Voici les ministres du gouvernement flamand
Les congrès de participation de la N-VA, du CD&V et de l’Open Vld ont validé mardi soir la mise en place du gouvernement flamand Jambon Ier et révélé le casting ministériel. Au menu : des poids lourds politiques.
Le gouvernement flamand sera composé de 10 ministres. La N-VA rafle la mise avec 4 ministres, en plus de la ministre-Présidence. Un choix logique puisque, à elle seule, elle pèse autant au parlement que les deux autres partis de la coalition Jambon I. Le CD&V en obtient lui trois et l’Open Vld 2.
Autre fait notable, plusieurs poids lourds du nord du pays ont délibérément opté pour le régional au dépens du fédéral, préférant visiblement sécuriser leur position à un encore trop hypothétique poste au fédéral ou encore à la tête de leur parti. Wouter Beke, probablement Gwendolyn Rutten et Jan Jambon ont ainsi choisi d’intégrer le gouvernement flamand. Ce dernier était pourtant cité dans la course au 16.
Le traditionnel jeu de chaises musicales
Plusieurs députés flamands ou fédéraux vont intégrer dans les prochaines heures le gouvernement flamand. Comme de coutume, de nouveaux visages prêteront donc serment devant les parlements fédéral et flamand pour les remplacer.
Pour la N-VA, outre le futur ministre-président Jan Jambon, Ben Weyts, Zuhal Demir et Matthias Diependaele feront partie de l’exécutif. Le premier cité sera remplacé par Wim Van der Donckt à la Chambre, lui qui avait déjà rejoint l’hémicycle comme suppléant lors de la précédente législature. Le successeur de Zuhal Demir y sera Joy Donné, l’ancien chef de cabinet du l’ex vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Jan Jambon. Au parlement flamand, c’est normalement Joris Nachtergaele qui remplacera Ben Weyts, tandis que le siège de Matthias Diependaele reviendra à Arnout Coel.
Au CD&V, Wouter Beke et Hilde Crevits seront chacun remplacés dans leur hémicycle. D’après les listes électorales, cela devrait être respectivement par Steven Matheï et Brecht Warnez.
Enfin, du côté de l’Open Vld, on attend encore les noms définitifs des futurs ministres flamands. Celui de Bart Somers semble en tous cas une certitude. Si c’est effectivement le cas, le bourgmestre de Malines sera remplacé par Tom Ongena au sein du parlement flamand. Ce dernier était d’ailleurs son porte-parole lorsque Bart Somers a occupé la présidence du parti libéral.
Weyts, Demir et Diependaele seront ministres N-VA aux côtés de Jan Jambon
Le conseil de parti de la N-VA a désigné mercredi sur le coup d’une heure du matin, Ben Weyts, Zuhal Demir et Matthias Diependaele comme futurs ministres, sur proposition de la direction de la formation nationaliste flamande.
La ministre sortante des Affaires intérieures flamandes Liesbeth Homans est proposée pour présider le parlement flamand. Ben Weyts sera chargé de la Vice-présidence du gouvernement, de l’Enseignement, du Bien-Etre animal et du Sport. L’ex-secrétaire d’Etat fédérale Zuhal Demir est proposée pour l’Environnement, l’Energie, le Tourisme et la Justice; Mathias Diependaele aux Finances, au Budget et au Logement. Le futur ministre-président Jan Jambon prendra en charge la politique étrangère, la Coopération au développement, la Culture et l’Innovation.
Zuhal Demir, de secrétaire d’Etat fédérale à ministre régionale
L’ex-secrétaire d’Etat fédérale Zuhal Demir (N-VA) devient ministre flamande de l’Environnement, de l’Energie, du Tourisme et de la Justice, nouvelle compétence que s’attribuera le gouvernement Jambon. Jusqu’à ce que la N-VA quitte le gouvernement Michel en décembre 2018, elle était secrétaire d’Etat chargée de la Lutte contre la pauvreté, de l’Egalité des chances et des personnes handicapées, un poste dont elle avait hérité en février 2017 d’Elke Sleurs.
