Pierre Havaux
Vent du Nord de Pierre Havaux: les destinations « sensibles » de Jan Jambon (chronique)
Le ministre-président flamand mijote d’autres escapades en terre étrangère, notamment outre-Rhin, mais sur lesquelles il a préféré garder le mystère.
Tout se déconfine, y compris la diplomatie et celle de Flandre, à son plus haut niveau, est une fois de plus de sortie. Jan Jambon (N-VA) n’est pas fâché de pouvoir à nouveau parcourir le vaste monde afin d’y vanter les atouts du pavillon flamand, avec l’espoir d’y faire un peu, et même beaucoup, d’ombre aux couleurs nationales. Le premier déplacement du chef du gouvernement flamand depuis l’assouplissement des mesures sanitaires ne l’aura pas mené bien loin. Un saut au Danemark, le temps d’une « visite d’Etat » à Copenhague pour y ouvrir, en présence du ministre danois des Affaires étrangères, s’il vous plaît, une représentation diplomatique officielle de la Flandre qui aura aussi pour champ d’action la Norvège, la Suède et la Finlande.
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Cap au Nord. Résolument. A son entrée en fonction, la coalition Jambon I (N-VA – CD&V – Open VLD) faisait part de sa volonté de se mettre à la marche nordique et de tourner prioritairement le regard vers la Scandinavie. Là où règnent prospérité et bien-être, là où se niche un modèle de réussite assurément inspirant. Economie, emploi, innovation, développement durable, que du bonheur. Les nationalistes flamands, singulièrement, sont depuis longtemps tombés sous le charme d’un savoir-faire scandinave. C’est Theo Francken, ex-secrétaire d’Etat à l’ Asile et à la Migration, qui envie le modèle danois de gestion de la migration, tout en fermeté, en dissuasion, en restrictions et en ghettoïsation. C’est Matthias Diependaele, actuel ministre des Finances du gouvernement flamand, qui ne cache pas son penchant pour la frugalité budgétaire dont savent faire preuve ces pays scandinaves, à mille lieues d’un laxisme incorrigiblement latin qui, si l’on n’y met pas le holà, finira par mener l’Europe à sa perte. Pour sûr, avec ces gens du Nord, il est possible de s’entendre, de faire affaire et de trouver matière à prendre exemple.
Mais Jan Jambon n’entend pas pour autant négliger une diplomatie flamande aux accents plus régionalistes. Elle continuera à se déployer en Espagne. Il y a là des relations flamando-catalanes à cultiver, quoique à pas feutrés, « sans se comporter comme un chien dans un jeu de quilles », martèle un Jan Jambon manifestement soucieux de ne plus envenimer une relation avec Madrid déjà au point mort: pour preuve, cette aimable invitation lancée par le ministre-président en mai dernier à Madame l’ambassadrice d’Espagne en poste en Belgique mais qui reste toujours lettre morte. A voir si un hypothétique dégel sera facilité par l’annonce faite par Jan Jambon d’un voyage programmé mi-novembre à Bilbao, capitale de facto d’un pays basque espagnol qui a viré sa cuti indépendantiste pour un particularisme empreint de pragmatisme et de sérénité.
Et le ministre-président de mijoter d’autres escapades en terre étrangère, notamment outre-Rhin, mais sur lesquelles il a préféré garder le mystère face aux députés de la commission des relations extérieures de retour de vacances. « Nous avons aussi des contacts avec un certain nombre d’entités fédérées allemandes. Mais tant qu’il n’y a rien de concret, je tiens à rester discret et à ne pas étaler le processus en cours vu l’aspect souvent très sensible de la chose. » Achtung, Berlin.
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