Un livre donne la parole aux jeunes confinés: « Après on en reparlera, en rigolant »
Donner la parole aux jeunes confinés. Dès le 18 mars 2020, l’asbl Scan-R l’a fait, patiemment, habilement, et publie un livre » Les Bouches émissaires « , à mettre entre toutes les mains, politiques et autres. Compte-rendu et extraits.
Voilà plus de deux ans que cette asbl sillonne la Wallonie et Bruxelles pour valoriser la parole des jeunes, les poussant à se questionner et à écrire ce qu’ils vivent et ressentent. Avec le confinement et ses conséquences, l’opportunité était évidente de continuer, voire d’amplifier cette expérience précieuse, via des ateliers d’écritures le plus souvent organisés en virtuel, vu les contraintes sanitaires. Les 330 jeunes qui y ont participé viennent de tous les horizons sociaux et géographique du pays, pour beaucoup sensibilisés à cet exercice par des Maisons de jeunes ou des AMO et la campagne de l’asbl « Bouclé-e par la corona ? Ouvre la ! ».
Résultat : le livre « Bouches émissaires, jeunesses confinées », publié par Les Editions Namuroises. Ses 94 pages montrent à quel point il est urgent d’écouter les jeunes confinés, dont les perspectives sont souvent brisées par le covid. Nous en publions quelques extraits ci-dessous. Le livre, déjà en rupture de stock sur le site de l’éditeur mais disponible en librairie (voir la liste sur scan-r.be) est évidemment beaucoup plus riche et instructif. Il reprend les voix aussi bien d’un jeune en décrochage que d’une doctorante de l’ULg et aussi de jeunes chez qui l’introspection, forcée par le confinement, a libéré la parole par rapport à un passé douloureux, fait de harcèlement ou même d’agressions sexuelles. Ce qui se ressort surtout de ces écrits est l’immense solitude, l’angoisse de nombreux jeunes, mais aussi la solidarité, la lucidité, la résilience, l’engagement, et ce malgré le bouleversement causé par le covid.
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« Le changement de codes et de normes dans le quotidien des jeunes a été très brutal, témoigne François Németh, le président de Scan-R. Ils ont vu leurs lieux de détente et de rencontres se fermer, même les skate-parks, et se sont sentis particulièrement surveillés par la police. C’est très perturbant, pour eux. A travers leur regard, on se rend compte que beaucoup de choses ne leur ont pas été bien expliquées et qu’ils n’ont pas été écoutés du tout. Pis : ils ont été stigmatisés à tort, alors que la plupart ont respecté les règles sanitaires. Il est aussi révélateur que les politiques évoquent souvent la jeunesse au singulier, alors que nous parlons de jeunesses plurielles. »
Courts extraits d’écrits de jeunes, piochés dans le livre Les Bouches émissaires :
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