« Une pension à points serait beaucoup plus transparente »
Les gens qui ont une carrière mixte s’entendent souvent dire que leur future pension ne peut être calculée », déclare le professeur en économie Erik Schokkaert (KU Leuven) qui répond aux questions de lecteurs de Knack. « Pourtant, on pourrait simplement additionner les points. »
Il y a 22 ans, j’ai commencé comme fonctionnaire avec un salaire plus bas que dans le secteur privé, mais je comptais sur une meilleure pension. Entre-temps, mes collègues contractuels ont amassé un joli pactole grâce à leur deuxième pilier de pension. Aurai-je encore un avantage par rapport au privé? (Stefaan De Meyer, Oordegem)
Erik Schokkaert: En général, les pensions de fonctionnaires demeurent tout de même nettement meilleures que dans le secteur privé. Pour les fonctionnaires aux pensions les plus élevées, les différences sont plus petites que ce qu’admis généralement, parce qu’ils n’ont pas de deuxième pilier de pension contrairement aux revenus plus élevés dans le secteur privé. Le groupe qui a le moins d’avantages, ce sont les fonctionnaires sans nomination définitive. Pour eux, ce serait équitable d’avoir un deuxième pilier, mais en tant que fonctionnaire je n’espérerais pas une assimilation avec les pensions privées, car elles ne sont pas élevées en Belgique.
J’ai travaillé comme fonctionnaire, indépendante et employée. Savez-vous quand ces trois systèmes seront alignés ? Sur mypension, je ne peux calculer la date et le montant de ma pension. La raison : « carrière de pension trop compliquée ». (Chantal Mertens, Bekkevoort)
Je ne vois pas d’alignement à court terme, ni même à moyen terme. Pour les indépendants, c’est difficile parce que souvent leurs revenus ne sont pas assez connus. Et entre fonctionnaires et employés, il y a beaucoup de différences, notamment suite au deuxième pilier. Je comprends que vous soyez frustré quand mypension indique que votre situation est « trop compliquée ». Une pension à points serait beaucoup plus transparente. Cet alignement ne serait pas nécessaire : on recevrait simplement des points par système, qui auraient leur valeur dans chaque système. Cela permettrait de faire l’addition beaucoup plus facilement.
Trouvez-vous qu’une modification du calcul du montant de la pension à effet rétroactif soit une rupture de contrat de la part de l’État ? (Jan Materne, Wechelderzande)
En principe oui, mais c’est le cas pour tous les amendements. Si vous poussez ce raisonnement jusqu’au bout, toute hausse d’impôts est une rupture de contrat, même si cela ne nous empêche pas d’instaurer une période de transition pour les réformes de pension : il est important que les gens gardent les droits de pension qu’ils ont accumulés dans le passé. Si quelqu’un a décidé il y a dix ans de partir en prépension, cette pension ne peut baisser aujourd’hui. Mais quelqu’un de 35 ans ne peut s’attendre à pouvoir arrêter de travailler à soixante ans sans conséquence.
Pourquoi les pensions ne peuvent-elles pas tout simplement être payées en net ? Cela épargnerait beaucoup de travail administratif. (Michel Vandycke, Knokke)
On fait toujours une estimation de la pension nette, ce qui permet de prélever les impôts, mais il est impossible de prédire parfaitement combien d’impôts quelqu’un devra payer. Dans notre système, les impôts sont déterminés sur base du revenu familial. Si vous êtes marié à quelqu’un qui a un joli revenu, vous aurez un montant net moins élevé que si vous êtes seul.
Mettons que les responsables politiques maintiennent la politique de pensions de 2014. À combien de plus s’élèveraient les coûts de pension totaux annuels en 2020, 2030, 2040? (Dirk Cornette, Zemst)
La Commission du Vieillissement a calculé qu’en les pensions représentaient 10,5% du PIB en 2016, en 2022 ce sera 11,2% et en 2040 12,8%. Ensuite, ce chiffre baissera parce que beaucoup de baby-boomers décéderont à ce moment-là. Cependant, on tient évidemment compte de mesures déjà prises, telles que le rehaussement de l’âge de la pension à 67 ans. Sinon, ces pourcentages seraient nettement plus élevés. Nous devons aspirer un maximum aux pensions autofinancées, car les soins de santé, la migration et le climat occuperont une part nettement plus importante du budget.
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