Etienne Dujardin
Tunnel bruxellois fermé : le summum de l’incompétence
On ne peut pas dire que la fermeture du tunnel Stéphanie soit venue par surprise. Depuis 20 ans, tout le monde sait que les tunnels bruxellois sont dans un mauvais état et qu’ils doivent être rénovés.
On ne peut pas dire, non plus, que le thème de la mobilité ait été délaissé par les différents partis. A chaque élection, tous les partis affirment que la mobilité est une de leurs priorités. Ils sont tous partisans d’une ville verte, de transports communs rapides et fréquents, d’un financement important pour le RER… Mais la réalité est tout autre : les autorités actuelles se permettent de réaliser un grand piétonnier sans réel dialogue, le RER manque de financement pour voir le jour, la circulation dans Bruxelles devient chaotique et des travaux d’ampleur sont réalisés sans concertation, le dernier exemple étant la destruction du pont Meiser. Autant de situations plutôt regrettables pour la capitale de l’Europe ! La région bruxelloise se serait bien passée de cette nouvelle mauvaise publicité qui illustre un échec cuisant et une mauvaise gestion.
Il n’est pas normal que l’actuel ministre de la Mobilité, Pascal Smet, puisse s’exonérer de ses responsabilités en renvoyant aux manquements du passé. Rappelons-lui simplement qu’il a été en charge de la mobilité, des transports et des travaux publics entre 2003 et 2009. Il aurait donc pu déjà prendre le taureau par les cornes à ce moment-là. Au lieu de cela, lui et ses acolytes, partisans de la mobilité durable, ont préféré une politique d’attaque tous azimuts des automobilistes de la capitale. Comment ? En supprimant des milliers de places de parking, multipliant les contrôles radars à des endroits juteux et non dangereux, en multipliant les zones payantes… Bref, en pénalisant l’automobiliste au maximum sans lui proposer de réelles alternatives. Sans compter qu’on n’entretient même pas les voies d’accès alors que l’automobiliste rapporte énormément en taxes de toutes sortes. La mobilité est un enjeu économique important. Il est nécessaire pour les entreprises et les travailleurs de pouvoir se déplacer correctement. Certains politiques semblent l’oublier. Je rejoins Olivier Willocx, le patron de BECI lorsqu’il déclare : « C’est scandaleux qu’un gouvernement laisse des infrastructures dans un état pareil ».
On a manqué de leadership politique à Bruxelles. Lorsque le journaliste de Libération, Jean Quatremer, s’alarmait de l’état lamentable de Bruxelles en 2013 sur tous les plans – mobilité, urbanisme, intégration, insécurité, saleté, problèmes communautaires -, certains se sont empressés de démolir son article sans même se demander si un regard externe ne pouvait pas être révélateur de dysfonctionnement.
En réalité, au lieu de s’occuper des vrais problèmes des gens, on a dépensé des années et de l’énergie à faire « du communautaire » alors que ce n’est pas ce que le citoyen demande. Une excellente étude de la VUB, l’ULG et l’UCL sortie ce week-end montre que la majorité des parlementaires trouvent que les Régions et les Communautés sont trop autonomes et qu’une refédéralisation devrait s’envisager dans certaines matières afin de gagner en efficacité. Cette même étude montre qu’il y a un décalage entre les élus et la population, les parlementaires demandant souvent bien plus d’autonomie que ce qui est demandé par leurs électeurs.
La multiplication des parlements, des ministres, des niveaux de pouvoirs a considérablement ralenti la prise de décision et est finalement un frein à la bonne gestion. Il est temps que le politique se concentre sur leurs dossiers et prenne les décisions que les citoyens attendent au lieu de s’écharper sur la faisabilité d’une 7e réforme de l’Etat. Le « c’est pas moi c’est lui« , cela doit être fini.
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