Pierre Havaux
Vent du Nord de Pierre Havaux: des Territoires zéro chômeur ? Des lieux de perdition communiste, s’épouvante la N-VA
Expérimentée en France, cette formule de lutte contre le chômage de longue durée séduit la Wallonie et Bruxelles qui se préparent à l’introduire, avec l’appui financier de l’Etat fédéral. Mais en Flandre, la perspective d’introduire des Territoires zéro chômeur de longue durée hérisse la N-VA. Les nationalistes flamands ne veulent y voir qu’une « monstruosité communiste » qui reviendrait à maintenir à durée indéterminée des sans-emploi dans des petits jobs subsidiés aux frais du contribuable flamand…
“Ah, la revigorante politique asymétrique que voilà! Le droit d’être enfin maître chez soi, libre de gérer au mieux ses intérêts, sans plus être entravé par un pouvoir fédéral trop peu sensible aux besoins criants du terrain. Le monde politique flamand, quasi toutes tendances confondues, rêve depuis si longtemps de cette politique taillée sur mesure pour les Régions, et c’est à cor et à cri qu’il la réclame quand il s’agit de l’urgente mise à l’emploi dans une Flandre en manque cruel de bras.
A la mi-juin, ce fut l’inespérée fumée blanche. Niveau fédéral et pouvoirs régionaux finissent par s’accorder, en conférence interministérielle de l’Emploi, sur le sain principe qu’à marchés du travail différents doivent pouvoir s’appliquer des recettes différentes. «On a construit un buffet et les Régions pourront aller choisir les plats qu’elles préfèrent», se réjouissait à cette occasion le ministre fédéral de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne (PS).
Et c’est une Flandre qui rit à la perspective de pouvoir plus promptement et souplement activer, contrôler et sanctionner celles et ceux qui persistent à ne pas vouloir se remuer pour se (re)mettre au boulot. Mais c’est aussi une Flandre qui pleure et s’épouvante à l’idée de devoir s’accommoder d’une mixture en usage en France, qui séduit en Wallonie et à Bruxelles et que le pouvoir fédéral s’engage à soutenir: l’activation de Territoires zéro chômeur de longue durée ou TZCLD pour faire court.
Axel Ronse en a les cheveux qui se dressent sur la tête. Il faut reconnaître que le «mijnheer emploi» de la N-VA a l’assistanat en sainte horreur et pour religion la remise absolue au travail. Si ça ne tenait qu’à lui, il ressusciterait les inactifs d’entre les morts. Pour ce député régional, un TZCLD relève de la «monstruosité communiste» de sinistre mémoire. En voici sa lecture du mode d’emploi: «On offre à des gens au chômage depuis au moins deux ans un petit boulot à durée indéterminée via les pouvoirs publics, en donnant un complément à leur allocation de chômage jusqu’à atteindre le montant du salaire minimum… Et le tour est joué!» Qui va payer cette aimable fantaisie? Le hardwerkende Vlaming natuurlijk, le Flamand travailleur, encore et toujours lui, qui devra céder à la caisse fédérale une part de ce qu’il gagne à la sueur de son front pour assurer le maintien pour l’éternité de dizaines de milliers de chômeurs wallons et bruxellois sous la couette douillette d’un «jobke» subsidié où ces pseudo-travailleurs pourront se faire oublier. Plus belle la vie…
Tout ministre flamand de l’Emploi qui se respecte ne peut tolérer une telle hérésie aux portes de la Flandre. Et Axel Ronse d’adjurer l’actuel titulaire du portefeuille, Jo Brouns (CD&V), de ne pas apposer sa signature au bas de ce pacte d’infamie. «Je ne suis pas pour le travail subsidié», a convenu à son tour ledit Jo Brouns au parlement flamand, «mais que certaines Régions veulent y voir leur salut ne fait que mieux mettre en relief notre autre vision d’une politique de l’emploi. Soyez sans crainte, collègue Ronse, elle ne passera pas par des zones zéro chômeur, financées à nos frais.» Ni par un de ces égarements communisants.
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