Zuhal Demir est connue pour son franc parler. Elle affiche ses revendications nationalistes flamandes, héritées de ses origines kurdes. De culture alévie, une branche hétérodoxe de l’islam chiite, elle défend les droits de la femme contre l’islamisme intégriste. Fille de mineur syndicaliste, elle prête serment en 2017 entre les mains du rou Philippe avec le foulard de son père. Politiquement cependant, elle n’hésite pas à attaquer les organisations syndicales vues comme un frein au développement économique. Licenciée en droit de la KUL et en droit social de la VUB, elle plaide comme avocate, en droit du travail, à partir de 2004. Elle est élue pour la première fois à la Chambre en 2010 et préside le conseil de district d’Anvers à partir de 2012. En 2014, elle est réélue députée à la Chambre. Combattive, elle n’hésite pas à brocarder les ministres du gouvernement Michel auquel participe sa formation. Les attaques à l’encontre du ministre de l’Emploi Kris Peeters, accusé de donner des gages à l’aile progressiste du CD&V, sont légion. En 2015, elle suscite la controverse en posant de façon suggestive, pour le média flamand P-Magazine, au parlement fédéral. En 2016, elle revient sur les terres d’origine de sa famille, à Genk, où elle brigue le mayorat. Sa tentative échoue en octobre 2018 et la N-VA se retrouve dans l’opposition dans l’ex-cité minière. Le 26 mai dernier, réélue à la Chambre, elle a obtenu 61.444 voix dans la circonscription du Limbourg.
Ben Weyts, le fidèle lieutenant
Ben Weyts, fidèle lieutenant de la N-VA, qui héritera notamment de l’Enseignement, du Bien-Etre animal et du Sport tout en assurant la Vice-présidence du gouvernement Jambon, est devenu au fil des ans une valeur sûre au sommet de son parti.
Agé de 48 ans, ce licencié en sciences politiques de l’Université de Gand est l’un des meilleurs connaisseurs de la mécanique interne du parti nationaliste, après avoir fait ses premières armes en politique – comme beaucoup d’élus N-VA – à la Volksunie. Durant la période 1999-2000, il est collaborateur du groupe VU à la Chambre, avant de devenir porte-parole du parti. Il l’est toujours lorsque la Volksunie éclate à la suite de dissensions internes, en 2001. Ben Weyts choisit alors de rallier l’aile la plus nationaliste, dirigée par l’ancien président Geert Bourgeois, qui va donner naissance à la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA). Dès le début, il se retrouve aux responsabilités, devenant le premier porte-parole du parti entre 2001 et 2004. De 2002 à 2004, il est aussi à la tête du secrétariat politique de la N-VA. C’est le moment où la N-VA doit se contenter de lutter pour sa survie, n’obtenant lors des élections législatives de 2003 qu’un seul député, en la personne de M. Bourgeois. Mais à partir de 2004, le parti commence à monter en puissance. Le moment-clé de cette ascension est la conclusion d’un accord de cartel avec l’homme fort du CD&V à l’époque, Yves Leterme. Cela permet à la N-VA d’entrer au gouvernement flamand aux côtés de M. Leterme, crédité pour sa part de près de 800.000 voix. M. Bourgeois devient ministre dans l’équipe de M. Leterme et M. Weyts endosse la fonction de porte-parole d’abord, de chef de cabinet ensuite. En 2009, en dépit de l’éclatement du cartel l’année précédente, M. Weyts devient député fédéral en succédant à Herman Van Rompuy (CD&V), qui abandonne sa fonction de Premier ministre pour devenir président du Conseil européen. En 2010, il est élu à la Chambre sur une liste N-VA propre, se profilant comme un « dur » sur le plan communautaire pour réclamer la scission de l’arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde. Ce qui lui vaut le surnom de « Ben Laden » de la part de certains francophones. Le 19 mars 2011, M. Weyts est désigné vice-président de N-VA, ce qui en fait un dauphin potentiel de Bart De Wever. Lors du scrutin régional du 25 mai 2014, il est élu au parlement flamand. Il participe aux négociations qui