Un juge d’instruction désigné dans le dossier Cristal Park (info Le Vif)
Le dossier judiciaire Cristal Park, du nom de ce projet immobilier jamais sorti de terre sur le site des anciennes Cristalleries du Val Saint-Lambert à Seraing, a été mis à l’instruction par le parquet du procureur du roi de Liège suite à une plainte de la Ville de Seraing.
L’affaire Cristal Park faisait l’objet d’une information judiciaire diligentée depuis plus d’un an et demi par le parquet, mais l’enquête patinait. La cheville ouvrière du projet Cristal Park, Pierre Grivegnée, avait été interrogé comme suspect à plusieurs reprises, et une échevine de Seraing auditionnée comme simple témoin.
Mais suite à la plainte pénale de la Ville de Seraing avec constitution de partie civile, déposée début août, c’est désormais le juge d’instruction financier Philippe Richard qui reprend les rênes de l’enquête Cristal Park. Les préventions retenues dans la plainte concernent des faits de « détournement, escroquerie, faux et usage de faux, et abus de biens sociaux », confirme Catherine Collignon, magistrate et porte-parole du parquet. La plainte, déposée par Me Jean-Louis Gilissen, conseil de la Ville de Seraing, vise personnellement Pierre Grivegnée et « X ».
Trois plaintes successives
Le PTB, via son chef de file à Seraing, Damien Robert, avait déposé plainte un mois plus tôt auprès du procureur du roi de Liège, mais sans se constituer partie civile (juste « personne lésée »). Craignant pour sa réputation, l’homme d’affaires Guido Eckelmans, principal associé et financier de Pierre Grivegnée au sein de la société Speci, avait également déposé plainte, mais auprès de la police, fin juillet.
Juste avant ces trois dépôts de plainte successifs, Le Vif et la RTBF ont révélé, début juillet, une affaire de fausses factures remboursées par Immoval (société à capitaux principalement publics qui finance le projet Cristal Park) à Speci (société privée qui développe le projet), deux sociétés pilotées par Pierre Grivegnée. Problème : ces factures n’ont jamais été établies par les sous-traitants supposés les avoir émises. Elles ont été fabriquées. Les propriétés informatiques des fichiers Word des factures émises indiquent que leur auteur serait un certain « p.grivegnée ». Elles ont été remboursées avec de l’argent en partie public.
Le parquet au pied du mur
La balle est actuellement dans le camp du parquet. Soit le ministère public s’implique, car il estime que l’intérêt général est lésé, et il prend en charge l’intégralité des frais générés par l’instruction judiciaire. Soit il ne s’engage pas et tous les frais engendrés par l’enquête reviendront à la charge de la partie civile, à savoir la Ville de Seraing. C’est la raison pour laquelle ni le PTB, ni Guido Eckelmans, ne se sont constitués partie civile, de peur de devoir assumer le coût de l’instruction.
La désignation automatique d’un juge d’instruction suite à la constitution de partie civile devrait faire avancer l’enquête Cristal Park. Le juge, indépendant, dispose d’un pouvoir bien plus large que le parquet pour contribuer à la manifestation de la vérité. Il peut notamment mener des perquisitions, désigner des experts, mettre sur écoute, arrêter un suspect, l’inculper.
Le juge Philippe Richard n’est pas un inconnu. C’est le pionnier des affaires politico-financières à Liège. C’est lui notamment qui a enquêté sur Luc Partoune et José Happart (affaire Liège Airport), sur Stéphane Moreau (dossier Tecteo/Ogeo), sur Luciano D’Onofrio (affaire Standard) et sur Alain Mathot (dossier Intradel). Il est réputé coriace. Reste à voir si le parquet de Liège, sous la houlette du procureur Philippe Dulieu, étiqueté PS, va lui donner les coudées franches en prenant en charge financièrement cette nouvelle instruction judiciaire politiquement sensible.
(avec François Braibant, RTBF)
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