Etienne Dujardin
Vents de violence à Bruxelles : le résultat du laxisme et du communautarisme d’une certaine gauche ?
Suite aux attentats dans notre capitale, la presse internationale avait les yeux braqués sur notre pays. Notre capitale avait alors été rebaptisée » plaque tournante du djihadisme » ou » Molenbeekistan « . Les deux émeutes que connaît la ville de Bruxelles en à peine quelques jours ne vont rien arranger pour sauver l’image de la capitale de l’Europe.
Il faut avouer que les images sont extrêmement choquantes : des centaines de jeunes cassent, brûlent, blessent, saccagent… gratuitement et sans aucune raison. Ces images ne font que confirmer le constat de Daniel Ducarme en 2002 : « La politique d’intégration est un échec dans notre pays« . A l’époque, le simple fait de prononcer cette vérité lui a valu les remontrances de toute la caste de la gauche bien-pensante. La même que celle qui cherche des excuses sociales au terrorisme. La même qui pense que c’est la police qui trouble l’ordre public et non les casseurs. La même qui soutient une BD sur Ali Aarrass, mais qui reste silencieuse face aux attaques contre notre force de sécurité. La même qui manifeste en 2010 pour libérer Oussama Atar (dont trois députés) aux cris de « racisme d’Etat » et qui n’a même pas la décence de s’en excuser. La même qui défend les accommodements raisonnables dans les piscines. La même qui nie le génocide arménien sans la moindre sanction. La même qui vouait un culte à Tariq Ramadan malgré les avertissements et certaines de ses déclarations choquantes. La même qui vous accuse de racisme dès que vous osez plaider, comme l’écrasante majorité des Belges, pour une immigration choisie et non subie. La même qui est contre le fait que des commerçants et les CPAS dénoncent des comportements suspects ou dangereux. La même qui critique les mesures prises contre le terrorisme islamiste. La même qui tapait sur le journaliste de Libération Jean Quatremer dès qu’il osait dire tout haut des vérités dures à entendre. Et on pourrait continuer les exemples par dizaines. Le directeur de Charlie Hebdo, Riss, emploierait des mots encore plus durs en parlant des « islamo-gauchistes qui sont tellement démagogiques qu’ils en perdent toute crédibilité« .
Cet échec de l’intégration à Bruxelles, cette jeunesse désoeuvrée et abandonnée, le fossé qui se crée toujours plus entre le nord et le sud de Bruxelles, ou ces quartiers qui deviennent presque des zones de non-droit, ne sont pas la faute des immigrés. C’est, au contraire, le résultat de nos compromissions et de nos lâchetés. Lâcheté d’une certaine gauche, type Moureaux qui avant de devenir bourgmestre faisait des tracts promettant de limiter l’immigration, mais qui a ensuite communautarisé comme personne sa commune et qui a, au final, été dépassé par sa créature. Cette gauche qui a trahi son électorat populaire pour le remplacer par un électorat issu de l’immigration par simple calcul électoral. Lâcheté aussi de la droite francophone qui n’a jamais été ferme dans ses positions sur l’intégration, sur le droit de vote aux élections locales, sur le mérite et le travail à l’école, cette droite qui baissait les yeux, qui se laissait dicter sa conduite par l’opinion dominante ou médiatique et non celle de ses électeurs. Lâcheté tant de la droite et de la gauche qui n’ont pas réussi à donner de l’espoir à des jeunes en quête d’idéal et de réussite. Il faudrait mettre beaucoup plus en avant tous ces jeunes qui ont travaillé dur pour arriver justement à s’intégrer correctement. Tous ceux qui sont partis du bas de l’échelle, qui ont été éduqués dans le respect du mérite et de l’effort et qui sont, aujourd’hui, bien insérés dans la société ou occupent de brillantes fonctions.
En Belgique francophone, et c’est très curieux, il n’y a pas de gauche tendance Manuel Valls, ni de droite tendance Nicolas Sarkozy. Le débat intellectuel, médiatique, politique était jusque récemment totalement phagocyté par cette gauche majoritaire dans le débat, mais minoritaire dans la population sur ces différents thèmes. Il y a pourtant un énorme enjeu pour les partis politiques sur ces questions. Dans chaque enquête d’opinion, les questions de sécurité, d’immigration, d’intégration, d’identité, reviennent en tête des préoccupations des citoyens. Pour l’instant, aucun parti francophone ne compte de personnalités politiques capables de porter ces sujets alors qu’ils seront une clef pour les élections de 2019. On sent d’ailleurs que du côté flamand, ils seront prioritaires sur le communautaire.