conduisent à la formation du nouveau gouvernement du Nord du pays, associant la N-VA, le CD&V et l’Open VLD. Sa longue et fidèle contribution au service du parti est couronnée d’un poste de ministre dans le gouvernement flamand dirigé par Geert Bourgeois. Il se montre très actif dans l’exercice de la compétence du Bien-être animal qu’il est le premier à exercer en Flandre, ce qui lui vaut un franc soutien des associations de protection des animaux. C’est notamment le cas lorsqu’il décide d’interdire l’abattage sans étourdissement, au grand dam d’associations de personnes d’obédience musulmane. Son action dans les domaines des Travaux Publics et de la Mobilité se solde par un bilan plus mitigé. Certes le nombre de morts sur les routes a diminué en Flandre et M. Weyts a obtenu un accord sur le dossier de la liaison autoroutière de l’Oosterweel, à Anvers. Toutefois, les investissements dans les infrastructures routières n’ont pas permis de réduire les embouteillages. Le transfert modal de la voiture vers d’autres moyens de déplacements est resté en grande partie lettre morte. La voiture assure toujours 70% des déplacements en Flandre. A l’approche des élections, poussé dans le dos, entre autres par le Vlaams Belang, son parti est revenu sur un de ses propres objectifs: l’instauration d’une taxe kilométrique intelligente. Son très bon rodage aux techniques de communication semble un temps quelque peu écorné lorsqu’il assiste, à l’automne 2014 au nonantième anniversaire du fondateur du VMO et ancien sénateur Volksunie, Bob Maes. Mais il est couvert par le ministre-président Bourgeois, qui y voit « une expression de courtoisie sans qu’il y ait eu de geste portant atteinte à la dignité de l’autorité publique ». Après les élections communales de 2018, en raison du recul de sa formation (moins un siège), M. Weyts n’a pu obtenir l’écharpe maïorale à Beersel (Brabant flamand) où il se présentait. Aux élections régionales de mai dernier, il a enregistré le meilleur score en voix de préférence en Brabant flamand (64.640 voix)
Matthias Diependaele, un travailleur loyal
Appelé à devenir ministre des Finances, du Budget, et du Logement, Matthias Diependaele sera sans nul doute, pour le public francophone, parmi les moins connus des membres du gouvernement flamand emmené par Jan Jambon. Agé de 40 ans, il est le chef du groupe N-VA au parlement flamand depuis 2013. C’est à ce titre qu’il s’est montré, dans la phase montante de ce dossier, un ardent défenseur de projet de mega-complexe de commerce et de loisirs U-Place, à quelques kilomètres de Bruxelles.
Après les dernières élections communales, il est devenu échevin à Zottegem, localité où il a grandi, en Flandre Orientale. Il était jusqu’ici prévu qu’il y reprenne l’écharpe maïorale en 2021. M. Diependaele est licencié en Droit de la KULeuven depuis 2006. C’est aussitôt son diplôme en poche qu’il entame sa carrière politique, en tant que collaborateur de l’eurodéputé N-VA Frieda Brepoels. A cette époque, il a toutefois déjà associé à la gestion quotidienne de l’asbl des jeunes N-VA. En 2009, Matthias Diependaele est élu pour la première fois au parlement flamand. Il y devient chef de groupe en 2013. Après les élections de 2014, il est reconduit dans cette fonction qui lui imposa la capacité de gérer un groupe de 43 élus. Dans le même temps il fut amené à gérer, comme chef de groupe de la plus grande formation de l’échiquier flamand, tous les grands dossiers tels que le projet de contournement routier d’Anvers, la réforme de l’Etat, le Budget, … A l’égard de ce dernier dossier, il s’est montré ardent défenseur de l’orthodoxie budgétaire
Jan Jambon, de candidat Premier ministre à ministre-président flamand
Agé de 59 ans, le futur ministre-président flamand Jan Jambon prend la tête d’un gouvernement que s’était engagé à diriger le président de la N-VA, Bart De Wever, en cas de victoire électorale lors des scrutins – notamment régional – du 26 mai dernier.
