Carte blanche
Un processus de décisions politique plus transparent peut renforcer l’adhésion aux mesures de lutte contre le covid (carte blanche)
Depuis plusieurs mois, des mesures liées à la situation sanitaire actuelle sont prises, des mesures qui ne sont pas évidentes et qui génèrent un ras-le-bol général.
Récemment, de nouvelles critiques se sont fait entendre quant à l’opacité des données et des discussions au conseil des ministres ou encore de l’absence de débats parlementaires. Cette opinion entend contribuer à ce débat concernant la légitimité et l’adhésion aux mesures prises par le gouvernement.
La question de l’adhésion aux décisions prises par les gouvernements est une question qui a généré de nombreux travaux au sein de la discipline des sciences politiques. Cette question est primordiale et la littérature en science politique met en exergue deux explications principales quant à l’adhésion et au respect des mesures gouvernementales : le contenu de la décision et la manière dont la décision est prise.
Le contenu de la décision est évidemment l’un des facteurs les plus importants et sur lequel il est le plus difficile d’agir. En effet, si une personne est fondamentalement convaincue que le fait d’empêcher les citoyens d’aller en vacances n’est pas une bonne décision, il y a peu de chance que cette personne adhère à la mesure de l’interdiction de séjour non essentiel à l’étranger. Toutefois, d’autres travaux soulignent que la qualité des procédures de décisions peut avoir un impact significatif sur l’adhésion à une décision politique, même si la décision n’est pas celle préférée au départ.
Sur ce point spécifique, le gouvernement peut agir. La littérature montre que les citoyens ont plus tendance à accepter une décision, même défavorable, si la manière dont les décisions sont prises est considérée comme juste. Apporter plus de transparence peut, par conséquent, contribuer à rendre la décision plus acceptable et légitime aux yeux de la population. In fine, il est plus facile de comprendre pourquoi un gouvernement fait des choix spécifiques et d’adhérer à ses décisions lorsque l’ensemble des éléments présents dans la balance sont disponibles aux yeux de l’ensemble de la population.
La question n’est donc pas de savoir si les membres du gouvernement ont tort ou ont raison de prendre les mesures qu’ils estiment être les bonnes, mais plutôt d’avoir de réels débats transparents au parlement, voire au-delà afin d’avoir un réel projet collectif et de longue durée face à la pandémie. Si la situation sanitaire peut parfois nécessiter de prendre des décisions urgentes, il est important de considérer le fait que l’adhésion à ces mesures est aussi liée à la qualité des procédures de décisions.
Pour susciter l’adhésion, ne devrions-nous pas susciter le débat ?
David Talukder Chercheur-Doctorant Université Libre de Bruxelles (ULB)
CEVIPOL – Centre d’études de la vie politique
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