Marie Michotte
« Une certaine partie du mouvement féministe ne se trompe-t-elle pas de combat? »
Groupes de discussions non-mixtes sur le féminisme, privatisation de l’espace public ou des piscines à certaines plages horaires pour que les femmes s’y sentent plus en sécurité, formations à la self-défense, … de telles propositions ne réduiraient-elles pas l’homme à un dangereux prédateur qui ne peut rien d’autre que nuire à la femme ?
Il faudrait vraiment vivre sur une autre planète pour ignorer que c’est aujourd’hui la journée internationale des droits des femmes. Entre les partis politiques qui vantent leur programme en faveur des femmes, les médias qui rappellent à quel point les inégalités entre hommes et femmes subsistent ou encore les marques qui nous vendent un deuxième soutien à gorge à -50% pour un premier acheté, à chacun sa façon de mettre les femmes à l’honneur (Hum !)
D’ailleurs, cette journée est souvent réduite à l’appellation « journée des femmes » et à l’immense privilège, en tant que femme, de se voir offrir des roses ou une dispense pour la vaisselle du soir (Hum, encore !)
Les chiffres des inégalités qui demeurent entre hommes et femmes sont effrayants, le combat pour plus de droits pour les femmes et d’égalité avec les hommes, surtout au niveau mondial, doit absolument se poursuivre. Il n’y a absolument rien qui peut justifier, en 2019, que les femmes ne jouissent pas des mêmes droits que les hommes.
Je m’inquiète néanmoins sur les orientations que semble prendre une certaine partie du mouvement féministe qui, à mon sens, se trompe de combat en délaissant progressivement la quête de l’égalité homme-femme pour celle de la suprématie des femmes sur les hommes, de la prise de pouvoir sur l’homme, parfois dans un esprit revanchard et dans une optique d’opposition. Certes le sujet est sensible et fait de nombreuses victimes, mais en voulant renverser la tendance, cette branche du féminisme ne serait-elle pas en train de réaliser exactement ce qu’elle reproche aux hommes ?
Groupes de discussions non-mixtes sur le féminisme, privatisation de l’espace public ou des piscines à certaines plages horaires pour que les femmes s’y sentent plus en sécurité, formations à la self-défense, … de telles propositions ne réduiraient-elles pas l’homme à un dangereux prédateur qui ne peut rien d’autre que nuire à la femme ?
Sans parler du mouvement #metoo qui, malgré une intention très louable qui a permis la libération de la parole des femmes victimes, prend parfois la tendance d’une chasse aux sorcières sur fond d’amalgames mettant tous les hommes dans le même sac.
C’est donc ça le combat féministe en 2019 ?
Parler d’égalité homme-femme sans les hommes, c’est un peu comme mener des politiques climatiques en se passant de l’avis des experts (ah mince, c’est ce qui se fait déjà, … mais c’est un autre débat !).
Je regrette sincèrement le fait que cette branche du féminisme joue le jeu de l’exclusion plutôt que de l’unité, de l’agressivité et de la dénonciation envers les hommes plutôt que du respect et du dialogue. Cette manière d’agir est, selon moi, néfaste pour l’image du juste combat que nous devons mener pour plus d’égalité entre les hommes et les femmes, mais également entre tous les humains. Et les hommes ne peuvent pas être mis à l’écart de ces légitimes revendications.
J’ai la profonde conviction que c’est ensemble, uniquement, par l’éducation, le dialogue, le travail législatif et judiciaire, que nous pourrons mener le combat pour plus d’égalité et de justice pour tous. Et certainement pas en entretenant la peur et la rancoeur des femmes par rapport aux hommes et en opposant les humains entre eux.
Par Marie, une femme qui veut encore pouvoir se revendiquer féministe
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