Dans ce scénario, Jan Jambon était candidat au poste de Premier ministre fédéral. Finalement, après avoir sauvé, non sans peine, son mayorat à Anvers, Bart De Wever a préféré rester maître du jeu à la tête d’un parti menacé par la montée du Vlaams Belang. Après avoir dialogué avec le parti d’extrême droite pendant plusieurs mois, il a fini par laisser à Jan Jambon la clé de la formation du gouvernement flamand, rassemblant la N-VA, le CD&V et l’Open Vld. M. Jambon était vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Michel que les nationalistes ont fini par quitter en décembre 2018, refusant, en période électorale, le ralliement de la coalition suédoise au pacte de l’ONU sur les migrations. Le gouvernement Michel aura été marqué par des tensions, essentiellement entre la N-VA et le CD&V. Mais Jan Jambon, personnalité d’apparence affable, tout en étant idéologiquement marqué très à droite, fut de ceux qui cristalisèrent l’attitude de l’opposition francophone. Dès l’entame du gouvernement, des réminiscences de contacts avec des personnalités et associations d’extrême droite refirent surface. Des propos sur la collaboration avec le régime nazi ne firent qu’amplifier les réactions. Sur le fond, la gestion de son départemement fut largement consacrée à la réponse apportée aux attentats de Paris et Bruxelles en 2015 et 2016. Sa démission, ainsi que celle du ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), fut rejetée par le Premier ministre Charles Michel. Sur fond d’austérité, on assista à une réorientation des investissements dans les services de sécurité alors que se mettait en place une commission d’enquête parlementaire. Jan Jambon élabore un Plan Canal de lutte contre la radicalisation, tout en participant aux décisions sur la gestion des militaires en rue pour des tâches policières ou le renforcement des effectifs policiers. Cette gestion fut également entâchée de propos et comportements qui mirent à mal la cohésion nationale. Jan Jambon promet de « nettoyer » Molenbeek, puis assure qu' »une partie significative de la communauté musulmane a dansé » après les attentats de Bruxelles. En provenance du privé, Jan Jambon a connu un début de carrière politique plutôt erratique. Étudiant, il rejoint le parti nationaliste flamand Volksunie en 1981, mais l’idylle est de courte durée: en 1988, il claque la porte car la « VU » participe au dernier gouvernement Martens, et donc à la réforme de l’État qui transforme Bruxelles en une région autonome. Jan Jambon entretient alors des contacts en vue de la création de la section locale du Vlaams Blok dans sa ville de Brasschaat, au nord d’Anvers. Mais il ne rejoindra pas le parti d’extrême droite. Avec Peter De Roover, il fait du VVB (Vlaams Volksbeweging, le mouvement populaire flamand) une organisation flamande qui compte. Il est aussi pendant des années président du centre de coordination des associations flamandes, l’OVV, qui regroupe des cercles nationalistes allant de la gauche à l’extrême droite et qui vise à préparer l’indépendance de la Flandre. Ce n’est qu’après la disparition de la Volksunie que Jan Jambon reprend une carte de parti, à la N-VA. Alors que la formation de Bart De Wever est en cartel avec les chrétiens-démocrates flamands, Jan Jambon fait son entrée à la Chambre en 2007 comme suppléant de Kris Peeters (CD&V), et devient chef de groupe N-VA un an plus tard, après la scission du cartel. Entre 2007 et 2012, il est aussi échevin des Finances à Brasschaat, dont il est devenu bourgmestre en 2012. Jan Jambon est entre-temps devenu un poids-lourd au sein du parti. Aux élections de 2014, il obtient depuis la dernière place de la liste près de 30.000 voix de préférence et bat tous ses colistiers de la liste anversoise pour la Chambre, à l’exception de son président de parti, Bart De Wever.
Beke et Crevits
Le CD&V a décidé de confier ses postes ministériels au sein du gouvernement flamand à Hilde Crevits, ministre sortante, à l’actuel président de parti Wouter Beke, et à Benjamin Dalle. Après l’assemblée générale, le groupe parlementaire flamand du parti a également donné son aval à ce choix aux petites heures mercredi.
