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Vaccination: mais quelle improvisation en Belgique! (humeur)

Olivier Mouton Journaliste

Une course contre la montre est engagée contre les mutants anglais et sud-africains qui pourraient faire davantage de ravages. Chez nous, on est en droit de se dire qu’elle est gérée dans la confusion.

Le rythme devrait s’accélérer prochainement, nous promet-on. Mais à l’heure où l’on parle, à peine un petit nombre de Belges (25000 environ, soit 0,22% de la population) a reçu un vaccin contre la Covid. Nous sommes un des pays les plus lents à lancer une campagne massive. Et si les autorités minimisent, évoquent une proportion importante comparée à de grands pays voisins: il y a pourtant de quoi s’étrangler à plusieurs égards.

La vaccination doit être « la lumière au bout du tunnel » (dixit le Premier ministre, Alexander De Croo), mais la Belgique multiplie les errements ou les excès de prudences potentiellement coupables. Fin décembre, quand les premières doses de vaccin sont arrivées, notre pays s’est engagé dans une phase test dans quelques maisons de repos. Fort bien : cela était dicté par la prudence et l’approvisionnement insuffisant en doses. A ce moment, déjà, certains, dont la députée d’opposition Catherine Fonck (CDH), invitaient nos autorités à presser le pas. Le débat était vif en France, il n’était que balbutiant chez nous.

Une bonne semaine plus tard, le franc est tombé après des achats supplémentaires de doses par l’Union européenne : on ferait tout pour accélérer. Mais alors que les vaccins étaient annoncés depuis des mois, les (neuf) ministres de la Santé du pays ont dû se concerter pour établir un plan: on protègerait le personnel soignant un peu plus rapidement, à partir de mi-février, en plus des maisons de repos. Restons zen, les autres attendront.

La même Catherine Fonck s’insurge alors contre le fait que la capacité maximale de vaccination n’aurait pas été utilisée: 60000 doses seraient restées au congélateur, sans raison vraiment valables. La moutarde monte, les ‘scandales’ du passé reviennent en mémoire: les masques, les tests…

Une ‘découverte’ permettrait enfin de faire accélérer le train: lors des premières administrations du vaccin Pfizer, il est apparu qu’il était possible d’utiliser six doses et non cinq avec un flacon, comme annoncé au départ. Pour parvenir à administrer ces six doses, l’utilisation d’une seringue d’un millilitre est requise. Problème: on risque… une pénurie jusqu’à la mi-mars. « Il y a un goulet d’étranglement » », a relevé le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, mardi en commission parlementaire de la Santé. Si 380000 seringues ont bien été livrées en décembre dernier, une deuxième livraison de 3,6 millions de seringues n’est attendue qu’au 15 mars.

Et voilà désormais la députée humaniste Catherine Fonck… appelant sur les réseaux sociaux aux bonnes âmes susceptibles d’aider à en produire chez nous, comme ce fut le cas pour les masques en son temps. Surréaliste et la moutarde monte, monte…

https://twitter.com/catherinefonck/status/1349249036944027653Catherine Fonckhttps://twitter.com/catherinefonck

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Et ce n’est pas fini. Cette fois, c’est la lenteur wallonne qui devient pénible. Au JT, mardi soir, un reportage dévoile les centres de vaccination massives en Flandre. Et au sud du pays ? Rien encore. Si ce n’est le patron… flamand d’une salle omnisports qui offre ses services au gouvernement de façon opportuniste.

Mardi soir encore, sur un plateau de télévision français, un haut responsable du Conseil scientifique soulignait: « la France met toujours un peu de temps à démarrer, mais quand ça y va, ça y va ». En Wallonie aussi, on a promis de passer à la vitesse supérieure grâce à la confirmation des prochaines livraisons de vaccin BioNTech-Pfizer. Mais en attendant, pitié, que d’atermoiements!

La population belge pourrait être immunisée à la fin de l’été, pour permettre une vie normale. D’ici là, une course contre la montre est engagée contre les mutants anglais et sud-africains qui pourraient faire davantage de ravages encore. Et à vrai dire, on est tout de même en doit de se dire que cette course est gérée avec un peu de confusion ou d’amateurisme.

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