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Un gros chahut ouvre une législature de confrontations

Olivier Mouton Journaliste

Le début du gouvernement est dantesque en raison de la N-VA. L’opposition francophone, socialiste en tête, s’en émeut. Le chaos au parlement avant la déclaration de Charles Michel annonce une législature de confrontations.

Cela part dans tous les sens. Jan Jambon, vice-Premier ministre N-VA en charge de la Sécurité, tient des propos ambigus sur la collaboration, son chef de cabinet roule dans une Porsche aux deux plaques d’immatriculation différentes et ne paye pas ses amendes, les cadres de la N-VA Theo Francken et Ben Weyts ont participé le week-end dernier à une fête d’anniversaire de Bob Maes, père-fondateur de la milice interdite VMO… Tout cela a inévitablement fait bouillonner le débat parlementaire autour de la déclaration gouvernementale du Premier ministre Charles Michel, mardi après-midi. Comme une métaphore de la législature qui s’annonce…

Le gouvernement Michel Ier, à peine mis en place, est secoué par les vagues causées par les provocations de la N-VA. L’opposition ne se prive pas de les dénoncer bruyamment depuis hier, appels à la démission à la clé. Profitant de la retransmission télévisée de la déclaration gouvernementale, elle a accueilli le nouveau Premier ministre par un chahut monstre après que le cheffe de file de l’opposition PS, Laurette Onkelinx, ait demandé à crever avant tout l’abcès des affaires N-VA en court. Une requête refusée par le nouveau président de la Chambre… N-VA, Siegfried Bracke, complètement dépassé par les événements et dont certains… MR, dont l’eurodéputée Frédérique Ries, ont immédiatement dénoncé le manque de fermeté sur les réseaux sociaux.

Le spectacle était, il est vrai, hallucinant. Soudain, la Chambre s’est transformée en une enceinte parlementaire à la britannique, avec des coups d’éclat et des coups de semonce. « Une classe de maternelles », commentait, dépité, le nouveau chef de file N-VA, Hendrik Vuye, par ailleurs professeur de droit constitutionnel à Namur. Mais une classe alerte, alors, pleine d’entrain, du « Vous ne respectez pas l’opposition » coléreux de Laurette Onkelinx (PS) à la réplique musclée de Denis Ducarme (MR) : « Arrêtez votre cinéma. Vous êtes de mauvais acteurs. »

En évoquant certaines critiques de l’opposition, dans une interview accordée ce lundi matin au Soir, le nouveau Premier ministre osait : « Le clapotis sur l’eau ne m’intéresse pas. » En l’occurrence, les vagues des provocations nationalistes ont tout bonnement perturbé son entrée en fonction. On retiendra davantage de son investiture le brouhaha dans l’hémicycle vert de la Chambre que ces phrases martelées avec force : « Nous voulons une société qui ouvre le champ des possibles, où liberté rime avec solidarité. »

Inédites, les scènes de ce mardi après-midi à la Chambre témoignent du fait que l’opposition à la Suédoise sera très forte, emmenée par une Laurette Onkelinx déjà qualifiée par la N-VA « d’hystérique » ou par un jeune écologiste flamand, Kristof Calvo, accrocheur, sans oublier l’expérimenté et rusé Olivier Maingain (FDF) ou le jeune trublion Raoul Hedebouw (PTB). Charles Michel veut être « rassembleur », porteur d’un projet dynamique, mais il aura fort à faire pour ne pas être happé par une logique de confrontations qui risque de miner le travail de son équipe. On dit de lui qu’il a le tempérament d’un « poisson froid », il en aura bien besoin pour ne pas se noyer…

A voir le nouveau président de la Chambre, Siegfried Bracke (N-VA), complètement perdu au beau milieu de ce match de catch, on est par ailleurs en droit de se demander si c’est le fruit de son inexpérience – le président de l’assemblée Patrick Dewael lui a même fait la leçon – ou si les nationalistes n’ont tout simplement pas décidé de rendre les institutions nationales risibles. Auquel cas, la Suédoise risque tout simplement d’être un bébé mort-né.

Une certitude après ce petit bal d’ouverture : la rupture initiée par le nouveau gouvernement ne se fera pas dans la sérénité. L’opposition, au risque d’être caricaturale, est bien décidée à ne rien laisser passer. Voilà qui promet du spectacle, à tout le moins, en espérant que ce ne soit pas du chaos…

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