Voici pourquoi Sophie Wilmès hésite: les socialistes proposent une tripartite classique minoritaire
La Première ministre libérale est sollicitée par les socialistes pour prendre en mains les négociations. Mais il y a trop de flou dans leur rapport, la formule proposée (sans la N-VA) laisse les libéraux sceptiques et il y a trop d’urgences encore à gérer.
Les présidents socialistes, Paul Magnette (PS) et Conner Rousseau (SP.A) ont donc remis le « rapport final » consécutif à leurs consultations en un exemplaire écrit, à la Première ministre Sophie Wilmès (MR). En lui confiant qu’elle était dès à présent la femme de la situation pour endosser le rôle de formatrice d’un gouvernement fédéral majoritaire de plein exercice. Car la fin des pouvoirs spéciaux approche, elle sera effective à la fin du mois, et « ce gouvernement-ci ressemblera alors au Radeau de la Méduse », ironisait ce mardi matin Bruno Tobbak (SP.A) sur LN24.
Sophie Wilmès temporise et prend le temps d’étudier la situation. Elle n’a pas encore répondu explicitement à la sollicitation socialiste. Parce que, de son point de vue, la séquence n’est pas terminée. Au moins quatre raisons expliquent sa prudence.
1 La note socialiste est trop floue
Selon plusieurs sources, le travail mené par le duo Magnette – Rousseau est loin d’être une épure finalisée permettant la mise en place rapide d’un gouvernement fédéral. « Du vent », lâche même un acteur à La Libre. C’est certainement le ressenti au MR, mais le parti prend le temps de l’étude : le président Georges-Louis Bouchez s’est abstenu de réagir rapidement. Ecolo, pour sa part, grince déjà des dents : si on n’entend rien, c’est que « c’est un échec », souligne Georges Gilkinet, son chef de groupe à la Chambre.
2 La piste proposée ne convainc pas
En outre, si la conclusion de ce rapport final tend à indiquer le chemin d’une coalition possible. Or, celle-ci serait tout sauf convaincante pour les libéraux. Les socialistes proposeraient en effet une tripartie classique mioritaire associant scialistes, libéraux et sociaux-chrétiens, selon Le Soir.
Le gouvernement minoritaire ainsi formé devrait chercher en fonction des projets sur la table le soutien des écologistes et/ou de la N-VA. Ce serait le « moteur » que pourrient rejoindre, plus tard ou ponctuellement, les autres partenaires. Toute autre formule se heurte aux exclusives posées par les uns et les autres, selon les conclusions des présidents du PS et du SP.A. Paul Magnette, président du PS, parle d’un « gouvernement à majorité relative ».
Le sujet devrait également être évoqué lors d’un bureau du PS ce mardi après-midi, après que quelques tensions internes aient été perceptibles en début de semaine, suite à des fuites dans la presse.
Theo Francken (N-VA) met déjà en garde: « Si l’on veut faire ce genre d’expérience sur la population, nous verrons au plus tard en 2024 ce qu’elle en pense », a-t-il dit mardi sur les ondes de Radio 1. La complexité belge ne peut s’accorder avec une telle formule, selon le député nationaliste. « Je ne crois pas dans une forme de gouvernement minoritaire. La Belgique est trop enchevêtrée. Cet enchevêtrement en sortira renforcé. »
3 Les urgences restent trop importantes
Dans plusieurs partis, on estime en outre imprudent que la Première ministre se concentre sur une mission potentiellement kamikaze de formation gouvernementale alors que la crise sanitaire n’est pas complètement terminée. Et alors que des signaux légèrement inquiétants viennent de foyers épidémiques qui redémarrent (en Chine, notamment). Pour ne pas parler de la situation économique qui pourrait se dégrader rapidement. Dans cette situation dantesque, on a besoin d’un capitaine à bord, concentré à 100%.
4 Sophie Wilmès est une femme d’objectifs concrets
Enfin, Sophie Wilmès n’est pas du genre à s’engager dans une aventure incertaine ou à tomber dans un piège qui lui serait tendu. Elle n’accepterait une telle mission, nous répète-t-on, que s’il y a une volonté d’avancer dans le chef de tous les partenaires autour de la table. Il ne s’agit pas de conserver son poste à titre personnel, mais bien de de consacrer son énergie à une mission utile, précise-t-on.
Le président de la SP.A, Conner Rousseau, a précisé hier qu’un vote de confiance sur le gouvernement Wilmès actuel pourrait intervenir le 26 septembre si rien ne bouge d’ici là. Cela laisse un peu de temps. Mais la situation sanitaire et socio-économique impose un sentiment d’urgence.
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