Un tract d’Ecolo sur la liberté de culte fait polémique et est retiré
Des élus et observateurs de la vie politique ont dénoncé mercredi la distribution par Ecolo d’un tract dans l’entité de Laeken, au nord de la ville de Bruxelles, présentant la position des différents partis en matière de liberté de culte, singulièrement le culte musulman. Ce tract, qui souligne notamment l’appui d’Ecolo à l’autorisation de l’abattage sans étourdissement dans le cadre de rites religieux à Bruxelles, a été distribué par les élus bruxellois Zoé Genot et Ahmed Mouhssin. A la suite de la polémique, Ecolo en a ordonné le retrait.
On y lit notamment qu’à l’exception des autres partis, Ecolo et le PTB sont en faveur de l’autorisation du port du foulard islamique pour le personnel au guichet de l’administration, de la possibilité pour les parents de pouvoir choisir un jour de congé selon leurs convictions ou de l’autorisation du port du foulard à l’école par les élèves. En outre, à l’exception de DéFI et du PS, Ecolo, le PTB, le MR et le cdH sont pour le maintien de cours de religion et de morale dans le réseau officiel. Le tract précise qu’Ecolo est pour l’autorisation de l’abattage sans étourdissement dans le cadre de rites religieux à Bruxelles. Interdit en Flandre et en Wallonie (avec l’appui d’Ecolo), l’abattage sans étourdissement reste autorisé à Bruxelles.
Chez les Verts, la députée régionale Annemie Maes (Groen) avait déposé en vain une proposition d’ordonnance d’interdiction. La question divise d’ailleurs les élus dans d’autres partis, les Wallons étant parfois plus sensibles à la question du bien=être animal, et les Bruxellois plus soucieux de la pratique religieuse de certains croyants dans les communautés musulmanes et juives. Mercredi, le ministre wallon du Bien=Être animal Carlo Di Antonio (cdH) a d’ailleurs croisé le fer sur Twitter avec son compagnon de parti, le député bruxellois Ahmed El Khannouss sur cette question. Les débats se poursuivent également sur le terrain du droit. Saisie d’une requête contre le décret flamand d’interdiction de l’abattage rituel, la Cour constitutionnelle a posé une question préjudicielle à la Cour de justice de l’Union européenne. En attendant, la distribution du tract d’Ecolo a fait l’objet d’une vive polémique mercredi.
« Un moment clé de la campagne »
« Nous sommes à un moment-clé de la campagne. Les masques d’Ecolo sont tombés », a réagi auprès de l’agence BELGA le ministre fédéral sortant Denis Ducarme (MR), tête de liste à la Chambre dans le Hainaut. Dénonçant l’attitude de la « gauche communautariste », il a fustigé les « accommodements raisonnables » plaidés par les écologistes ainsi qu’une atteinte à « la neutralité de l’Etat » et au « vivre ensemble que rend possible la neutralité ». « On peut pas y croire! ! C’est un Fake dites? ! « , a lancé le député Georges Dallemagne, tête de liste bruxelloise cdH à la Chambre. Deuxième sur la liste DéFI à la Chambre, Sophie Rohonyi parle de « honte ». « Ecolo pris en flagrant délit de communautarisme et de mensonge, car Ecolo a soutenu l’interdiction de l’abattage rituel sans étourdissement en Wallonie », a-t-elle dit.
Candidate DéFI à la Région, Marie Nagy a republié via Twitter la carte blanche, datée de 2016, dans laquelle elle demandait avec insistance à sa précédente formation, Ecolo, dont elle était une militante active de longue date, de clarifier une fois pour toutes sa position dans le débat sur la laïcité et le communautarisme religieux. Cette démarche lui avait valu de perdre le titre de cheffe de groupe, qui lui était contesté par ailleurs en interne, à la Ville de Bruxelles, et l’avait entraînée vers la porte de sortie. La tête de liste Ecolo au parlement bruxellois, Alain Maron, a renié la paternité du tract. « Ce tract n’a en effet pas été avalisé par Ecolo BXL avant sa diffusion et ne l’aurait pas été. Ce n’est clairement pas notre façon de faire campagne. Nous misons sur la nuance et le dialogue, par sur les clichés ni le communautarisme », a-t-il réagi sur Twitter. Le parti Ecolo a fait savoir qu’il avait ordonné le retrait de ce tract qui reprenait une présentation de propositions en matière de cultes réalisée par La Libre. « Ce sujet mérite mieux qu’un tract racoleur sur un marché », ont estimé les Verts.
Zoé Genot se dit désolée et charge « des socialistes inquiets »
La cheffe de groupe Ecolo Zoé Genot a affiché sa désolation mercredi sur Facebook après les répercussions du tract polémique. Elle dit aussi avoir agi de la sorte pour rassurer des personnes sur les marchés « désinformées par des socialistes inquiets ».
La candidate écologiste leur reproche d’avoir appelé des citoyens à ne pas voter Ecolo car « ils sont contre le foulard, contre le hallal ». C’est cet état de fait qui a motivé l’élue à distribuer une information en provenance des sites internet de la Libre et de la RTBF, comparant les programmes. « Le communautarisme, c’est adapter son discours en fonction du public », dénonce-t-elle a contrario.
Elle dit assumer ses positions partout, que ce soit la reconnaissance du génocide arménien, l’adoption homosexuelle. Aujourd’hui, Zoé Genot regrette « vraiment que ceux qui veulent affaiblir Ecolo et le nécessaire changement écologique, social et éthique aient eu à cause » d’elle « une nouvelle munition ». Elle se dit « vraiment désolée pour les personnes qui ont été choquée par le tract d’invitation au débat sur les libertés convictionnelles et reprenant les réponses des partis sur ces aspects faites au journal La Libre Belgique ». Selon elle il s’agissait d' »une grosse erreur: la non concertation avec la régionale ».
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