Pierre Havaux
Vent du Nord de Pierre Havaux: Wouter Beke, la poisse aux basques (chronique)
Wouter Beke à nouveau au rapport, sommé de s’expliquer sur un scandale qui ne pouvait plus mal tomber alors que les contaminations s’envolent.
Pour sûr, gérer la Santé et le Bien-être quand on se prend de face une crise sanitaire phé-no-mé-na-le, c’est être voué à prendre les coups en premier. Le ministre Wouter Beke (CD&V) est ainsi devenu un bon client du parlement flamand, abonné au viseur des députés, régulièrement pris à partie pour sa gestion taxée d’erratique des phases aiguës de la pandémie. L’opposition aime gronder mijnheer « too little too late ». « Tout le monde sait que Wouter Beke est incompétent », a un jour osé Jos D’Haese, chef de groupe PVDA (PTB).
Le bouc émissaire de service a parfois plié, jamais rompu. Se rétablira-t-il de cette nouvelle peau de banane glissée sous ses souliers bien cirés? Sale affaire, en effet, que cette fraude à grande échelle détectée auprès d’un call center mobilisé contre la propagation du virus. Une histoire plutôt sordide de facturation de prestations bidon pour des collaborateurs censés accompagner les malades du Covid mais en réalité occupés à démarcher des clients privés pour leur vendre des abonnements téléphoniques. Cette douteuse farce révélée par Het Laatste Nieuws a son dindon: les autorités flamandes, ainsi roulées dans la farine depuis un an.
Wouter Beke à nouveau au rapport, sommé de s’expliquer sur un scandale qui ne pouvait plus mal tomber alors que les contaminations s’envolent, que le tracing est débordé et que l’heure n’est pas au gaspillage des deniers publics. Encore un moment de (quasi-)solitude à subir ce mercredi 1er décembre, jour de séance plénière au parlement flamand, lorsque les coups ont plu deux bonnes heures durant. Assénés par la gauche comme par la droite unies dans une même indignation, par l’opposition (Vooruit – Groen -PVDA -Vlaams Belang) qui a évidemment cogné fort, comme par la majorité (N-VA – Open VLD – CD&V) nettement moins brutale mais parfois inquisitoriale.
Avec, au coeur de l’interrogatoire, cette question toute bête: « Comment est-ce possible? » Comment les mécanismes de contrôle ont-ils pu à ce point laisser passer sous leurs radars pareil manège? Même pas le temps de laisser un ange passer dans l’hémicycle, la vedette du jour, ce fut bien « vous, Wouter Beke, ministre flamand du Bien-être, et à ce titre donneur d’ordre. Vous dites que vous n’avez pas eu l’info et que donc vous n’auriez pu savoir », a enfoncé Lorin Parys au nom de la N-VA, partenaire gouvernemental du CD&V, lequel député avouera ne pas tout saisir de ce qui a pu se tramer et à qui Wouter Beke confessera être logé à la même enseigne: « Les questions que vous posez sont les bonnes », mais pour les réponses, il faudra patienter, le temps qu’un inévitable audit tire l’affaire au clair, cet audit que l’opposition s’était vainement évertué à réclamer six mois plus tôt à propos de flux financiers déjà jugés intrigants.
Jeremie Vaneeckhout (Groen) s’est alors chargé du compliment du jour: « Monsieur le ministre, vous subissez cette crise. Vous échouez, encore et encore. » Gratifié d’un brevet en naïveté, Wouter Beke a encaissé. A plié mais n’a toujours pas rompu. Pas encore.
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