Hilde Crevits reste vice ministre-présidente et sera compétente en matière d’Emploi, d’Economie, d’Economie sociale et d’Agriculture. Le président démissionnaire du CD&V, Wouter Beke, hérite du portefeuille du Bien-Être, et le nouveau venu, Benjamin Dalle, sera chargé de la politique bruxelloise, de la Jeunesse et des Médias.
Wouter Beke
Le futur nouveau ministre flamand du Bien-Etre, Wouter Beke (CD&V), n’a qu’une courte expérience en tant que membre d’un gouvernement puisqu’il a succédé, au gouvernement fédéral minoritare et en affaires courantes, à la fin du mois de juin dernier, à Kris Peeters, parti occuper son siège au parlement européen. M. Beke exerce toujours, actuellement, à titre démissionnaire, sa fonction de président de parti. Encore jeune – il n’a que 44 ans – Wouter Beke est actif à la tête des chrétiens-démocrates flamands depuis un certain nombre d’années. Impliqué dans la politique locale depuis 2001 (il est bourgmestre de Bourg-Leopold dans le Limbourg depuis 2013), il est à la manoeuvre à l’échelon national depuis 2003. Le CD&V goûte alors depuis quatre ans aux réalités de l’opposition après avoir participé au pouvoir pendant 40 ans. Prenant en grippe les réformes éthiques des coalitions arc-en-ciel et violette, il s’impose comme l’idéologue du parti chrétien flamand dont il devient vice-président en 2003. Il est alors sénateur. En 2008, il devient président ad interim du parti, en remplacement d’Etienne Schouppe, un mandat qu’il effectuera une deuxième fois en 2010, succédant alors à Marianne Thyssen. Cette même année, il se présente à l’élection présidentielle. Il l’emporte avec un score de 99%. Il renouvellera l’opération en 2013 et en 2016. Cette année, Wouter Beke ne briguera plus de nouveau mandat, a-t-il répété. Après avoir réussi à maintenir sa formation au pouvoir, Wouter Beke a vu le CD&V subir un net recul aux élections du 26 mai dernier. Jusque-là, il était vu comme un stratège. Il négocie pour le CD&V la sixième réforme de l’Etat et son parti progresse, à l’instar des autres formations flamandes qui ont participé au gouvernement Di Rupo. Mais face au succès de la N-VA, la tripartite ne sera finalement pas reconduite en 2014. Dans un premier temps, Wouter Beke demande à Bart De Wever, informateur, de temporiser, afin que les gouvernements régionaux ne soient pas constitués avant le fédéral. Mais du côté francophone, le PS pressent que les événements se précipitent à droite pour le contourner. Les socialistes poussent sur l’accélérateur à Bruxelles et en Wallonie; Wouter Beke renonce à temporiser en Flandre et la Suédoise est formée au fédéral. Cinq ans plus tard, c’est la bérézina pour l’ensemble des partis traditionnels. Pour Wouter Beke, c’est la douche froide alors que les sondages prédisaient un maintien de son parti au-dessus des 20%. Il n’en sera rien. Depuis, un certain temps, il se disait que Wouter Beke envisageait de se mouiller dans le prochain gouvernement. Les circonstances auront précipité, en juin dernier, cette évolution de carrière.
Pour intégrer l’échelon régional flamand, M. Beke doit cependant démissionner du gouvernement fédéral en affaires courantes où il était chargé, depuis juin dernier, et jusqu’à ce jour de l’Emploi, de l’Economie et de la Consommation. Il sera remplacé dans cette fonction par un profil féminin.
Hilde Crevits, un des piliers du gouvernement flamand
Hilde Crevits (CD&V) rempile au gouvernement flamand dont elle est devenue l’un des piliers, forte de ses douze années d’expérience ministérielle. La ouest-flandrienne, âgée de 52 ans, hérite du portefeuille de l’Emploi, de l’Economie, de l’Economie sociale et de l’Agriculture dans le gouvernement qui sera dirigé par Jan Jambon.
