Mélanie Geelkens
Une sacrée paire de pisseurs: seules deux bêtes pissent en rue, le mâle et le chien (chronique)
Faire don de ses fluides corporels à son environnement est une attitude typiquement masculine. La sacrée paire de la semaine, par Mélanie Geelkens.
C’était à un feu rouge, au retour d’une interview. Un homme – blond, entre deux âges – sort la tête de sa Renault Megane gris clair et crache une première fois, une deuxième, redémarre, tourne à droite. Un fragment de vie dont les circonstances resteront à jamais un mystère. Avait-il bu le fond avarié d’une canette oubliée depuis trop longtemps dans l’habitacle? Souffrait-il d’une toux particulièrement grasse? S’est-il garé quelques mètres plus loin pour éponger ce qu’il avait prestement délesté sur la chaussée? Une certitude, en revanche: une femme aurait gardé ses molards pour elle.
Faire don de ses fluides corporels à son environnement est, effectivement, une attitude typiquement masculine. C’était en vacances, cette fois. Un coucher de soleil en bord de mer, tellement photogénique. Mais le copain s’énerve: pas le temps de dégainer le smartphone, il faut rentrer, il doit incessamment uriner (ce qu’il fait d’habitude volontiers hors d’un WC, mais la digue était alors un peu trop peuplée). La fille lève les yeux au ciel: sa propre vessie la titille depuis au moins une heure sans qu’elle en fasse tout un plat. L’habitude de se retenir.
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Que faire d’autre? Une dame accroupie, c’est sale, indigne, inimaginable, indécent. De toute façon, rien dans l’espace public n’est conçu pour qu’elle puisse se soulager. Que des pissoirs, si peu de toilettes accessibles et encore moins dans un état acceptable de propreté. En 2018, Stéphane, un Liégeois qui se promenait sur la Batte, fut pris d’une envie pressante et fit son besoin dans l’avaloir d’une ruelle. Un policier passant par là lui infligea une amende de 70 euros (rappelons, en effet, à ces mâles souillons que cracher, uriner, voire déféquer en rue est habituellement interdit, si ne n’est par leur éducation, au moins par des règlements communaux). Mais Stéphane prit un avocat et, au procès, le juge lui donna raison, retenant qu’il « n’avait eu d’autre choix que d’adopter ce comportement qui, par ailleurs, est imposé aux animaux ». Mais socialement interdit aux femmes. Qui elles, c’est certain, auraient pris leur urine en patience.
La comparaison animalière s’avère toutefois pertinente: seules deux bêtes pissent en rue. Le mâle et le chien. Ce côté cabot, à vouloir ainsi marquer leur territoire. Qui est bien le leur, les villes ayant été conçues par et pour les hommes. Une manière odorante de signifier aux femelles qu’il ne s’agit pas d’un endroit pour elles? Reste qu’une bête, on tenterait de l’éduquer, on lui mettrait le nez dans ses fluides. Vilain, pas bien! Y a tout de même des entités qui l’ont tenté, comme Bruxelles, Liège ou Huy, en appliquant sur certains murs de la peinture hydrophobe, qui retourne le jet à l’envoyeur. L’arroseur arrosé (du moins, ses souliers).
Pouvoir mettre son intimité de côté, en voilà un « privilège » masculin. Nul ne s’offusquera d’apercevoir un bout d’urètre dépassant d’une braguette ouverte… Le droit à être crade en est un autre. « Tant dans la façon d’évaluer que de gérer la saleté, le genre est structurant. L’injonction sociale à être propre quand on est une femme est beaucoup moins présente pour ce qui est des hommes, comme s’il allait de soi qu’ils pouvaient être plus sales », expliquait, en 2016, la sociologue française Hélène Marche, interrogée par Slate. Dans un article consacré à cette question existentielle: pourquoi ces messieurs ne s’essuient jamais après avoir lansquiné, laissant les dernières gouttes atterrir dans leur caleçon? Déjà que certains ne peuvent s’empêcher de pisser en public, faudrait pas non plus leur demander d’utiliser du papier. Le mur, comme le slip, c’est de toute façon pas eux qui vont le nettoyer.
Drôles d’écolières
Faites le test sur Google: recherchez, dans l’onglet « images », le terme « écolier ». Que des petits garçons portant un cartable. Normal, quoi. Puis « écolière »: que des déguisements lubriques. Cette différence avait été soulevée sur Instagram le 7 juin par une jeune Américaine (ça marche aussi en anglais), Katie Risher. Puis relayée par le compte féministe L’Importante, accompagné de ce message: « la sexualisation des jeunes filles est un fléau, il faut que cela cesse! »
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logements d’urgence ont été inaugurés le 9 juin à Verviers, Liège et Charleroi. Ces appartements serviront de refuges aux jeunes LGBTQ+ qui ont dû fuir leur famille ou qui ont été mis dehors, pour leur éviter de vivre en rue. Ils sont gérés par l’asbl Emwa, qui dépend d’Arc-en-ciel Wallonie, qui souligne que les violences à l’égard des personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres ont augmenté durant le confinement.
A Malte, l’IVG enfin autorisée?
En mai dernier, la députée maltaise indépendante Marlène Farrugia a déposé une proposition de loi (surprise) visant à dépénaliser l’avortement. Malte est en effet le dernier pays européen à interdire l’IVG dans toutes les circonstances. Lorsque les femmes savent, par exemple, que leur foetus est non viable, elles sont obligées d’aller au bout de leur grossesse. Ou d’avorter clandestinement, ou à l’étranger, ce qui fut toutefois impossible durant la pandémie. Cette proposition pourrait être analysée par le Parlement dans les prochaines semaines. Mais le président George Vella a d’ores et déjà déclaré qu’il pourrait démissionner si les députés approuvaient le texte.
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