Van Ranst: « Pour chaque mesure, le Belge cherche une porte dérobée »
Interrogé par un quotidien néerlandais dans le cadre de la pandémie de coronavirus, le virologue Marc Van Ranst ne s’est guère montré tendre envers la Belgique, que ce soit envers ses dirigeants ou ses habitants. « Pour chaque mesure, le Belge cherche une porte dérobée. Et puis il y a huit ministres de la santé », déclare-t-il.
Le virologue Marc Van Ranst (KuLeuven) revient sur son rôle pendant la pandémie. Il a notamment expliqué pourquoi il diffusait de nombreux conseils sur Twitter, un comportement qui lui a valu de nombreuses critiques, et même des menaces de mort. « Il n’est pas interdit de prodiguer des bons conseils. Cet été, Anvers était la capitale de l’épidémie européenne de covid, on ne pouvait tout de même pas y envoyer des touristes? À ce moment-là, la politique était invisible, alors oui, je prends mes responsabilités », déclare-t-il à nos confrères néerlandais du Volkskrant.
Pas d’ouverture de l’horeca avant Noël
Au grand dam de l’association flamande de l’horeca, il a fait part de ses craintes concernant l’horeca. Le scientifique estime en effet que les bars et les restaurants ne pourront pas rouvrir avant Noël. « Je pense que les magasins par exemple pourront rouvrir, mais certainement pas l’horeca. Ce ne sera possible que lorsque nous serons à 50 contaminations par jour » (NDLR: nous sommes aujourd’hui à une moyenne d’un peu moins de 5000 nouvelles infections quotidiennes)
Il tente également d’expliquer la deuxième vague dramatique qui frappe la Belgique, considérée comme l’un des plus mauvais élèves de la classe européenne, même si la stratégie de testing joue un rôle, et que le nombre de contaminations est difficile à comparer d’un pays à l’autre.
« Tout d’abord, nous n’avons tout simplement pas de bonne politique du coronavirus. Notre gouvernement décide très lentement, et ensuite le degré de respect des règles n’est pas bon non plus. Dès qu’un Belge voit une porte dérobée, il s’y faufile. C’est le cas, par exemple, pour les impôts, mais aussi pour des mesures contre les maladies infectieuses, même s’il faut dire que la majorité de la population respecte bien les règles », explique-t-il au Volkskrant.
De nombreux dissidents
« Notre population compte de nombreux dissidents. Dès que des mesures sont prises, la première question est de savoir s’il y a des échappatoires et la seconde est de savoir si elles seront contrôlées. Ensuite, on décrète que les mesures sont ridicules – vous devriez savoir combien de virologues il y a entre-temps dans notre pays – et les experts sont discrédités. Je sais que cela se passe aussi ailleurs, mais en Belgique, nous en avons fait un art », a-t-il ajouté.
Cependant, le comportement des Belges n’est pas le seul problème pour Van Ranst. Il cite également la structure d’état compliquée. « Il n’y a pas moins de huit ministres de la Santé et je suis sûr qu’ils ne se connaissent même pas de nom. C’est évidemment fou: quand une décision est prise, une seule personne devrait pouvoir appuyer sur le bouton pour que la mesure soit mise en place dans tout le pays. »
Tout cela rend la prise de décision très compliquée, estime Van Ranst. Il cite aussi le problème de la vaccination : les vaccins sont achetés au niveau fédéral, mais les campagnes de vaccinations relèvent du niveau régional. « Évidemment, on ne pourra jamais intervenir énergiquement de cette façon-là », constate-t-il.
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