Mme Crevits est née et a grandi à Torhout. Après des études de droit à l’Université de Gand, elle devient avocate au barreau de Bruges et assistante à temps partiel en droit civil. En 1996, elle fait ses premiers pas en politique au cabinet du bourgmestre de Bruges Patrick Moenaert. Quatre ans plus tard, elle est élue au conseil provincial de Flandre occidentale sur une liste CD&V et, en 2001, elle devient échevine à Torhout. En 2004, Hilde Crevits décroche un siège au parlement flamand où elle se fait rapidement la réputation de femme de dossiers. En 2007, sa carrière s’accélère. A la faveur du départ d’Yves Leterme pour la rue de la Loi, Kris Peeters reprend la ministre-présidence flamande et Mme Crevits reçoit le portefeuille de la Mobilité, des Travaux publics, de l’Energie et de l’Environnement. Hilde Crevits devient l’une des figures de proue des chrétiens-démocrates flamands. En 2009, elle est championne des voix de préférence dans sa province et rempile à la Mobilité et aux Travaux publics dans le gouvernement Peeters II. Elle s’attaque au retard pris dans l’aménagement et la modernisation des autoroutes et routes régionales. Elle gagne le surnom de Miss Beton et de « ministre des trous et des fosses ». Son style direct et parfois impatient allié à une communication bien huilée font merveille. Lors des élections de 2014, elle améliore encore son nombre de voix de préférence en Flandre occidentale (112.000) loin devant un de ses concurrents et futur ministre-président, Geert Bourgeois (N-VA) qui en recueille 63.000. Dans le gouvernement Bourgeois, Hilde Crevits est la vice-ministre-présidente CD&V et ministre de l’Enseignement. La mandature ne se sera pas de tout repos, avec plusieurs dossiers difficiles où la pression du partenaire N-VA est constante. En vue des élections de 2019, face à un Bart De Wever qui affiche l’ambition de rejoindre la Place des Martyrs (siège du gouvernement flamand), le CD&V propulse Hilde Crevits comme sa concurrente directe en en faisant (un peu tard) sa candidate ministre-présidente. Si ses voix de préférence sont encore en hausse, le score du CD&V est mauvais. La N-VA, en tant que premier parti flamand, conservera le poste.
Benjamin Dalle, de l’ombre aux feux de la rampe
Quasi inconnu de l’opinion publique francophone et encore peu en vue dans celle du nord du pays, Benjamin Dalle (CD&V) entre au gouvernement flamand où il sera notamment chargé des Affaires bruxelloises. Ce juriste de 37 ans, diplômé de l’université de Gand, fait depuis un certain temps figure de promesse talentueuse au CD&V. Durant un peu plus d’une décennie, il a oeuvré dans les coulisses de la rue de la Loi. De 2007 à 2011, il a ainsi travaillé au service des Vice-premiers ministres Yves Leterme, Jo Vandeurzen et Steven Vanackere. Pour encore mieux jauger son envergure politique et institutionnelle, on relèvera qu’il a également dirigé, de 2011 à 2014, la cellule politique du cabinet de l’ex-secrétaire d’Etat Servais Verherstraeten, notamment, durant la période où le mandataire CD&V était chargé d’ouvrir la voie de la dernière réforme de l’Etat. De 2014 à 2016, M. Dalle était le chef de cabinet adjoint du ministre de la Justice Koen Geens. Depuis 2016, il est à la tête du service d’études du CD&V, le Ceder. Sur le plan électoral, cet homme de l’ombre n’a pas encore effectué de percée. En 2014, il a ainsi expérimenté la difficulté, depuis la dernière réforme de l’état, d’être élu en tant que néerlandophone de la capitale au parlement fédéral. Il était tête de liste pour le CD&V à Bruxelles mais n’avait pas pu décrocher de siège. En janvier dernier, son parti l’a désigné sénateur coopté en remplacement de Steven Vanackere. Tête de liste CD&V pour le parlement flamand à Bruxelles en mai dernier, il n’a pas été élu. Benjamin Dalle est marié et père de trois enfants
Pour l’Open Vld c’est encore un peu flou
L’Open Vld a annoncé que ses deux représentant(e)s au sein du gouvernement flamand géreront les compétences des Travaux Publics, de la Mobilité, des Affaires intérieures flamandes et du Vivre ensemble. Le porte-parole du parti a indiqué en fin de soirée, mardi, qu’il n’en donnerait les noms que mercredi.
