Van Ypersele « très confiant » sur ses chances d’être élu à la tête du GIEC
Le climatologue belge Jean-Pascal Van Ypersele s’est déclaré samedi « très confiant » sur ses chances d’être élu début octobre à la présidence du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) face à ses cinq rivaux, après sept ans de vice-présidence de cet organisme scientifique.
« Je suis très confiant, cela se présente très bien », a-t-il affirmé à quelques journalistes belges en marge de la 70e Assemblée générale de l’ONU qui se tient à New York, une des dernières occasions pour lui de mener campagne en vue de l’élection prévue le 6 ou le 7 octobre lors de la 42ème assemblée du Giec à Dubrovnik (sud de la Croatie).
Des diplomates se montrent toutefois plus prudents, en refusant de considérer comme acquise l’élection du candidat belge comme successeur de l’Indien Rajendra Pachauri, qui avait démissionné en février après avoir été l’objet d’une plainte pour harcèlement sexuel.
Jean-Pascal van Ypersele devra en effet affronter l’Américain Christopher Field, de l’Université Stanford (Californie), et le Sud-Coréen Hoesung Lee, de l’Université de Corée, également vice-président du Giec, mais aussi le Suisse Thomas Stocker, co-président du groupe de travail I du Giec sur les bases scientifiques des changements climatiques, l’Autrichien Nebojsa Nakicenovic et le Sierra-Léonais Ogunlade Davidson.
« Je parle du futur du Giec dans mon programme, dans ma vision », a ajouté le scientifique belge, qui est professeur de climatologie à l’UCL, pour faire valoir le sérieux de sa candidature, combinée à son excellente connaissance du fonctionnement de ce groupe d’experts.
« La Belgique a une très bonne réputation, tant auprès des pays en développement que parmi les pays les plus riches. Notre pays connait l’art du compromis et dans ce domaine aussi mes capacités sont reconnues », a poursuivi M. van Ypersele, un habitué des conférences des parties (COP) sur le climat, dont la 21ème à Paris, à la fin de l’année, s’annonce décisive pour combattre le changement climatique au niveau mondial.
Ce neveu de l’ex-chef de cabinet du roi bénéficie du soutien total de la diplomatie belge, qui l’a aidé dans sa campagne.
« Nous ne portons pas des candidats à 35 fonctions. Si nous avons un candidat, nous savons que c’est quelqu’un de compétent », a expliqué le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders. Tout en espérant que l’Union européenne puisse un jour s’accorder sur un seul candidat, commun, pour de hautes fonctions internationales.
A quoi sert le Giec?
Le Giec, créé en 1988, a pour mission de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade. Il a établi cinq rapports d’évaluation multivolumes, dont le dernier, datant de novembre dernier, met davantage l’accent sur l’évaluation des aspects socio-économiques du changement climatique et ses répercussions sur le développement durable, ainsi que sur les aspects régionaux, la gestion des risques et l’établissement d’un cadre d’intervention fondé sur des mesures d’adaptation et d’atténuation.
A l’approche de la COP 21, M. van Ypersele a dit percevoir auprès de la plupart des 195 pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) une « forte volonté » d’aboutir à un nouvel accord international sur le climat.
Il se montre en revanche « moins optimiste » sur le fait qu’un accord permettra de limiter à 2 degrés le réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle. « Et c’est encore un euphémisme », a-t-il souligné.
La secrétaire exécutive de la CCNUCC, Christiana Figueres, a pour sa part averti qu’un nouvel accord lors de la conférence de Paris ne pourra limiter le réchauffement à 2 degrés. « Trois degrés serait beaucoup mieux que 4 ou 5 degrés, mais cela reste toujours inacceptable », avait-elle déclaré la semaine dernière à Bruxelles.
« Le travail ne sera pas terminé à Paris », a confirmé M. van Ypersele, parlant d’un chantier gigantesque à la suite de Paris, afin d’augmenter le niveau d’ambition dans la lutte contre le réchauffement de la Terre.
Mais le climatologue n’en juge pas moins « très important » que la COP21 débouche sur un nouveau cadre « dans lequel tout le monde prend un engagement », contrairement au protocole de Kyoto de 1997, qui ne fixait des objectifs de réduction ou de limitation des émissions de gaz à effet de serre qu’aux seuls pays développés et aux économies en transition.
L’actuel vice-président du Giec a toutefois refusé de se prononcer sur les annonces faites vendredi, lors de leur rencontre à Washington, par les présidents américain et chinois, Barack Obama et Xi Jinping, dans la lutte contre le changement climatique.
« Le Giec n’est pas là pour distribuer des bons ou des mauvais points aux pays. Mais ensemble ces deux pays (Etats-Unis et Chine) sont responsables de la moitié des émissions (de gaz à effet de serre). Et donc leur accord est en soit significatif », a-t-il dit.