Hadja Lahbib et Nathalia Anoshyna
Hadja Lahbib et Nathalia Anoshyna © belga

Ukraine: un voyage en Crimée qui risque de coûter cher à Hadja Lahbib

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Moins de deux semaines après sa nomination au poste de ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib (MR) fait l’objet d’une polémique. L’année dernière, elle s’est en effet rendue en Crimée en qualité de journaliste, munie d’un visa russe. L’information est relayée par Le Soir, de Standaard, la RTBF et la VRT.

En 2014, Vladimir Poutine a annexé la péninsule de Crimée, mais la communauté internationale continue à la considérer comme faisant partie de l’Ukraine. Sur leur site, les Affaires étrangères stipulent d’ailleurs que la « Crimée est actuellement annexée par la Fédération de Russie de façon illégale. Pour la Belgique, la Crimée continue à faire partie de l’Ukraine en vertu du droit international ».

Malgré cette annexion non reconnue par la communauté internationale, l’ancienne journaliste a demandé un visa russe pour entrer en Crimée. Jusqu’au 24 février dernier, il y avait pourtant moyen d’obtenir un visa ukrainien, même si la procédure est plus longue et plus complexe, et qu’Hadja Lahbib n’est pas la seule journaliste à être passée par la Russie pour accéder à la péninsule.

« Une étrange destination »

Le 18 juillet dernier, le chef de groupe à la Chambre Peter De Roover (N-VA), a ressorti l’affaire sur Twitter, qualifiant la Crimée d’ »étrange destination ». Hadja Lahbib lui a rétorqué que ce voyage faisait partie de son travail de journaliste.

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Guère satisfait par cette explication, De Roover précise ce lundi que l’ancienne journaliste de la RTBF est allée en Crimée pour couvrir un festival organisé par le gouvernement russe et par une institution dirigée par l’une des filles de Poutine, Katerina Vladimirovna Poutina. « Mme Tikhonova/Poutina figure depuis avril sur les listes de sanctions des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Union européenne et du Japon », explique de Roover sur Twitter.

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Le nationaliste flamand n’est pas le seul à dénoncer le voyage de la ministre en Crimée. Interrogé par Le Soir, Georges Dallemagne, député fédéral Les Engagés, mais aussi président du groupe d’amitié entre le Parlement ukrainien et le Parlement belge, se dit troublé par le voyage d’Hadja Lahbib et prône la transparence. « La ministre, à mon sens, doit clarifier, et notamment préciser par qui elle a été invitée, et qui a financé ce voyage. En tout cas, Gazprom était le principal sponsor de ce festival de danse contemporaine, qui se trouve être aujourd’hui l’arme qu’utilise la Russie pour tenter de mettre à genoux les Européens… », explique-t-il au Soir.

« Une sorte de collaborateur »

Sans surprise, l’information suscite également la polémique en Ukraine. « Les voyages en Crimée via la Russie sont un sujet particulièrement sensible en Ukraine, et particulièrement pour les personnalités publiques. Pour l’opinion publique là-bas, vous êtes considéré comme une sorte de collaborateur, quelqu’un qui soutient l’annexion de la Crimée par la Russie », explique Jan Balliauw, journaliste à la VRT, qui s’est rendu en Crimée en 2016 muni d’un visa ukrainien, à la chaîne flamande.

Selon un représentant officiel ukrainien interrogé par De Standaard, Hadja Lahbib ne doit pas espérer se rendre en Ukraine pour rencontrer le président Zelensky ou un autre personnage haut placé ukrainien.

L’affaire est douloureuse pour la nouvelle ministre Affaires étrangères qui tente par tous les moyens de montrer son attachement à l’Ukraine. Ainsi, lundi elle a assisté à l’inauguration de quatre maquettes créées au parc Mini-Europe devant symboliser l’expression de la solidarité européenne avec l’Ukraine. Elle était en compagnie d’une représentante de l’ambassade d’Ukraine en Belgique.

« Indéfectible soutien »

Hadja Lahbib, a exprimé auprès de son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, l' »indéfectible solidarité » de la Belgique avec Kiev à l’occasion de la Journée de l’État ukrainien, qui intervient plus de cinq mois après le début de l’invasion russe.

« C’est un jour important pour le peuple d’Ukraine. Pour la Journée de l’État ukrainien, j’ai fait part à Dmytro Kuleba de notre indéfectible solidarité, de nos fermes positions sur la situation et de notre engagement à maintenir notre soutien », a-t-elle indiqué sur Twitter. 

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Selon les informations du Soir, le porte-parole des Affaires étrangères ukrainennes, Olgen Nikolenko, rappelle sur sa page Facebook que « les citoyens étrangers doivent respecter la législation ukrainienne et la position officielle de leur État. La Belgique ne reconnaît pas l’annexion de la Crimée par la Russie, soutient la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues. »

« Le ministère ukrainien des affaires étrangères s’entretient avec la partie belge sur la question par la voie diplomatique afin d’établir toutes les conditions du voyage et de prendre des décisions sur de nouveaux contacts bilatéraux« , ajoute-t-il.

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