consommer chaque matin à jeun un demi-verre pendant 20 jours, pas plus. La sève a des effets diurétiques et dépuratifs, une consommation prolongée pourrait surcharger les reins.
1. Pourquoi entamer une cure?
Riche en manganèse, la sève de bouleau aide à réguler la glycémie et à renforcer la structure osseuse par l’absorption de calcium. Elle contient également du calcium, du zinc, du phosphore, du fer, du cuivre, du potassium, du magnésium, de la vitamine C et des polyphénols qui réduisent les inflammations — des substances bioactives essentielles néanmoins aussi présentes dans une alimentation variée et équilibrée. On lui attribue encore d’autres effets bénéfiques, comme la réduction des douleurs articulaires, le renforcement du système immunitaire, la baisse du cholestérol, l’amélioration de la qualité de la peau et une augmentation de la vitalité générale.
Boire de la sève de bouleau n’est pas recommandé pour les allergiques.
2. Quid des fondements scientifiques?
Aucune étude clinique n’a confirmé les bienfaits détoxifiants et revitalisants d’une cure de sève de bouleau. Les chercheurs trouveraient difficilement des financements industriels pour étudier un produit disponible gratuitement dans la nature. Bien que la sève contienne de la saponine, qui pourrait aider à réguler le cholestérol et améliorer l’immunité, les recherches restent peu concluantes. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la sève de bouleau constitue une source d’hydratation supplémentaire après un effort physique. Selon Elina Ciekure, experte en sécurité alimentaire en Lettonie, où la sève de bouleau est extrêmement populaire, elle n’est guère différente de l’eau minérale.
3. Quelle est l’origine de ses prétendues vertus?
La sève de bouleau jouit d’une longue tradition comme boisson santé, attisant l’imaginaire. Autrefois, le bouleau était considéré comme un arbre sacré dans le nord et l’est de l’Europe. De plus, il était utilisé traditionnellement comme remède: les Tchèques le croyaient bénéfique pour la fertilité, les Irlandais l’utilisaient contre les maux d’oreille et les Slovaques en donnaient aux bébés faisant leurs dents. Ces traditions anciennes confèrent une aura de bienfaisance au produit, bien que l’idée de «l’eau sacrée» guérissant les maux relève plus de la pseudo-science et du marketing.
4. Quels sont les effets secondaires?
En l’absence d’études approfondies, il faut rester vigilant quant aux effets secondaires potentiels, tels qu’un risque d’intoxication au manganèse. Les personnes atteintes de maladies hépatiques doivent être particulièrement prudentes, tout comme celles souffrant de problèmes rénaux, en raison de l’effet diurétique.
5. Diminue-t-elle l’allergie aux pollens de bouleau?
Le bouleau est l’arbre causant le plus de symptômes de «rhume des foins». Chaque année, dès avril, et de plus en plus tôt, cela devient problématique pour environ un demi-million de Belges allergiques aux pollens de bouleau. Une exposition légère aux allergènes est de plus en plus utilisée comme thérapie. Toutefois, boire de la sève de bouleau n’est pas recommandé pour les allergiques, car cela pourrait déclencher des réactions sévères, surtout chez ceux souffrant d’asthme allergique sous-jacent, selon Jasmine Leus, experte à la Belgian Association of Pediatric Allergologists (Bapall). Bien que certains, même très jeunes, bénéficient d’une immunothérapie avec des extraits polliniques standardisés, la sève de bouleau, de composition protéique différente, n’est pas conseillée. Ce type de «remède» peut s’avérer dangereux pour les allergiques.
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