Mélanie Geelkens

Une sacrée paire d’homophobes par Mélanie Geelkens (chronique)

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Ceci n’est pas une attaque misandre mais un fait, étayé par plusieurs études: les hommes sont davantage intolérants à l’homosexualité que les femmes.

Trente pour cent des Belges sont dérangés par deux hommes se tenant la main dans la rue. 25% des Belges n’aimeraient pas que leur enfant ait un prof homosexuel. 48% des Belges déclarent qu’ils ne pourraient pas facilement se lier d’amitié avec une personne gay. 28% des Belges ne trouveraient pas normal qu’un manuel scolaire présente des parents du même sexe. 21% des Belges estiment que si Eden Hazard était bisexuel, il serait moins populaire. 12% des Belges ne rappelleraient pas leurs amis à l’ordre si ceux-ci traitaient quelqu’un de « sale pédé » (1).

Voilà. Juste un petit rappel chiffré (non exhaustif) à destination de celles et ceux qui ont peut-être douté, le 17 mai, de l’utilité d’une journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Sans doute les mêmes qui soupirent chaque 8 mars parce que, pfff, franchement, ces-pleureuses-ont-tout-de-quoi-elles-se-plaignent. Qui méprise les femmes honnit généralement ceux qui s’aiment entre eux et celles qui se passent de pénis. Injure suprême!

Ceci n’est pas une attaque misandre mais un fait, étayé par plusieurs études: les hommes sont davantage intolérants à l’homosexualité que les femmes. 17% d’entre eux déclarent explicitement ne pas encourager leur fils à être ouvert à d’autres orientations sexuelles, contre 7% d’entre elles. 41% d’entre eux trouvent que l’école ne doit pas apprendre qu’une relation homosexuelle a autant de valeur qu’un couple hétérosexuel, contre 27% d’entre elles. 55% d’entre eux pourraient avoir un ami homophobe, contre 40% d’entre elles. 7% d’entre eux seraient mal à l’aise, en réunion de parents, si le prof de leur rejeton était gay, contre 1% d’entre elles. Etc., etc. Un dernier chiffre, tout de même: en France, un quart des personnes homosexuelles ont subi une attaque physique au cours de leur vie. Leurs agresseurs étaient masculins dans 78% des cas (2).

Ceci n’est pas une attaque misandre mais un fait: les hommes sont davantage intolu0026#xE9;rants u0026#xE0; l’homosexualitu0026#xE9; que les femmes.

Les luttes féministes et LGBTQI+ convergent, forcément. Masculinistes, homo/trans/biphobes: tous sévèrement atteints de virilité toxique. Celle qui glorifie les seuls porteurs de phallus s’en servant pour explorer le plus possible d’utérus, et qui rabaisse, discrimine, violente tous et toutes les autres. Les mouvements de défense des droits des femmes ne se battent pas que pour elles, mais pour l’inclusivité. Genrée, sexuelle, raciale. Pour une société apaisée.

Le contraire n’est pourtant pas toujours vrai. Les mouvements de défense des personnes homosexuelles n’ont pas toujours été des modèles de parité ni d’égalité. Et ne le sont parfois toujours pas, malgré les tentatives internes de meilleure représentativité. Prédominance d’hommes (blancs et aisés, évidemment) parmi les militants, peu de femmes dans les conseils d’administration des associations, mise à l’agenda politique de thématiques « masculines » (comme la gestation pour autrui)… Soit la reproduction des inégalités genrées plus largement à l’oeuvre dans la société. Le patriarcat, ce mal nuisible, s’immisce décidément partout. Subir des discriminations en raison de ses préférences sexuelles n’en immunise pas. Etre gay, c’est parfois être misogyne. Etre féministe, c’est rarement être homophobe.

(1) Source: sondage réalisé par iVox en 2016 à la demande d’Unia, le centre interfédéral pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme et les discriminations.

(2)Sondage Ifop/Fondation Jasmin Roy-Sophie Desmarais, publié en juin 2018.

« Ils se mettaient à genoux devant ma voiture pour filmer mes jambes »

Pile trente ans après avoir été nommée Première ministre (la seule et unique femme à ce jour à avoir occupé ce poste en France), Edith Cresson a raconté sur Europe 1, le 14 mai, comment elle avait été la cible d’attitudes sexistes de la part des médias et d’autres élus.

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mois de prison (soit trois ans et neuf mois): telle est la peine infligée à Jessie Campos, habitant néo-zélandais originaire des Philippines, pour avoir retiré son préservatif lors d’une relation sexuelle avec une prostituée. L’acte était consenti, mais uniquement avec protection. Le juge a donc considéré qu’il s’agissait là d’un viol. Une première, au niveau mondial: le fait d’ôter son préservatif sans l’accord de son partenaire n’est classifié par aucun code pénal. Un précédent jugement, en Suisse, avait qualifié ce fait d’agression sexuelle.

Congé de paternité prolongé… sauf pour les enseignants

Depuis le 1er janvier dernier, le congé de paternité est passé de dix à quinze jours pour les travailleurs. Sauf pour les enseignants. Cette réforme fédérale incluait en effet les fonctionnaires, mais pas les profs, pour qui la Fédération Wallonie-Bruxelles a dû prendre le relais. Un décret devrait être voté « d’ici la fin de l’année », assure le cabinet de la ministre de l’Enseignement, Caroline Désir (PS). En attendant, les nouveaux pères peuvent prendre, plus tard, les cinq jours de congé auxquels ils ont droit. Tant pis, alors, si l’accouchement aura eu lieu depuis longtemps…

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