
Vols de voitures: une métropole wallonne dans le rouge, même si les faits diminuent (carte)
Les vols de voitures restent un phénomène lié fortement à l’environnement urbain, avec des zones plus touchées, notamment dans le Hainaut. Ces délits influencent à la marge le prix de l’assurance auto, qui sera différent d’un endroit à l’autre du territoire.
Charleroi décroche un triste titre: celui de la ville wallonne enregistrant le plus de vols de voitures rapportés au nombre d’habitants, selon les données agrégées de la police fédérale. Avec en moyenne 547 faits par année, soit environ 1,5 vol chaque jour (période 2015-2023, les chiffres 2024 n’étant pas encore complets), cela donne un ratio de 26,8 vols pour 10.000 résidents dans la cité carolo.
Dans les communes autour de la métropole wallonne, les chiffres sont également élevés et le Hainaut affiche une moyenne globalement plus importante qu’ailleurs. Liège et ses alentours ainsi que Bruxelles dévoilent des chiffres également assez hauts, même si dans la capitale aucune commune bruxelloise ne dépasse les 15 faits/10.000 habitants.
Un effet le long de la frontière française se marque également, avec des chiffres parfois sensiblement plus élevés dans certains communes frontalières. C’est le cas dans le haut du Hainaut, à Mouscron notamment. «La proximité avec la France joue clairement dans les chiffres. Nos collègues français retrouvent des véhicules belges volés mais l’inverse est vrai également, avec des véhicules français retrouvés chez nous», signale le service de prévention des vols de la police mouscronnoise.
Des réseaux bien organisés sévissent régulièrement dans le nord de la France et débordent jusqu’en Belgique, en ciblant certains véhicules. «Ils connaissent les failles technologiques de certaines marques, dupliquent des clés et désactivent les systèmes de suivi. Ce sont clairement des réseaux avec des moyens, car un vol de voiture ça ne s’improvise pas», poursuit la police locale de la zone.
Rebond après Covid, mais tendance en baisse
Ces statistiques par commune doivent être replacées dans un contexte de diminution globale des vols de voitures en Belgique. De près de 7.000 faits enregistrés dans la base de données de la police fédérale en 2015, les vols de ce type sont passés à 4.200 en 2023, soit 40% de moins.
Les années 2020 et 2021 se situent encore plus bas, autour de 3.500 faits, mais dénotent dans la tendance générale, à cause des restrictions liées au Covid et aux confinements successifs. Un facteur qui a impacté de très nombreux faits criminels enregistrés durant deux ans, pas seulement pour les vols de voitures d’ailleurs.
Les vols dans les voitures (objets de valeur, argent, sac, etc.), avec ou sans dégâts au véhicule, affichent des tendances similaires au niveau du nombre de faits, plutôt en lente diminution. Les chiffres pour ce type de faits reflètent ici davantage l’activité d’enregistrement auprès de la police: si le vol d’une voiture est forcément signalé, certains vols à l’intérieur des véhicules peuvent être absents des statistiques si aucune déclaration n’est faite.
De plus de 36.000 vols dans un véhicule en 2015, le nombre total de faits est passé à 31.000 en 2023. La capitale affiche ici les chiffres les plus alarmants, avec Bruxelles en tête (212 vols dans un véhicule/10.000 habitants), suivi par Saint-Gilles (207), Liège (204), Anderlecht (141) et à nouveau Charleroi (140).
Une influence sur le prix de l’assurance?
Les statistiques criminels jouent un rôle dans l’appréciation des primes d’assurances, même si l’effet est bien plus visible pour une assurance habitation que pour celle des voitures. Pour cette dernière, seules les assurances complémentaires (mini omnium, full omnium, etc.) couvrent l’assuré en cas de vol du véhicule ou de bris de vitre, par exemple.
La diminution du nombre de faits de vol n’a pas eu d’impact significatif sur la prime payée, poussée à la hausse par d’autres critères, dont les frais de réparation toujours plus élevés. «La part de la prime vol ne constitue qu’une fraction de la prime totale, résume Renate Hufkens, porte-parole de Baloise, n°3 du marché. Les économies réalisées grâce à la diminution du risque du vol de la voiture sont compensées de manière négative par les dépenses en hausse dans les autres garanties. Les voitures sont de plus en plus sophistiquées. Cela a augmenté d’une part leur prix d’achat et donc l’indemnisation en cas de perte totale et, d’autre part, la complexité et les frais de réparation.»
Le point principal faisant gonfler, ou diminuer, le prix d’une assurance auto se trouve donc plutôt du côté des accidents. L’environnement urbain, avec sa densité de trafic et ses multiples usagers, impacte fortement l’évaluation du risque par l’assureur. Pas étonnant d’y voir les prix les plus élevés pour s’assurer.
Les assurances font partie des critères analysés par Le Vif dans son dossier consacré aux coûts invisibles de la vie par commune. A découvrir en cliquant sur la bannière.
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