Pierre Havaux
Vent du Nord de Pierre Havaux: il faut (encore) sauver le soldat Beke (chronique)
Wouter Beke vient d’aggraver son cas en fâchant à nouveau à peu près tout le monde.
Acroire qu’il cherche les ennuis et qu’il aime plutôt ça. Wouter Beke (CD&V) a encore frappé. Cette fois, qu’a donc fait de travers le toujours ministre flamand de la Santé et du Bien-être? Quelques propos lâchés par voie de presse: cette suggestion de concentrer le bénéfice du congé parental sur les mille premiers jours qui suivent une naissance au lieu d’étaler la formule jusqu’aux 12 ans de l’enfant. Ce serait là une manière de soulager le secteur de la petite enfance en souffrance et dont Beke-le-ministre a la charge. Re-tollé, après la gestion laborieuse des maisons de repos sous crise sanitaire, après des envies d’économies fort mal perçues dans la lutte contre le suicide, après un contact tracing entaché de pratiques douteuses, après les abus révélés dans un monde des crèches actuellement dans le collimateur d’une enquête parlementaire.
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Wouter Beke vient donc d’aggraver son cas en fâchant à nouveau à peu près tout le monde par une proposition qui cadre très mal avec l’ADN d’un CD&V si fier de se revendiquer « le parti de la famille ». Cette fois, Wouter-la-gaffe a toutefois presque trouvé son maître lorsque son propre président, Joachim Coens, à grand renfort de tweet et de carte blanche, a cru bon contextualiser la sortie médiatique de son coreligionnaire: « Le CD&V est contre une limitation du congé parental dans le temps. En fait, nous plaidons depuis des années pour une prolongation jusqu’à 18 ans. » Patatras! Ce qui devait passer pour une clarification de la ligne du parti s’est transformé en une surprenante prise de distance, voire une réprimande à peine déguisée adressée à un ministre qui aurait trop ou mal parlé. Ou comment déclencher un feu de forêt en voulant éteindre un possible début d’incendie.
Consternation et grogne dans les rangs d’un parti déjà pas au mieux de sa forme et qui ne sait plus trop à quel saint se vouer entre la maladresse présidentielle et le énième faux pas du ministre, lequel a eu droit à une nouvelle et délicate séance d’explications devant le grand jury parlementaire.
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Mais il en fallait plus pour déstabiliser Wouter Beke face aux députés. Et d’oser affirmer que lui, son parti et son président, communiaient dans une approche rigoureusement identique de ce que doit être le congé parental. Alors que l’opposition se mettait naturellement à hurler au déni de réalité et à chercher la planète sur laquelle peut bien vivre le ministre CD&V, la fraction parlementaire de son bord faisait son devoir en prodiguant son soutien sans faire exploser l’applaudimètre. Quant aux partenaires au gouvernement, N-VA et Open VLD, ils se sont gardés de trop tirer sur l’ambulance: capitaliser sur la faiblesse d’un futur adversaire dans la perspective de la compétition électorale en 2024 suffit amplement à leur bonheur.
Voilà comment Wouter Beke ne devient pas encore une affaire de gouvernement flamand. Son parti, jusqu’à nouvel ordre, n’envisage pas d’exfiltrer celui qui paraît s’acharner à démontrer qu’il est bien ce que beaucoup pensent de lui: une erreur de casting, enfermé dans une spirale politico-médiatique toujours plus infernale qui ne lui passe plus rien, quoi qu’il dise ou fasse. Ce diable d’homme finirait bien par porter malheur, surtout à son parti.
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