Une note d’espoir dans une année pourrie: le Belge forcé à repenser sa mobilité
Le Belge a été forcé de repenser ses modes de déplacement. La marche et le vélo ont gagné du terrain, les transports en commun ont marqué le pas. La voiture, malgré un arsenal dissuasif, tient encore la route. Pour l’instant.
Confinés, déconfinés puis semi-reconfinés, les Belges ont eu, cette année, l’attention mobilisée par leur mobilité. Quel déplacement domicile-travail, à quelle fréquence, avec quel(s) moyen(s) de transport? Sans surprise, confinement et généralisation du télétravail ont fait chuter quasi de moitié (- 46%) la présence des citoyens sur leur lieu de travail ainsi que les déplacements pour les achats alimentaires (- 40%), révélait en juillet une enquête du SPF Mobilité et Transports. Celle-ci détaillait aussi l’impact de la première vague sur les modes de déplacement: « La part de travailleurs effectuant leurs trajets domicile-travail en transports en commun a dévissé de 25% à 11% au profit de la voiture (passée de 56% à 65%) et des modes actifs – à pied ou à vélo – (de 17% à 22%). » Mais les réponses des sondés auguraient aussi que, même s’ils prévoyaient de s’adonner davantage au vélo ou à la marche (surtout en mode récréatif), ils comptaient, pour les déplacements « essentiels », revenir aux modes de transport qu’ils privilégiaient avant-crise. Voiture en tête.
Nom d’un pneu! Sommes-nous donc condamnés à l’immobilité en matière de mobilité? Certes, il est illusoire d’imaginer se réveiller un beau matin post-Covid et que tout roule pour le mieux. Mais un déclic a dû se produire, non? Jan Borré, manager de Via Mobile (une structure qui guide les entreprises et leur personnel vers des solutions de mobilité multimodale… poussant le vélo), est de ceux qui en sont convaincus: « Le télétravail, dopé par la crise, va s’imposer autour de deux à trois jours par semaine et restreindre fortement l’usage de la voiture. Parallèlement, celui du vélo – surtout électrique – va s’intensifier au détriment des transports en commun jugés sanitairement moins sûrs. Enfin, 60% des Belges habitent à moins de trente kilomètres de leur lieu de travail. Des distances idéales pour les deux-roues. Le vélo permet aussi un gain de place dans l’espace public, une réduction du parking, aucune émission de CO2 et des navetteurs en meilleure santé, donc moins coûteux en dépenses sociales… Le vélo va essaimer, combiné si nécessaire à d’autres moyens de transport. Même la voiture, mais uniquement quand elle est indispensable. »
La voiture! Celle qu’en temps normal sept Belges sur dix utilisent pour se rendre au boulot, est depuis longtemps l’ennemie (de la voie) publique n°1. Pollueuse, encombrante, bruyante, congestionnante, dangereuse… Pour l’empêcher de nuire et parvenir à l’objectif louable d’une ville « plus fluide, agréable, saine et sûre », dixit Elke Van den Brandt, ministre bruxelloise de la Mobilité (Groen), l’arsenal se déploie depuis des mois. Piétonniers, inflation (souvent anarchique) des pistes cyclables, réduction des places de parking, zones 30 voire 20, interdiction des véhicules polluants, péage urbain à l’étude… La pression est maximale pour faire sauter les bouchons et dissuader l’usage urbain de l’auto. Deux buts affichés par Good Move, le plan décennal bruxellois qui place la mobilité au centre des politiques environnementales et de (ré)aménagement d’une Bruxelles rêvée verte, multimodale, désengorgée.
Reste que la voiture personnelle ou de société, bien parquée dans le coeur des Belges, n’a pas dit son dernier mot. Elle s’électrifie, se décarbone, se plie aux nouvelles règles, se partage, se loue, se combine en offres fleet avec vélo électrique, rail pass ou abonnement aux transports en commun. Elle ne lâchera le bitume urbain qu’à deux conditions. Une révision totale de son vrai moteur, à savoir la mentalité de son conducteur ; une vision holistique et cohérente de la mobilité à offrir à tous les usagers belges, à pied, à vélo, en trottinette, en Stib, TEC, train ou voiture. Electrique et partagée, évidemment.
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