Un parfum de scandale? La Belgique a accentué ses importations de Russie de… 130% (infographies)
Au cours des six derniers mois de la guerre en Ukraine, la Belgique a considérablement augmenté ses importations de Russie (+130%), et ce malgré les sanctions européennes, selon une enquête du New York Times. Le gaz liquéfié et les diamants sont particulièrement responsables de ces pourcentages.
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, la Belgique n’a pas coupé ses relations commerciales avec la Russie. Elle les a mêmes approfondies, selon une étude réalisée par le New York Times, dont les résultats détaillés sont disponibles ici.
Bien que notre pays ait réduit ses exportations d’un quart vers la Russie (-27%), il a importé 130 % en plus que la moyenne des cinq dernières années. Le volume global du commerce entre la Belgique et la Russie a augmenté de 81%.
Cette augmentation significative peut sembler étonnante au regard des sanctions européennes qui sont censées réduire au maximum les relations commerciales avec le Kremlin. Malgré les huit paquets de sanctions de l’UE, les exportations russes ne semblent donc pas affectées ; elles se portent même mieux.
La Belgique n’est pas une exception européenne. De nombreux pays ont également augmenté leurs importations de Russie. C’est le cas, entre autres, des Pays-Bas (+74%), de l’Allemagne (+38%), ou de l’Espagne (+112%). A contrario, les Etats-Unis (-20%), la Suède (-86%), le Royaume-Uni (-81%), ou encore le Portugal (-42%), ont, eux, réduit leurs importations de Russie. L’Inde (+430%) et la Turquie (+213%) sont les deux pays qui ont le plus accentué leurs importations avec les Russes.
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Si l’Agence pour le Commerce extérieur ne peut pas confirmer les chiffres du New York Times, il demeure certain que nous payons davantage l’économie russe. L’agence a comparé la période de mars à juillet de cette année avec celle de l’année dernière. Les importations auraient doublé, passant de 3,3 milliards d’euros à 6,6 milliards d’euros.
Quelles explications ?
Selon l’agence, citée par le Standaard, l’augmentation est principalement due à la hausse des prix des matières premières. Notre pays importe principalement du pétrole et du gaz de Russie. Dans les premiers mois de la guerre, sa valeur a augmenté de 220 %, ce qui représente un supplément de 3 milliards d’euros pour la Belgique.
Le port d’Anvers est un autre élément qui peut expliquer ces augmentations. Car le lieu reste un point central pour les importations de produits pétroliers et de pétrole brut. Zeebrugge est également un port de transfert de gaz liquéfié (GNL) importé de Russie.
Cependant, les revenus plus élevés de la Russie ne s’expliquent pas uniquement par l’augmentation du prix des matières premières. Le volume a lui aussi augmenté, en particulier celui du gaz liquéfié russe. Si les importations via les pipelines ont chuté de 80%, beaucoup plus de gaz liquide est importé. Et ce marché reste flexible : les navires qui transportent du GNL naviguent vers le port où les prix sont les plus élevés. Pour l’instant, ce type de gaz n’est pas soumis aux sanctions européennes.
En réalté, la Belgique a beaucoup à gagner avec le commerce du GNL. Via Zeebrugge, le gaz va ailleurs en Europe ou même en Asie. La société Fluxys assure le stockage, le transport et la regazéification du GNL russe : un gros boost pour l’emploi et le commerce local.
A partir de décembre, les pétroliers russes transportant du pétrole brut ne seront plus autorisés à accoster dans les ports européens. A partir de février, le boycott s’appliquera également aux autres produits pétroliers. Cette nouvelle étape portera donc un coup dur aux exportations russes vers notre pays.
Diamants
Le port d’Anvers peut continuer à compter sur les diamants russes, le produit d’exportation russe le plus important après le pétrole et le gaz. Le commerce du diamant fait l’objet de discussions depuis des mois. Lors de son allocution devant le Parlement belge, le 31 mars 2022, Zelensky avait interpellé nos politiques sur le sujet. « La paix a plus de valeur que les diamants et les accords avec la Russie, que les bateaux russes dans les ports, que le pétrole et le gaz russe », avait-il lancé devant la Chambre.
La diplomatie belge ne l’a pas entendu de cette oreille, et sept mois plus tard, le commerce du diamant n’est pas boycotté, loin de là. Protéger Anvers comme centre mondial du diamant est finalement devenu une priorité, avec comme motif que le commerce se déplacerait de toute façon vers l’extérieur. Argument avancé : la Russie trouverait facilement de nouveaux acheteurs et un boycott ne toucherait pas uniquement la Belgique, mais surtout l’Europe.
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