Un hébergeur de migrants poursuivi et emprisonné depuis 8 mois
Le tribunal de première instance francophone de Bruxelles se penchera à l’automne sur le cas de 11 personnes poursuivies pour organisation de trafic d’êtres humains. Sur les 4 personnes qui prétendent avoir seulement hébergé des migrants, seul Walid, un Tunisien de 42 ans en situation régulière sur le territoire belge, reste incarcéré et ce depuis le 20 octobre 2017, a relevé jeudi en fin de journée l’avocate Selma Benkhelifa du réseau Progress Lawyers Network.
Sur les 12 prévenus initiaux, un migrant est depuis passé en Angleterre. Etant donné que seul un avocat néerlandophone qui défend un migrant demandait le maintien du néerlandais pour le procès, que les 4 hébergeurs s’expriment en français et que les migrants n’ont pas de préférence, le tribunal correctionnel de Termonde a accédé début juin à la demande de confier l’affaire à un tribunal francophone.
Anouk Van Gestel, rédactrice en chef de Marie Claire Belgique, et Myriam Berghe, journaliste chez Femmes d’Aujourd’hui, n’ont jamais fait de prison et comparaîtront libres. Zakia, qui se qualifie comme elles de simple hébergeuse, a fait deux mois de détention préventive avant d’être libérée. Elles sont toutes trois soupçonnées d’avoir hébergé des passeurs et d’avoir aidé des migrants à traverser les frontières. Les 8 personnes qui restent aujourd’hui placées en détention ont été présentées dans la presse comme des migrants accusés d’être des passeurs.
Dans sa lettre, Walid explique être en ordre de séjour. Il dit vivre depuis 17 ans à Bruxelles et avoir été marié à une Belge pendant des années. Il a obtenu un droit de séjour illimité. Walid souligne qu’il n’a jamais été arrêté, ni commis aucun délit. Il a hébergé un homme suspecté d’être un passeur. Il assure qu’il a toujours pensé et qu’il pense encore que ce jeune était un simple migrant qui essayait de gagner l’Angleterre.
« J’ai juste voulu être gentil », écrit Walid. « Ils ont détruit ma vie. J’ai perdu mon appart. J’ai appris que le propriétaire avait vidé l’appartement et jeté toutes mes affaires. J’avais des photos de mes parents, des souvenirs. Mes vêtements, c’est pas grave, mais les photos quand j’y pense, j’ai envie de pleurer ».
Les faits sont qualifiés de trafic et non de traite des êtres humains puisque les personnes poursuivies sont suspectées d’avoir aidé à faire passer illégalement les frontières à des individus et non de les avoir exploitées. La défense des hébergeurs veut faire la distinction entre un citoyen solidaire qui ne devrait pas pouvoir être condamné et des trafiquants d’êtres humains.