La direction du parti s’est réunie à l’issue du congrès de participation pour en décider, mais la fumée blanche ne semble pas encore sur le point de paraître dans le ciel des bleus. Le nom du bourgmestre de Malines, Bart Somers est évoqué avec insistance pour la compétence des Affaires intérieures et du Vivre ensemble. On continue de spéculer sur le nom du deuxième ministre libéral
Liesbeth Homans quitte le gouvernement flamand pour présider le parlement
Agée de 46 ans, Liesbeth Homans quitte le gouvernement flamand où elle cumulait de nombreuses compétences (Affaires administratives, Logement, Villes, Parcours d’intégration, Egalité des chances et Lutte contre la pauvreté) pour prendre la présidence du parlement de la Région nord du pays. La politicienne anversoise, proche de Bart De Wever, a surtout fait parler d’elle dans les médias francophones en bloquant, en tant que ministre des Affaires intérieures flamandes, la nomination de bourgmestres de communes à facilités.
Liesbeth Homans a étudié l’histoire à la KU Leuven, avant d’obtenir un diplôme complémentaire en politique internationale à l’université d’Anvers. C’est à cette époque qu’elle rencontre Bart De Wever, lui aussi étudiant en histoire, avec lequel elle a consolidé au fil des ans, une relation d’amitié très forte. Mme Homans débute en politique en 2000, comme collaboratrice du ministre flamand Johan Sauwens. Quand ce dernier est contraint de démissionner, elle poursuit au cabinet de son successeur Paul Van Grembergen. Après les élections flamandes de 2004, elle devient collaboratrice parlementaire de Bart de Wever. Elle se fait par ailleurs élire au Conseil provincial anversois. Sa carrière s’accélère en 2009, quand elle figure à la deuxième place, derrière Bart De Wever, sur la liste N-VA au parlement flamand. Elue, elle s’y investit dans les dossiers relatifs au logement et à l’énergie. Entre juillet 2010 et fin 2012, elle est sénatrice de communauté, jusqu’aux élections communales de 2012, qui marquent, pour elle, comme pour la N-VA, un tournant. Toujours aux côtés de Bart De Wever, qui devient bourgmestre d’Anvers, elle obtient la présidence du CPAS ainsi qu’un super-échevinat (affaires sociales, logement, diversité et citoyenneté). Tête de liste à Anvers en 2014, elle obtient un résultat personnel énorme, avec 163.000 voix de préférence, devançant Kris Peeters, pourtant l’homme le plus populaire de Flandre selon les sondages. Elle est citée comme une possible ministre-présidente, mais elle doit céder la place à Geert Bourgeois, leader historique de la N-VA. Sous la législature sortante, elle a réduit la place réservée aux provinces de Flandre, tant en compétences qu’en nombre de conseillers. Elle a investi quelque 3 milliards d’euros dans de nouveaux logements sociaux, mais cela n’a pas suffi à faire diminuer la longueur des files d’attente dont les rangs ont grossi de 15.000 demandes en cinq ans. La ministre N-VA n’a pas non plus été en mesure de tenir sa promesse de réduire la pauvreté infantile de moitié en Flandre. Celle-ci s’est au contraire aggravée. Le monde politique et les médias francophones se souviennent davantage de son refus de nommer les bourgmestres francophones de quatre communes à facilités que la chambre bilingue du Conseil d’Etat a annulé, l’estimant en opposition flagrante avec des arrêts antérieurs. Aux derniers scrutins, Mme Homans n’a pas reproduit ses très bons résultats antérieurs. Elle a obtenu la onzième place des candidats en voix de préférence aux communales d’Anvers l’an dernier et 40.480 voix lors du scrutin sur la liste N-VA pour le parlement flamand, où elle occupait la deuxième place en mai dernier.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici