Joyce Azar
Une école islamique à Genk : la N-VA en alerte (électorale)
Branle-bas de combat à la N-VA, à l’annonce de l’ouverture d’une école islamique à Genk, la première à voir le jour en Flandre. « Ça ne va pas dans la bonne direction, a réagi Jan Jambon (N-VA). Il faut trouver un moyen d’empêcher ça. »
Le ministre de l’Intérieur s’est empressé de charger la Sûreté de l’Etat d’enquêter sur l’organisation qui se trouve derrière cette initiative. A l’heure actuelle, l’ouverture de l’établissement n’est encore qu’un vague projet, mais l’idée a suffi à susciter une avalanche de réactions politiques, et de déclarations alarmistes provenant principalement des nationalistes flamands.
L’inquiétude semble, certes, partiellement justifiée. Le bâtiment qui doit accueillir la nouvelle école a été acquis par la » Communauté musulmane de Belgique « , une asbl qui gère les biens immobiliers de la Fédération islamique de Belgique, elle-même liée à Milli Görüs, un mouvement conservateur, proche de l’AKP du président turc, Recep Tayyip Erdogan. En Europe, Milli Görüs, qui oeuvre notamment à une » réislamisation » des citoyens turcs, est principalement actif en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique. D’après la Sécurité intérieure allemande, l’organisation comporte deux visages, affichant un profil modéré en public, tout en tenant des propos plus radicaux en interne. Dans notre pays, Milli Görüs est sous le radar de la Sûreté de l’Etat depuis les années 1990, sans pour autant susciter de réelle préoccupation. Aujourd’hui, le mouvement possède des mosquées subsidiées par la Flandre et fournit des candidats à des listes Open VLD, SP.A et CD&V. Il joue en outre un rôle clé dans les relations avec les autorités, puisque l’un de ses adhérents n’est autre que l’actuel président de l’Exécutif des musulmans de Belgique.
Il n’est pas étonnant de voir l’émergence d’un tel projet, reflet d’un repli sur soi et des lacunes d’un enseignement censé être inclusif.
Il n’est pas étonnant de voir l’émergence d’un tel projet, reflet d’un repli sur soi et des lacunes d’un enseignement censé être inclusif. L’interdiction du voile à l’école est d’ailleurs le dernier cheval de bataille de Zuhal Demir. La secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances, tête de liste N-VA à Genk, fut ainsi l’une des premières à s’alarmer de l’arrivée d’une école qui, selon elle, » prône la charia et pousse les filles à porter le voile dès la maternelle « . Plus raisonnée, la ministre flamande de l’Enseignement, Hilde Crevits (CD&V), l’a rappelée à ses responsabilités : » Si la situation est grave à ce point, je demande à Zuhal Demir d’agir rapidement dans les écoles de Milli Görüs à Bruxelles et en Wallonie. » Le mouvement a en effet lancé un projet similaire à Charleroi et possède déjà une école à Schaerbeek. Pas de quoi inquiéter, apparemment, les ministres fédéraux de l’Intérieur et de l’Egalité des chances, dont les craintes ne semblent s’éveiller que lorsque le » danger » guette la Flandre.
» La liberté d’enseignement n’est pas sans limites « , a prévenu Hilde Crevits, rappelant que l’enseignement flamand était » suffisamment armé pour faire respecter ses acquis « . Il reviendra aux autorités d’établir si les conditions imposées sont remplies et respectées à long terme.
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