La grande enquête « Noir, Jaune, Blues » réalisée pour le Soir et la RTBF a secoué le monde politique et médiatique qui ne s’attendait pas à de tels résultats. 63 % des sondés déclarent avoir peur de l’afflux des réfugiés et 77 % déclarent ne plus se sentir chez eux comme avant. Ces chiffres doivent faire réagir le politique. Nous ne pensons pas comme certains politiques qu’il faille établir « un nouveau pacte citoyen », ni mettre en place une énième commission, ou augmenter une nouvelle fois les subsides pour certains quartiers sans aucun changement au final.
Faire de la politique « autrement » pourrait finalement être assez simple… à savoir : écouter l’avis du peuple belge et agir en conséquence. Il est temps de prendre des mesures concrètes pour lutter contre l’immigration clandestine. Ces personnes qui n’ont aucun droit à rester sur notre sol, mais qui bien souvent restent dans notre pays faute de volonté politique. Il est temps de travailler à une vraie politique d’intégration selon laquelle il serait obligatoire d’apprendre une langue nationale ou de suivre une formation pour avoir accès à la sécurité sociale. Il faut aussi travailler au respect de notre culture. Nous n’avons jamais lutté contre l’islamisme politique qui aujourd’hui prospère et pose problème pour l’intégration. Dans le magazine Knack, le commissaire Zanders raconte : « Il y a quelques années, j’ai circulé à Molenbeek, Anderlecht et Schaerbeek en compagnie du patron de la police judiciaire marocaine. Cet homme n’en croyait pas ses yeux. « Même au Maroc, nous n’avons plus une société comme ça » disait-il.« Nous ne pouvons pas balayer ces propos d’un revers de la main. Il faut oser dire qu’ils reflètent une certaine réalité. Les classes moyennes quittent de plus en plus Bruxelles, car le « vivre-ensemble » n’y fonctionne plus correctement. Le nier serait une absurdité.
Il faut aussi que la presse joue plus le jeu du débat. Il n’y a quasiment aucune émission de débat politique ou intellectuel en Belgique. En France, elles pullulent et font toutes de bons scores d’audience. Il n’y a rien de plus intéressant en démocratie que le débat et la confrontation des visions. Il peut y avoir des confrontations et c’est même sain. Pourquoi n’inviter que des personnes qui pensent presque la même chose sur le même sujet ? Il faut oxygéner le débat d’idées et quitter un entre-soi médiatique confortable, mais suicidaire à terme. Comme le signalent les travaux de la philosophe belge, Chantal Mouffe, proche de Podemos et de Melenchon, le conflit est constitutif de la politique et il faut sortir de l’obsession du consensus qui tue la démocratie. Ségolène Royal se plaignait encore récemment que la gauche ait laissé à la droite et l’extrême droite des thèmes tels que la sécurité, la nation, le travail. Elle a raison : à force de laisser certains thèmes de côté, ce sont les extrêmes qui se les approprient.
Pour que le politique se rapproche du citoyen, il faut qu’il change de cap et pas seulement au niveau de l’immigration ou de l’intégration. Nous pourrions parler de la bonne gouvernance, de l’organisation de l’enseignement, de la refédéralisation nécessaire de certaines compétences et de tant d’autres sujets. Mais ce qui est important, c’est que, dans toutes ces matières, on prenne le pouls de la population. « Un modèle avec des élections tous les quatre ans n’est peut-être pas suffisant pour créer la confiance et la participation« , déclarait Charles Michel en mai 2016. Il proposait « d’ouvrir le débat sur des choix sociétaux importants. Aux moments charnières, le pouvoir appartient aux citoyens. » Nous pensons aujourd’hui que le débat sur l’immigration et l’intégration est bien un choix sociétal important et qu’il serait temps de consulter les citoyens à ce sujet. Pourquoi pas ? Cela serait sans doute un excellent signal pour faire de la politique autrement.
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