Mélanie Geelkens
Une sacrée paire de beaufs par Mélanie Geelkens (chronique)
Un sacré rigolard, Hugues Dayez. C’est quoi cette société de culs-serrés où on ne peut même plus balancer un bon gros « à poil » pour faire marrer ses confrères?
Quel dommage qu’Hugues Dayez ne couvre que le cinéma. S’il avait été, disons, journaliste politique: comme on se serait marré! Dans une conférence de presse corona, il aurait peut-être lancé « vas-y Sophie, montre-nous tes fesses! », à l’époque où Wilmès les présidait. Ou alors, sur le « sofagate », il aurait sans doute direct détendu l’atmosphère avec un « Ursula, tant que t’es debout, fais voir tes bouts ». LOL, MDR.
Un sacré rigolard. A la Desproges, à la Coluche, auxquels il s’est lui-même comparé lors de son procès le 13 avril. Pour sexisme dans l’espace public. Merde! C’est quoi cette société de culs-serrés où on ne peut même plus balancer un bon gros « à poil » pour faire marrer ses confrères? La cérémonie des Magritte était chiante, la présentatrice était barbante, il a juste lâché une bonne vanne. Sortie de son contexte, se défend-il. Vulgaire, certes (c’est le procureur qui l’a dit). Mais certainement pas discriminante à l’égard de la maîtresse de cérémonie, la comédienne Anne-Pascale Clairembourg.
Qui avait pourtant raconté, à la police lors de son audition, qu’elle n’avait plus osé sortir de chez elle, après. Qu’elle s’était sentie humiliée, avilie, professionnellement discréditée. Le juge n’avait pas trop l’air de comprendre: si le « à poil » avait été adressé à un homme, aurait-ce été sexiste? Sauf que, votre Honneur, le sexisme est une attitude discriminatoire fondée sur le sexe et lié aux stéréotypes de genre. Donc, non, ça ne l’aurait pas été. Parce qu’un homme n’est pas sans cesse ramené à son apparence, à son physique. Il n’y aurait donc eu aucun cliché sur lequel ce « à poil » aurait reposé.
C’est comme envoyer un message à une collègue qui est en train de présenter un exposé professionnel, pour lui demander de quelle couleur est sa culotte. C’est une manière de lui signifier: peu importe ce que tu racontes, ton intelligence et tes idées ne m’intéressent pas, contrairement à ton boule. Un corps. Pas un cerveau.
Ça fait penser à ce chroniqueur gastronomique bien connu, lors d’un voyage de presse à Londres. Il entrait dans l’ascenseur, on en sortait après avoir discuté deux mots avec un confrère hongkongais qui s’y trouvait aussi. Le chroniqueur en question s’était fendu d’un « alors, vous avez eu un rapport bucco-génital? » Une fille dans deux mètres carrés avec un mec, c’est forcément qu’elle vient de lui polir le chinois. Une salope. Pas une journaliste.
Ah mais oui, pardon, c’était de l’humour! Elles se sont fait amputer des zygomatiques, les féministes? On ne peut plus rire de rien? ! Si, si, à votre aise. Mais faudrait changer de disque, les gars. Les plus courtes sont les meilleures, et ça fait des décennies que ces mêmes vannes dégoulinantes sont resservies. Rester bloqués dans le monde d’avant, ça doit pas être évident. Mais si ça ne vous dérange pas de vous faire passer pour des beaufs… C’est juste que, voilà, quand ces « blagues » dérapent, quand elles blessent, rabaissent, ridiculisent, celles qui en font les frais ont le droit de dire qu’en fait, pour elles, ça n’a rien de drôle. On peut rire de tout. La seule chose qui a évolué, c’est qu’aujourd’hui on n’écoute plus seulement le moqueur, mais aussi le/la moqué(e).
L’avocate du Conseil des femmes francophones de Belgique (qui avait porté plainte contre Hugues Dayez) lui avait proposé de faire amende honorable. Reconnaître les faits, s’excuser, voilà. Le journaliste de la RTBF avait refusé. Aurait-ce été si compliqué? De réfléchir, puis de dire « je ne me rendais pas compte que c’était sexiste, ce n’était pas mon but, mais j’en ai pris conscience, désolé ». Et l’affaire aurait été réglée.
Recherche spationautes, H/F…
Jusqu’au 28 mai, l’Agence spatiale européenne (ESA) recrute de nouveaux astronautes, notamment en vue de missions sur la Lune. Cet appel à candidatures a été pensé pour ne contenir aucun biais de genre, afin de favoriser les candidatures féminines. En 2008, lors de la dernière campagne de recrutement, 16% de femmes avaient postulé. Une seule avait été finalement retenue (l’Italienne Samantha Cristoforetti), pour cinq hommes. Meilleur résultat paritaire cette fois-ci? Réponse en octobre 2022.
Y a-t-il des demoiselles dans l’avion?
Le 21 juillet 2020, un vol TUI Airways entre Birmingham et Majorque rencontrait un « incident sérieux » au décollage. L’organisme chargé d’enquêter sur les accidents aériens vient de rendre son rapport: un programme informatique avait erronément classé les femmes qui s’étaient inscrites en cochant la case « mademoiselle » comme des… enfants. Or, dans l’aviation, le poids moyen d’un enfant est de 34 kilos, et d’une passagère de 69 kilos. L’avion avait donc décollé en pensant qu’il transportait 1 200 kilos de moins, ce qui aurait pu conduire à un accident. Rien ne serait arrivé si les femmes n’étaient pas obligées de choisir entre les statuts désuets de « madame » (mariée) ou « mademoiselle » (célibataire)…
… comme Nora Al Matrooshi
Pendant que l’Esa recrute, les Emirats arabes unis viennent d’embaucher deux nouveaux astronautes. Dont une femme, Nora Al Matrooshi, 27 ans, ingénieure mécanique, première à désormais pratiquer ce métier dans le monde arabe. Elle a été sélectionnée parmi 4 300 candidats, dont 1 400 femmes.
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